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Par ZAZA-RAMBETTE le 18 Octobre 2009 à 08:15
Manœuvre délicate
Au printemps 1943, après la rentrée de l’Afrique française entière dans la guerre... avec " l’or de Dakar " ! aux côtés des Alliés, le gouvernement américain avait décrété le blocus des Antilles françaises afin de les contraindre à rallier le Comité français de libération d’Alger et, bien entendu, le gouvernement allemand —fort du précèdent de Dakar — avait obligé le gouvernement captif de VICHY à ordonner à l’amiral ROBERT — s’il se voyait contraint de céder au blocus — d’opérer « à temps » le sabordage des navires et « l’immersion de l’or » par grands fonds!
C’est alors que s’était déroulée une partie serrée de « double-jeu » - par télégrammes— entre l’amiral ROBERT et VICHY sous le « contrôle » impitoyable de l’occupant.
Dans ses « Mémoires », l’amiral a écrit « Faire attentivement la lecture de mes messages ne permet pas de douter —par la graduation même de leurs arguments — de la manœuvre politique par laquelle je m’étais proposé d’éluder les ordres de sabordage et d’immersion de l’or— évidemment dictés par l’occupant— sans que cette décision entraîne des représailles de ce dernier contre la métropole. Bien que cette manœuvre ait été éventée au dernier moment, son résultat n’en a pas moins été atteint... »
Ledit occupant ne manqua d’ailleurs pas d’en marquer son dépit... à WIESBADEN.
Après ces luttes politico-psychologiques, notre tâche n’était plus que « bassement matérielle ».
Trois cents soldats antillais amenèrent, par camions, les fameuses caissettes et caisses du fort Desaix jusqu’au quai du Carénage où les hommes en shorts kaki et calots bleu foncé à l’ancre d’or de l’infanterie de marine les passèrent aux marins à pompons rouges échelonnés depuis les hublots jusqu’aux soutes de 152 mm... ce qui, pour les vieux marins, rappelait les anciennes " corvées de charbon " en briquettes.
Faudra-t-il payer les Américains, cash?
Le Montcalm
Le « Montcalm » arborait alors la marque du contre-amiral JAUJARD ayant sous ses ordres la division composée de notre croiseur, du « Georges-Leygues » et de la « Gloire », qu’il commandait depuis les opérations de débarquement en France.
Avant notre départ de Toulon on l’avait informé que nous irions, peut-être, débarquer une partie de cet or à New York.
Au reçu du message nous prescrivant de faire route directe sur Cherbourg je demandai à M. PREAUD — autre représentant de la Banque de France chargé d’accompagner ce « magot » sur notre croiseur — si les Etats-Unis renonçaient à nous faire payer en or ou en dollars les produits dont nous avions un besoin urgent pour vivre et reconstruire.
— Hélas non ! me répondit-il. Le « lendlease » n’est plus en vigueur depuis la fin des hostilités et nous sommes pratiquement revenus au « Cash », sinon au « Carry ». de 1939-1941
Ces mots anglais nous étaient familiers, mais sachant qu’ils n’évoquent absolument rien — et c’est bien naturel — pour les nouvelles générations, je m’excuse, près des " anciens " d’expliquer, qu’en septembre 1939, lorsque s’ouvrirent les hostilités de la Deuxième Guerre mondiale en Europe, la loi de neutralité en vigueur aux Etats-Unis interdisait aux firmes américaines et à l’Etat de vendre du matériel de guerre à « tous belligérants »... ce qui était catastrophique pour la France et la Grande-Bretagne qui — vu leur retard de réarmement par rapport à l’Allemagne — avaient espéré recourir à ce que leur presse appelait, pour les besoins psychologiques, " l’arsenal des démocraties ".
A DEMAIN
BONNE LECTURE
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