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    Que feriez-vous à ma place?




     

    L'Amiral ROBERT

     

    L’amiral ROBERT, commandant en chef aux Antilles françaises était intervenu près de l’amiral PURVIS, commandant en chef anglais de l’Ouest Atlantique, et l’amirauté française avait prié l’amiral ODENDENL’AL, chef de la Mission navale française à Londres, de protester près de l’amirauté britannique.

     

    Commandant Jean-Louis BATTET


    Sur place le commandant BATTET était revenu à la charge près de l’amiral anglais BONHAM CARTER :

    — Mettez-vous à ma place, amiral lui avait-il dit. Si vous receviez, de votre amirauté, l’ordre d’appareiller et que l’autorité étrangère locale veuille vous empêcher de le faire... que feriez-vous ?

    Avec une grande émotion l’amiral anglais lui avait répondu :

    — Je ferais comme vous !

     

    Puis, après un instant de silence, il avait ajouté vivement :

    — Allez ! Partez vite.., avant que je reçoive confirmation formelle d’ordres qu’il me serait impossible d’éluder...

     

    C’est ainsi que, pris en filature, dès sa sortie d’Halifax. par le croiseur lourd « Devonshire » jusqu’à la hauteur des Bermudes, le « Bertin » avait rallié Fort-de-France, avec son " chargement précieux " le 24 juin 1940.

     

    Plus de 350 tonnes d’or!

     

    A notre arrivée à la Martinique M. DE KATOV, représentant de la Banque de France, nous avait expliqué que le gros de cette cargaison consistait initialement en environ 4.000 sacs et sacoches remplis de pièces et médailles d’or et était complété par 800 caisses de lingots de même métal, le tout représentant douze milliards de francs 1940.

     

    Ce trésor avait été stocké dans une casemate du fort Desaix, mais, sacs et sacoches étaient déjà usés et risquaient de se détériorer rapidement sous le climat tropical. Aussi avaient-ils été remplacés par des caisses en bois local cerclées de feuillards et manipulables à bras, c’est-à-dire pesant environ 35 kilos — comme les premières grenades anti-sous-marines.

     

    Il y en avait 9.766, ce qui, avec les caisses de lingots de 50 kilos, représentait un total de plus de 350 tonnes.

     

    Naturellement ce dépôt d’or, en ce lieu, avait été un des sujets des propagandes opposées des belligérants.

     

    Dès l’entrée en guerre des Etats-Unis, la presse américaine avait fait pression sur son gouvernement pour qu’il " en assure le contrôle " dans l’intérêt futur de fa France " et le gouvernement allemand " s’inquiétait ", vertueusement, de cette mainmise éventuelle.

     

    Pour calmer les soi-disant inquiétudes américaines, l’amiral ROBERT avait admis la présence, à la Martinique, d’un " observateur " américain qui — entre autres " contrôles " — pouvait vérifier, de « visu », lorsqu’il le désirerait, que l’or était toujours dans la casemate du fort Desaix.

     

    De son côté — comme il le faisait pour " l’or de Dakar " (2) — le gouvernement allemand ne cessait d’insister près du gouvernement français pour " qu’il ramène son or... en métropole " on devine pourquoi ! Ce que Vichy déclarait impossible vu la maîtrise maritime alliée...

     

    2) La Banque de France avait également fait transporter une cargaison d’or à Dakar en juin 1940.

    A DEMAIN


    BONNE LECTURE


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