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Le marché du diable (fin)
Le marché du diable (fin)
C'est alors que dans les fourrés, tout près de l'attelage, une voix se fit entendre :
- « Pourquoi n'as-tu pas demandé mon aide ? Moi, je serais venu tout de suite. »
- « Qui es-tu donc ? » interrogea le meunier.
- « Je suis le diable », dit la voix. « Mais n'aie aucune crainte. Je connais ta misère. Je sais que les paysans te font travailler et ne te payent pas. »
-« Comment sais-tu tout cela ? » continua le meunier.
- « J'erre souvent par ici, et j'ai appris ta situation auprès des gens du pays. Je peux t'aider. »
En même temps qu'il parlait, le diable apparut dans la pénombre.
C'était un grand et fort gaillard, habillé comme tout le monde.
Il ressemblait aux hommes du pays. Le meunier n'en crut pas ses yeux.
- « Je te propose un marché reprit le diable. Je peux t'aider, mais à une condition : le jour où tu mourras, tu viendras avec moi. »
Le meunier, fatigué de sa journée, ne prêta pas trop d'attention à ces paroles.
- « C'est d'accord » répondit-il.
- « Mais en attendant il te faudra travailler et faire tourner les ailes du moulin. »
Cet homme-là est costaud, pensait-il en le dévisageant.
Quelle carrure ! Pour faire tourner les ailes du moulin, il n'aura pas de problèmes...
Les narines de son nez sont aussi larges que les naseaux de mon cheval.
-« Marché conclu » dit le diable, qui sauta à l'avant de la charrette, s'installa à côté du meunier, prit les rênes en mains et fit sortir l'attelage sans aucune difficulté de sa fâcheuse position. Ensemble ils rejoignirent le moulin.
La meunière marqua sa surprise en voyant rentrer son mari et son accompagnateur.
- « J'amène un commis pour m'aider dit le meunier. »
- « Désormais » ajouta-t-il à l'adresse de sa femme, « tu pourras t'occuper uniquement de ta maison. Nous deux, nous ferons la mouture et la livraison des pochées. »
La meunière acquiesça avec le sourire.
Depuis le temps qu'elle souhaitait être débarrassée des travaux du moulin.
Elle en avait assez de travailler. Mais le meunier se garda bien de dire que ce commis était en réalité le diable.
Avec un tel renfort les affaires ne tardèrent pas à mieux aller.
Pendant que le meunier s'occupait de la mouture,
le commis s'en allait de village en village livrer les pochées et ramenait le seigle ou le sarrasin à moudre.
Il n'oubliait jamais de réclamer ce qui était dû au meunier, si bien que ce dernier n'eut bientôt plus de problème d'argent.
La clientèle devenait fidèle et venait souvent d'elle-même au moulin.
Mais plus le temps s'avançait, plus le meunier se sentait vieillir et redoutait de voir arriver l'échéance fatale : l'idée de partir avec le diable en enfer le rendait taciturne.
Son épouse s'en rendit bien compte. Elle questionna son homme à ce sujet, mais il ne livra pas son secret aussitôt.
Il fallut beaucoup de temps et de patience à la femme pour connaître enfin le marché qu'il avait passé avec le diable.
- « Ah ! si c'est ça qui te chagrine, je vais m'occuper de l'affaire » lui dit la meunière lorsqu'elle en fut informée.
L'été suivant lui en donna l'occasion.
Un après-midi où le diable faisait la mérienne à l'ombre d'un chêne,
la meunière vint lui demander de faire tourner les ailes du moulin.
- « Il fait très lourd aujourd'hui. Il n'y a pas de vent. On ne peut pas moudre » dit le commis.
- « Eh bien ! Débrouille-toi ! » répliqua cette dernière.
- « Il y a des gens qui viennent d'arriver avec un sac de blé noir. Il faut le moudre. »
- « Dépêche-toi de faire tourner les ailes.... Avec le souffle de ton nez, grand fainéant ! »
Le diable s'exécuta de mauvaise grâce. Il souffla, mais avec si peu de conviction que les ailes n'eurent pas le moindre frémissement.
- « Plus fort ! » lui cria la meunière.
Cette fois-ci, le diable, vexé, prit une respiration profonde et avec ses narines souffla si fort que les ailes du moulin furent emportées et se fracassèrent sur le sol.
Le diable se rendit compte immédiatement de la grosse erreur qu'il venait de commettre. Mais il était trop tard.
Sans demander son reste il s'enfuit, alors que la meunière, son "toudou" à la main, se lançait à sa poursuite :
- « Que je ne t'attrape pas, sinon tu vas prendre la volée. »
Le diable avait déjà disparu au détour du chemin qu'elle vociférait encore.
Le diable ne revint jamais au moulin. Il avait compris qu'il avait lui-même rompu le marché passé avec le meunier en détruisant son instrument de travail....
Mais les ailes du moulin furent vite réparées et le meunier put continuer à travailler jusqu'à la fin de ses jours avec l'aide d'un nouveau commis.
Tags : meunier, diable, », moulin, ailes
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Commentaires
Le gros "gégé" en diable !!! Tu as fort bien trouvé l'homme de la situation... Il n'est plus un acteur, mais un diable qui se moque des gens qui défendent leurs droits en descendant dans la rue.... l'ami de Sarko !!! ; celui qui fait déloger par la police des personnes de son immeuble parisien VIDE !!! Autant je l'aimais du temps de ses meilleurs films, autant maintenant, il m'est indifférent...
Ton histoire est bien belle et les images.... j'adore !quelle histoire !!
je rigole que tu aies choisi G. DeparDIEU pour représenter le Diable !!!
Et qui c'est les plus malignes?!!! Ton diable a les traits de Gérard Depardieu! Ça lui va bien le rôle de tentateur je trouve!! J'aime beacoup cet acteur!
Gros bisous Zaza!
Ah... j'avais donc raison !
Le diable est passé par là !
Heureusement que la meunière a eu une bonne idée !
Finalement, les femmes sont toujours les plus habiles avec le diable.
Bisous et bonne journée, Zaza.
Le meunier doit beaucoup à sa femme. J'ai beaucoup aimé ce conte et franchement, je pensais que ça finirait mal. Sympa, Depardieu dans le rôle du diable, ça ferait un bon film, pourquoi ne pas lui soumettre cette idée ??? Bises, ma Zaza, continue à nous raconter de belles histoires.
Petit coucou rapide avant de prendre la route pour la journée
Passes une belle journée Zaza
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Belle histoire qui se termine bien. Sympas ! Le diable a un petit air de Depardieeu, non ?