• Le Corps-Sans-Âme (suite)

    Un nouveau conte de Basse Bretagne

    Kement-ma holl oa d’ann amer


    Ma staote war ho c’hlud ar ier.


     

    Tout ceci se passait du temps


    Où, sur leur perchoir, pissaient les poules.

     

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    Après avoir marché quelques temps, il s’engagea dans une immense plaine, stérile et toute nue, et où il se vit soudain entouré d’une multitude infinie de fourmis, grosses comme des lièvres, et qui paraissaient être fort affamées. Il était bien embarrassé et ne savait que faire.


    Deux fourmis, plus grosses que les autres, marchèrent droit à lui ; il crut que c’était pour l’attaquer et le dévorer.


    — « Hélas ! » Pensait-il, « c’en est fait de moi ! »


    Puis, songeant à sa serviette :
    — « Tiens ! Mais peut-être ma serviette me tirera-t-elle de danger ? »


    Et il se hâta de tirer sa serviette de sa poche, la déploya, l’étendit à terre et dit :
    — « Serviette, fais ton devoir ! Je veux régaler toutes ces bêtes du bon Dieu, qui m’ont l’air de n’avoir pas fait de bon repas, depuis longtemps. »


    Et aussitôt la serviette se trouva couverte d’un gros tas de blé, la nourriture qui convenait le mieux à des fourmis, et il leur dit :

    — « Régalez-vous, chères bêtes du bon Dieu ! »


    Les fourmis ne se firent pas prier. Elles se jetèrent sur le tas de blé, et tout disparut, en un clin d’œil.


    Quand elles furent rassasiées, les deux grandes dont nous avons déjà parlé dirent, en s’adressant au prince :
    — « Merci à toi, fils du roi de France ! Nous sommes le roi et la reine des fourmis, et si jamais tu as besoin de nous ou des nôtres, tu n’auras qu’à nous appeler, et nous arriverons aussitôt ! »
    — « Merci bien, bonnes bêtes du bon Dieu », répondit le prince.


    Et il ramassa sa serviette, la remit dans sa poche, et continua sa route.


    Vers le soir du même jour, il arriva à la hutte du second ermite, dont lui avait parlé le premier.

     

    Il était en prière, comme l’autre. Le prince lui conta son histoire, et lui demanda s’il savait où se trouvait le château du Corps-sans-âme.


    — « Le château du Corps-sans-âme ? » Répéta le vieillard, en rappelant ses souvenirs.
    « Oui…, oui, je le connais… Mais, il n’est pas facile d’aller jusque-là, mon fils ! Ce château-là est retenu par quatre chaînes d’or, entre le ciel et la terre. Vous verrez les chaînes, mais non le château, car il est trop haut pour cela. »
    — « Comment y aller, alors ? » demanda le prince.
    — « Hélas ! Je ne saurais vous le dire, mon fils, car l’aigle même n’atteint pas à cette hauteur. Mais, Dieu, dans sa bonté, m’a établi maître sur tous les animaux qui possèdent des ailes, et si, quelque jour, vous avez besoin de moi ou de quelqu’un des miens, vous n’aurez qu’à m’appeler et j’arriverai aussitôt.

     

    J’ai une autre recommandation à vous faire : lorsque vous m’aurez quitté, vous ne tarderez pas à vous trouver au bord de la mer, et là, vous verrez, sur la grève, un petit poisson laissé à sec par la marée en se retirant, et qui sera près de mourir. Prenez ce petit poisson avec la main et remettez-le, vite, dans l’eau, car, plus tard, vous pourriez avoir besoin de lui. »


    Le lendemain matin, de bonne heure, le prince prit congé de l’ermite et se remit en route, se dirigeant toujours vers l’Orient.


    Il arriva bientôt au bord de la mer.


    Comme il marchait sur le sable du rivage, il aperçut le petit poisson dont lui avait parlé l’ermite, resté à sec, la bouche ouverte, et paraissant près de mourir.

     

    Il s’empressa de le prendre avec la main et de le remettre dans l’eau.

     

    Le petit poisson plongea, disparut un instant, puis, élevant la tête au-dessus de l’eau, il parla de la sorte :
    — « Je te remercie, fils du roi de France, de m’avoir sauvé la vie ! Je suis le roi de tous les poissons de la mer, et si jamais tu as besoin de moi ou des miens, tu n’auras qu’à venir au bord de la mer, en quelque endroit que ce soit, et à m’appeler, et j’arriverai aussitôt. »
    — « A merveille ! »


    Les animaux du bon Dieu me sont toujours favorables, se dit le prince, et avec leur aide on peut aller loin.


    En marchant le long du rivage, il aperçut, au bout de quelque temps, les chaînes qui retenaient le château du Corps-sans-âme.


    Elles étaient scellées dans deux énormes rochers. Il s’arrêta à les considérer, et il se disait :
    — « Comment monter jusqu’au château ?… Si j’avais eu des ailes, peut-être…

     

    Et pourtant, le vieil ermite m’a dit que l’aigle même ne pouvait l'atteindre si haut !…

     

    Comment faire ?

     

    Qui viendra à mon secours ?…

     

    Peut-être bien qu’une fourmi, en montant de maille en maille, le long de la chaîne, pourrait-elle arriver jusqu’au château ?

     

    Le roi des fourmis m’a promis de me venir en aide, en cas de besoin ; il faut que je l’appelle, pour voir :


    Roi des fourmis, ton secours je réclame,


    Pour monter au château du Corps-sans-âme !


    Et le roi des fourmis arriva aussitôt et demanda :
    — « Qu’y a-t-il pour votre service, fils du roi de France ? »
    — « Je voudrais bien, si c’est possible, être changé en fourmi, afin de pouvoir grimper le long de cette chaîne jusqu’au château du Corps-sans-âme. »
    — « Qu’il soit fait selon votre désir », répondit le roi des fourmis.


    Et voilà le prince changé instantanément en fourmi.


    Sans perdre de temps, il se mit à grimper le long d’une des chaînes d’or, de maille en maille, tant et si bien, qu’il finit par arriver au château du Corps-sans-âme.


    Quel beau château était-ce !

     

    Il fut émerveillé, quand il le vit.

     

    Il grimpa encore contre les murs du château, et pénétra par une fenêtre dans la chambre de la princesse.

     

    Celle-ci jouait aux cartes avec le géant. Il grimpa contre la robe de la princesse et se cacha dans sa manche.

     

    C’était la nuit, après souper.

     

    Vers minuit, le géant se retira dans sa chambre, pour se coucher, et la princesse resta seule.
    — « Je désire redevenir homme », pensa alors la fourmi. Et le prince fut aussitôt rendu à sa première forme.
    « Ô mon Dieu ! Cher prince », s’écria la princesse, en le reconnaissant.

    Comment avez-vous pu venir jusqu’ici ? Hélas ! Vous êtes perdu, mon pauvre ami, car personne ne sort d’ici en vie ! »


    Le prince lui raconta par quels moyens il avait pu arriver jusqu’à elle, et la pressa de partir avec lui, sans perdre de temps.


    — « Et le géant, vous n’y songez donc pas ? »
    — « Je le tuerai, le géant ! »
    — « Hélas ! Mon pauvre ami, cela ne se peut pas. C’est un corps sans âme, et sa vie ne réside pas dans son corps ! »
    — « Et où diable est-elle donc ? »
    — « Je n’en sais rien, mais, je ferai en sorte que vous l’appreniez de lui-même, demain. »
    — « Comment cela ? »
    — « Tous les soirs, après souper, il vient jouer aux cartes avec moi, dans ma chambre. Vous vous cacherez encore, sous la forme d’une fourmi, dans ma manche, et, comme il ne se doutera de rien, je l’amènerai adroitement à dire comment on pourrait lui ôter la vie. »


    Ils passèrent la nuit ensemble, et ne dormirent pas beaucoup, tant ils avaient de choses à se dire, depuis leur séparation.


    Quand le jour parut, le prince redevint fourmi et resta, toute la journée, sous cette forme, caché dans la manche de la princesse.


    Après souper, le géant reconduisit la princesse à sa chambre, selon son habitude, et fit une partie de cartes avec elle.


    Tout à coup, la princesse lui dit :
    — « Si vous saviez le singulier rêve que j’ai fait, la nuit dernière ? »
    — « Qu’avez-vous donc rêvé ? Dites-moi, je vous prie. »
    — « Oh ! C’est un bien sot rêve. Voyez plutôt : J’ai rêvé qu’un jeune prince, fils du roi de France, était arrivé dans votre château, et qu’il voulait vous tuer, afin de m’enlever et de m’emmener à la cour de son père, pour m’épouser. N’est-ce pas que c’est un sot rêve ? »
    — « Ah ! Oui, bien sot, en effet, car rien de ce qui s’y trouve ne peut arriver. Aucun homme ne peut monter de la terre jusqu’ici. Et puis, quand bien même cela pourrait arriver, moi, je ne puis pas être tué comme les autres hommes.
    — « Pourquoi donc cela ? »
    — « Pourquoi ? C’est que je suis un Corps-sans-âme, et que ma vie ne réside pas dans mon corps. »
    — « Vraiment ? Où donc est-elle ? »

     

    A DEMAIN POUR LA FIN

     

     

    « Mon fief au couleur d'agent...!!!!Blagounettes du mercredi...!!!!! »

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  • Commentaires

    18
    Mercredi 6 Octobre 2010 à 00:25
    siratus

    Serait-ce une autre version du conte quand les poules avaient des dents ?  ;)

    Gros bisous, Zaza et ta Maman.

    17
    Mardi 5 Octobre 2010 à 23:21
    p'tite fée nougat

    ah mais où réside t'elle sa vie? dans les airs u dans la mer, de toute façon il faudra bien qu'il utilise les 2 aides qui lui reste!!!

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    16
    Mardi 5 Octobre 2010 à 21:16
    mel-and-tof

    Bonsoir ma Zaza chérie

    C'est un conte prenant et on est pris au jeu !!!

    Attendons donc demain

    Je te souhaite ma douce une excellente soirée

    Gros bisous  Méline

    15
    Mardi 5 Octobre 2010 à 20:33
    francine

    bonsoir, alors là, tu nous tiens en haleine!!! je te souhaite une bonne soirée gros bisous

    14
    Mardi 5 Octobre 2010 à 20:27
    SONYA 972

    il s'en tire très bien le prince

    des petites bêtes pour l'aider

    je me demande quel le ce si grand secret

    à demain ma Zaza

    13
    Mardi 5 Octobre 2010 à 17:53
    Mounette

    Alors à demain

    Bises

    Mounette

    12
    Mardi 5 Octobre 2010 à 17:52
    catcent

    Ahhhhhhhhhhhhh la ZAZA  huhu Donc à demain pour cette suite.

    Bisou à vous deux sur votre ile bye

    11
    Mardi 5 Octobre 2010 à 17:33
    Anne Bilou

    bonjour zaza

    qui ne rêverait pas d'être une serviette tout en qualité

    quand à la fourmi qu'elle leçon elle fournit

    tout gros bisous passe une bonne fin de journée

    10
    Mardi 5 Octobre 2010 à 16:53
    loulou le filou

    Vivement demain !

    9
    Mardi 5 Octobre 2010 à 16:40
    Nettoue

    Par ta bouche la Bretagne prends des dimensions extraordinaires. Tu connais les lieux,  les contes, merci de partager ce bel ensemble !

    Bises mon amieeeee

    8
    Mardi 5 Octobre 2010 à 12:17
    fanfan

    Un bienfait n'est jamais perdu :dit le proverbe!

    J'espère que le Prince pourra vaincre l'ogre! Bisous

    7
    Mardi 5 Octobre 2010 à 12:12
    peintrefiguratif (ra

    je sais pas s'il a bien fait d'être devenu une fourmis il peut être écrasé comme un rien  bon je verrais demain bisous

    6
    Mardi 5 Octobre 2010 à 11:24
    Primavera

    Bonjour ZAZA,

    Merci d'avoir apprécé mon article, un peu en retard ces jours-ci, sans trop savoir pourquoi, aussi je reviendrai te lire.

    Très belle journée à toi

    Gros bisous

    5
    Mardi 5 Octobre 2010 à 10:47
    micha

    un bon mardi à toi!

    4
    FLB
    Mardi 5 Octobre 2010 à 09:42
    FLB

    Arghhhhhh, ce n'est pas sympa de nous laisser en plein suspens comme ça !!!

    Pffffffffffffffffff...

    Après la serviette magique, voici revenir les animaux à la rescousse du héros, grace à sa bonté.... ne me dit pas que les conteurs Bretons manquaient à ce point d'imagination ? Et chez nous, la bête à bon Dieu n'est pas la fourmi, mais la coccinelle...

    Bises et bonne journée !

    3
    Mardi 5 Octobre 2010 à 08:40
    moqueplet

    c'est quand même bien d'avoir un plus petit que soi, ça rend service.....passe un  agréable mardi et  à demain

    2
    Mardi 5 Octobre 2010 à 08:29
    dany  sailly

    kikou me revoilou,juste à temps pour ce conte ,vivement demain hihihihihi  bonne journée ma douce belle

    1
    Mardi 5 Octobre 2010 à 07:46
    Madame x

    warff warff warff!!!!!!!!!!!je pensais voir la chute aujourd'hui...grrrrrrrrrr...hé...Zaza,les fourmis bête à bon Dieu...beurk!!!!

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