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La Princesse Troïol (fin)
Un nouveau conte de basse Bretagne
Troïol : Ce mot doit être une altération de Tro-heol, et signifie littéralement Tourne-sol.
Rèd ê ma ouefac’h
Penaoz eur veach.
Il y a de cela bien longtemps,
Quand les poules avaient des dents
Ô douleur !
Cette fois elle était toute noire. Noir était aussi le troisième mouchoir qu’elle avait laissé à son domestique, pour lui être remis.
— « Hélas ! Je m’étais encore endormi ! » s’écria-t-il, avec douleur.
— « Oui, malheureusement, mon pauvre maître. La princesse, avant de disparaître, m’a laissé, pour vous le remettre, ce troisième mouchoir, et elle m’a recommandé de vous faire ses adieux, car vous ne la reverrez plus. »
Grande fut la douleur de Fanch, en apprenant cela. Il pleurait et s’arrachait les cheveux, et criait :
— « Si ! Si ! Je la reverrai encore, car je ne cesserai de la chercher partout, et de marcher, nuit et jour, jusqu’à ce que je l’aie retrouvée ! »
Et il se mit sur-le-champ en route, n’emportant, pour toute provision, qu’une miche de pain.
Vers le soir, il s’assit sur le gazon, au bord de route, pour se reposer et manger un morceau.
Une petite vieille vint à passer, en ce moment, qui lui dit :
— « Bon appétit, mon fils. »
— « Merci, grand’mère. Si vous voulez faire comme moi, je partagerai avec vous volontiers. »
— « Mille bénédictions, mon fils ! Voici dix-huit cents ans que je suis par ici, et jamais personne ne m’avait encore offert du pain. »Et elle s’empressa d’accepter sa part du frugal repas de Fanch, puis elle lui dit :
— « Pour vous remercier, mon fils, voici une serviette que je vous donne et qui pourra vous être utile. Quand vous éprouverez le besoin de manger ou de boire, étendez-la par terre, ou sur une table, suivant le lieu où vous vous trouverez, et aussitôt tout ce que vous souhaiterez vous sera servi dessus. Voici encore une baguette blanche, pour voyager, et, à chaque coup que vous en frapperez sur la terre, vous ferez cent lieues. »
(Le conte m'a été livré tel quel)
— « Ah ! bien oui, tu vas, peut-être, manger un cousin à toi, qui est venu me voir, et qui a apporté un bœuf rôti pour chacun de vous ; ne les vois-tu pas là ? »
Alors, la vieille fit sortir Fanch du coffre, et son cousin et lui se trouvèrent, vite, bons amis.
Bientôt on entendit encore un grand bruit, dans la cheminée, et : Hou ! Hou ! Hou ! Hou !Et le second fils de la vieille, ou le second vent, (car c’était la mère des vents - Les Géants ou les Démons), descendit, et voyant Fanch :
— « Un chrétien ! s’écria-t-il, je veux le manger, à l’instant ! »
— « Je voudrais bien voir ! » Lui dit la vieille. « Un cousin à vous, qui est venu me voir, et qui a apporté un bœuf rôti pour chacun de vous ! Asseyez-vous là, près du feu, et soyez sage, ou gare à mon bâton ! »
Et il s’assit sur un escabeau, près du feu, en face de son frère, et ne dit plus mot.
Un moment après, on entendit encore un vacarme épouvantable. Les arbres craquaient et volaient en éclats, autour de la hutte : c’était effrayant !
— « Voici mon fils aîné qui vient ! » dit la vieille.
Et il descendit par la cheminée et balaya tout le feu du foyer jusqu’au bas de la maison. Il criait :
— « J’ai grand’faim ! Ma pauvre mère ; j’ai grand’ faim ! »
— « C’est bien ; taisez-vous, le souper est prêt. »
Mais, quand il aperçut Fanch :
— « Un chrétien ! » s’écria-t-il.
Et il allait se précipiter sur lui, et l’avaler. Mais, la vieille prit un jeune ormeau qu’elle avait arraché, dans son jardin, et se mit à le battre, à tour de bras :
— « Ah ! tu veux manger ton cousin, le fils de ma sœur, un enfant charmant, qui est venu me voir, et qui a apporté un bœuf et une barrique de vin pour chacun de vous ! Et tu crois que je le souffrirai ? »
Et elle frappait, elle frappait sans pitié ; et le grand vent criait :
— « Doucement, ma pauvre mère. Ne frappez pas si fort ; je ne ferai pas de mal à notre cousin, puisqu’il a apporté un bœuf et une barrique de vin pour chacun de nous ! »
Alors la vieille cessa de frapper, et ils se mirent tous à table ; mais ils étaient si gloutons, le grand vent surtout, que Fanch fut obligé d’avoir recours à sa serviette, par trois fois.
Enfin, quand ils furent rassasiés, ce qui dura longtemps, ils allèrent s’asseoir et causer, près du feu, comme de vieux amis.
— « Où vas-tu aussi, cousin ? » demanda le petit vent à Fanch.
— « Chercher la princesse Troïol ; sais-tu où elle demeure ? »
— « Non vraiment ; je n’en ai même jamais entendu parler. »
— « Et toi, cousin ? » demanda-t-il au second vent.
— « Moi, j’ai entendu parler d’elle ; mais, je ne sais pas où elle demeure. »
— « Et toi, grand cousin ? » demanda-t-il au grand vent.
— « Moi, je sais où elle demeure. Je reviens précisément de là, et je dois y retourner, demain.
— « Veux-tu m’emmener avec toi ? »
— « Je le veux bien, si tu peux me suivre ; mais, allons nous coucher, à présent, car demain nous aurons encore beaucoup de chemin à faire. »
Le lendemain matin, chacun des vents partit de son côté.
— « Suis-moi, si tu le peux », dit le grand vent à Fanch.
Et le voilà parti. Frrrrr ! Hou Hou, Hou, Hou ! viiiii !!Et Fanch après ! Et de frapper la terre avec sa baguette blanche, qui lui faisait foire cent lieues, à chaque coup.
Quand le grand vent tourna la tête, pour voir où il était resté, il fut bien étonné de le voir sur ses talons. Ils arrivèrent au bord de la mer.
— « Je ne peux pas aller plus loin, à moins que tu ne me prennes sur ton dos », dit alors Fanch au grand vent.
— « Je te prendrai bien sur mon dos, si tu me donnes à manger, quand je demanderai. »
— « C’est entendu, autant que tu voudras. »
Et Fanch monta sur le dos du grand vent, et les voilà partis !
A chaque instant, le grand vent demandait à manger. Fanch avait sa serviette, et lui donnait tout ce qu’il demandait.
Ils allaient, ils allaient ! Frrrrr ! Viiii ! Hou, Hou !
Ils aperçurent enfin le château de la princesse Troïol.
Le grand vent déposa Fanch au milieu de la cour. Fanch attacha les trois mouchoirs de la princesse, le blanc, le gris et le noir, au bout de son bâton, puis le planta en terre, au milieu de la cour.
Un moment après, la princesse passa, au bras du maître du château, se rendant à l’église, pour leur mariage.
Elle vit Fanch, reconnut ses trois mouchoirs, et dit aussitôt à sa femme de chambre :
— « Allez demander à cet homme combien il veut me vendre un de ses mouchoirs. »
La femme de chambre se rendit aussitôt auprès de Fanch.
— « Combien voulez-vous me vendre un de vos mouchoirs, pour ma maîtresse ? »
— « Dites à votre maîtresse qu’elle n’est pas assez riche pour acheter un de ces mouchoirs. »
La femme de chambre retourna vers sa maîtresse.
— « Eh bien ! Que vous a-t-il répondu ? »
— « Il m’a répondu que vous n’êtes pas assez riche pour acheter un de ses mouchoirs. »
La princesse, à cette réponse, fit semblant de se trouver indisposée, et l’on remit la cérémonie au lendemain.
Le lendemain matin, elle envoya encore sa femme de chambre demander à Fanch combien lui coûteraient deux de ses mouchoirs.
— « Dites à votre maîtresse », lui répondit encore Fanch, « qu’elle n’est pas assez riche pour acheter ni un ni deux de mes mouchoirs. »
La femme revint rapporter la réponse à sa maîtresse.
— « Eh bien ! Retournez, et dites-lui de venir me parler. »
Elle retourna vers Fanch, et lui dit :
— « Ma maîtresse vous prie de venir lui parler. »
— « Dites à votre maîtresse de venir me trouver elle-même, si elle veut me parler. »
La princesse se rendit alors auprès de Fanch.
— « Venez avec moi un instant, dans ma chambre », lui dit-elle.
Et Fanch la suivit dans sa chambre, et ils se jetèrent dans les bras l’un de l’autre, en pleurant de joie.
La princesse dépêcha ensuite sa femme de chambre vers le maître du château, pour lui dire qu’elle était toujours indisposée et qu’elle le priait d’attendre jusqu’au lendemain, pour aller à l’église.Elle ajoutait qu’on pouvait néanmoins faire le repas de noces, le jour même, puisque tous les invités étaient arrivés.
Ainsi fit-on. Le repas fut magnifique.Vers la fin, tout le monde était gai et joyeux, et chacun contait quelque petite histoire plaisante.
On pria la jeune fiancée de conter aussi quelque chose. Elle se leva, alors, et parla ainsi :
— « J’avais un petit coffret, avec une jolie petite clef d’or. (typique des contes de princesses aux cheveux d’or) Je perdis la clef, et j’en fis faire une autre. Mais, quelque temps après, je retrouvai mon ancienne clef. Me voici embarrassée, et je vous demande de laquelle des deux clefs je dois me servir, à présent, de l’ancienne ou de la nouvelle ? »
— « Je pense qu’il faut préférer l’ancienne », répondit le maître du château.
— « C’est aussi mon avis », reprit la princesse. « Je vais vous faire voir l’ancienne clef dont je parle. »
Et elle se leva de table, entra dans un cabinet à côté et revint aussitôt, en tenant par la main Fanch, habillé en prince ; et, s’adressant au seigneur et à tous les convives :
— « Voici ! Je l’avais choisi d’abord, et c’est lui qui sera mon époux, et non un autre ! »
Et l’on célébra les noces, le lendemain, et il y eut des festins magnifiques, comme je n’en ai vu jamais, si ce n’est en rêve, et ils restèrent dans ce beau château, car le maître disparut aussitôt et personne ne sut jamais ce qu’il était devenu.
Conté par Jacques Sesson, sabotier de la forêt de Beffou,
commune de Loguivi-Plougras (Côtes-du-Nord), décembre 1869.
Tags : —, », fanch, vent, grand
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Commentaires
C'est charmant ces contes de princesses qui se terminent dans les bras du beau jeune homme !!! J'aime
Bisous Zaza
Mounette
Jamais je ne me lasserai de lire les contes , je resterai une grande enfant merci de me faire rêver ma doucinette
une histoire qui finit bien! merci pour ce beau conte même si il me semble manquer un morceau au milieu
c'est un peu bizarre doit manquer une partie mais pas grave j'ai la fin
bonne soirée bisous
Je suis venue tôt ce matin, mais impossible de laisser un com, j'avais remarqué qu'il manquait un bout, mais il semblerait que tu aies corrigé ça! Merci pour ce très beau conte, je te souhaite une très belle soirée.
Grossss bisousssss
Le plaisir des contes de votre Bretagne, ça fini toujours biens.Des anicroches de publications, ça arrive de temps en temps.
Bisou ZAZA bonne soirée
Il doit y avoir encore un petit bug au milieu du conte !
Loguivy-Plougras était le fief de mes aieux qui furent eux aussi sabotiers dans la forêt de BEFFOU.
bISOUS
Les amours très compliqués finissent toujours bien en Bretagne ! Mes amoureux célèbres à moi devraient prendre des leçons ! Reste que les fils de la vieille dame sont des opportunistes vraiment !
Bises ma douce
et bien voilà tout est bien qui finit bien......hier j'ai pensé que tu voulais nous faire languir jusqu'à aujourd'hui.....passe un bel après midi
ça va, pas besoin de sortir le mouchoir, ça fini bien !ça me rapelle quelque chose cette histoire de clé, dans un autre cone surement.. gros bisous ma Zaza. cathy
Ah ça va quend même un peu mieux !
Et il n'est pas difficile de deviner le passage manquant, je pense que Fanch a du accompagner la vieille chez elle, et qu'il a du se cacher dans un coffre dès l'arrivée du 1er fils !
Et ce n'est pas, je pense, "Fanch qui répond en plaisantant", mais la vieille..
Qu'en penses tu ?
Bonjour ZAZA,
Je viens de te lire en diagonale faute de temps... que le temps passe vite ! Je crois avoir déjà rencontré ce conte dans un de mes livres!
TRès belle journée à toi
Bisous
Prima
Une fin heureuse, comme j'aime! Mais n'as-tu oublié une petite partie, entre le moment où la mémé lui donne les trucs et le moment où il plaisante?...
Bisous ma belle!
J'ai un peu de mal à suivre cette fin....
Ne manque t-il pas un paragraphe ?
Bon, en tous cas, ça se finit bien !
Bises
je pense qu'il manque un paragraphe, justa avant le coffre...j'ai rien compris!!!!!!!!à la fin....! explique...bonne jurnée Zaza.
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bonsoir zaza
ah la princesse n'est point rancunière
tout fini qui finit bien
tout gros bisous passe une bonne soirée