• La Mouette (5)

     

    V. - BATZ 

     

     

    456_001.jpg



    C’est une petite maison blanche, entourée d’un mur bas, que nous atteignons bientôt.

     

    Maison typique de l'Ile de Batz .

    Elle ressemble à celle qui appartenait à cette brave famille de pêcheurs de Pors Melloc

    et qui avait receuilli les deux hommes du Saint Yves.

    Pors Melloc se trouve au nord de l'île.

    9708635.jpg

     

    Nous frappons à la porte avec une inquiétude mêlée d’une certaine curiosité.

     

    Quelqu’un entr’ouvre prudemment la fenêtre du premier et demande qui est là.

     

    Nous expliquons notre situation à un brave homme en bonnet de nuit qui s’empresse de descendre pour nous ouvrir la porte, suivi de toute sa famille.


    Ils nous recueillent, nous offrent des vêtements secs, de rudes bleus de paysan et des sabots … buvons du café chaud autour d’un grand feu qu’ils ont allumé dans leur cuisine.

     

    Ce faisant, nous leur racontons notre naufrage sans leur dire le but de notre expédition, et apprenons que nous sommes sur l’île de BATZ.


    Le seul feu allumé dans la région est celui de ROSCOFF, à trois milles en arrière.

     

    index.jpg

     

    Voilà pourquoi, voguant vers ce dernier, nous avons rencontré l’île dont le phare, celui que nous avions aperçu la veille était éteint.

     

    ile-batz-plus-belle-image-phare_431111.jpg


    Curieux, ce besoin d’explication.


    Celle-ci apaise mon esprit surexcité par l’imprévu de notre naufrage. Je suis content de savoir qu’il n’est pas dû à ma faute …

     

    De même s’éclaire l’impossible marche de la veille au soir pour nous approcher du phare, car notre hôte nous apprend qu’il y a eu un très fort courant de marée venant de la côte.


    Il est trois heures du matin et nous songeons à notre « SAINT YVES », à sa dernière vision…


    Notre seul moyen de passer en Angleterre est détruit… Mais l’est-il bien vraiment ?


    La mer monte et il flotte peut-être encore.

     

    Nous confions cette idée à notre hôte qui hèle son voisin, pêcheur, partant pour son travail.

     

    Celui-ci propose d’explorer les environs avec son bateau et nous remmène en mer à la recherche du « SAINT YVES ».


    L’écueil sur le quel nous avons coulé est recouvert par la mer. Pas de trace de barque à l’horizon. Enfin nous reconnaissons le bout du mât qui dépasse. Nous l’accrochons avec un grappin, mais il résiste.

     

    L’épave flotte entre deux eaux, retenue par l’ancre dont l’orin trop court l’a sans doute fait chavirer, si sa coque a résisté aux rochers.


    monet-claude-1840-1926-france-voilier-echoue-sur-l-copie-1.jpg

    Claude Monnet - Voilier échoué sur la Grève

     

    Il est peut-être encore possible de le renflouer. D’après notre pilote, cela serait faisable par mer calme.

     

    Nous rentrons dans la petite crique sur cet espoir et regagnons notre ferme.


    La nouvelle s’est répandue dans le bourg et bientôt on nous avertit que le Maire du pays nous a convoqué pour vérifier notre identité.


    Rue de la mairie

    rue-de-la-mairie.jpg

     

    C’est un vieil abruti qui passe au crible toutes nos explications et n’en veut rien croire. Encore un qui serait disposé à nous prendre pour des parachutistes Allemands !…


    Enfin, il « pinaille » sur les papiers du bord évidemment incomplets.

     

    J’ai eu tort de ne pas lui dire que j’avais perdu mon portefeuille et mes papiers, seuls biens que j’avais sauvés du désastre.


    Il finit par nous relâcher après avoir conservé une carte d’identité de chacun de nous, et nous avoir défendu de quitter l’île.

     

    Nous sortons vers 8 heures et comme c’est dimanche nous allons à la messe, curieusement attifés dans nos vêtements de paysans.

     

    eglise-batz.jpg

    En sortant, nous nous rendons immédiatement sur le port consulter les gens que l’on nous dit capables de s’occuper du renflouement du navire.

     

    543_001.jpg

     

    Mais il n’y a rien à obtenir d’eux.

     

    La mer est trop forte, disent-ils, et leur remorqueur est en réparation.

     

    tempete-de-suroit-du-02-au-04-janvier-1998-sur-la-cote-ou.jpg


    Je ne peux me faire à l’idée que notre « SAINT YVES » est perdu et je m’épuise en démarches et en attentes qui durent toute la matinée.

     

    Entre temps, nous allons prendre une chambre à l’hôtel de la Plage.

     

    HOTEL-DE-LA-PLAGE.jpg


    En revenant prendre congé de notre brave fermier et reprendre nos vêtements, nous assistons à la fin de la tragédie. Le temps gris, s’est de nouveau remis à la tempête et une mer déchaînée par le vent se brise sur les rochers.


    Le « SAINT YVES » ne supportera pas cette marée là.

     

    Il ne faut plus y songer.

     

    Je ne peux retenir mes larmes. Je n’avais jamais imaginé ma profondeur de l’amour qui vous attache à votre bateau, celui qui vous a porté au milieu de la tempête, comme un être humain.

     

    Ma fatigue et mon énervement sont extrêmes. Roger, toujours semblable à l’archange Raphaël me prend en tutelle et m’entraîne à l’hôtel où nous nous couchons.

     

    Archange_Raphael.jpg

    Il est deux heures de l’après-midi.


    Nous avons dormi comme jamais je n’ai encore dormi, vingt-quatre heures durant, ne nous levant qu’à l’heure des repas, d’un sommeil merveilleux et réparateur.

     

    Au milieu de l’après midi, nous nous décidons à nous lever et envisageons notre situation.

     

    Elle est plutôt mauvaise.

     

    Plus de navire, plus d’argent français, impossible de passer en Angleterre.

     

    La perspective de rentrer à la maison pour devenir de bons Allemands ne nous sourit guère.

    80504.jpg Roger, toujours le même, a une inspiration :


    « Allons voir Monsieur le Curé » dit-il.


    Si l’idée n’est pas neuve, elle est bonne.


    Nous voilà repartis à travers la ville.

     

    cartes-postales-photos-Une-Rue-Originale-ILE-DE-BATZ-29253-.jpg

    Notre accoutrement est assez curieux : pour ma part, j’ai à un pied une espadrille et à l’autre un soulier haut revenu sans son frère parmis les épaves ramenées à la côte.

     

    Arrivés près de l’église, nous rencontrons un des hommes que nous avons vu sur le port la veille et lui demandons où se trouve la cure.

     

     

    838_001.jpg

     

    A notre grand étonnement, il répond d’un air plutôt mystérieux :


    - « Vous n’avez pas besoin d’un service ? »

    -  « ???… Non » faisons-nous, « merci bien »

    - « Si, si, je suis sûr que vous avez besoin d’un service »

     

    Nous nous regardons sa,s le comprendre. Enfin, il se décide.

     

    - « Vous avez voulu passer en Angleterre ? »

     

    Roger et moi nous consultons du regard.

     

    La figure de l’homme est franche et il nous a rendu service la veille.

     

    - « Oui », répondons-nous.

    - « Je le savais bien », dit-il, « nous voulons aussi passer en Angleterre avec une dizaine de jeunes de l’île. Voulez-vous venir avec nous ? »


    Nous acceptons avec empressement.

     

    Il nous apprend le rendez-vous des membres de l’expédition a lieu à quatre heures chez le propriétaire du bateau.

     

    Puis il nous accompagne chez le curé, son ami. C’est un très brave ancien combattant qui nous reçoit aimablement et approuve notre projet.


    Le petit groupe est rassemblé dans un jardin et, à ma grande surprise, parmi mes futurs compagnons se trouve Etienne R…, un de mes camarades de Stanislas où il préparait l’Ecole de l’Air.

     

    Nous lui expliquons notre situation. Lui-même, étant en villégiature à SAINT-POL-DE-LEON, à quelques kilomètres de là, et mis au courant de l’expédition, s’y est joint.


    L'équipe se compose de jeunes gens du pays et de quelques hommes mûrs.

     

    Leur plan est simple.

     

    Le propriétaire du voilier à moteur assurant le service BATZ-ROSCOFF le met à notre disposition et nous partirons le soir même à huit heures.

     

    br90 1734843 1 px 470 -copie-1


    Nous allons tous les trois dîner à l’hôtel et préparer notre modeste bagage.

     

    Situation de la plage des hôtels dont faisait parti l'hôtel de la plage

    ou-se-trouvait-l-hotel-de-la-plage.jpg

     

    Hélas !… ces beaux projets n’ont pas tenu compte de la bêtise humaine.


    Nous le voyons bien en arrivant au lieu de rendez-vous. Un bruit de violente dispute et de voix avinées nous fait comprendre que le départ a été copieusement arrosé.

     

    Triste perspective !…


     

     

    A DEMAIN POUR LA SUITE

    « Le végétation explose… !!!Les vacances de Pâques arrivent...!!! »

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    29
    Samedi 23 Avril 2011 à 05:54
    madame x

    Dis donc j'avais tellement de retard, j'avais même pas lu la fin de la princesse...là je m'en suis pris plein les yeux et plein la tête...suis contente.tes photos de ta famille sont superbe, tu es une femme heureuse, alors prends soin de toi ma Zaza plein de bisous et bon WE.

    28
    Vendredi 22 Avril 2011 à 23:03
    tilk

    histoire passionante....

    besos

    tilk

    27
    Vendredi 22 Avril 2011 à 22:32
    Marine D

    Revenir encore à l'hosto, quellegalère ! Pauvre Zazounette !

    Moi la chiatique n'arrêtes pas de se déplacer... Dos, pointe de la fesse, jambe,  cheville... Ce matin ça allait j'ai jardiné un peu et clac re-douleurs, tu le croiras pas j'ai mal à l'aine et à la hanche gauche à présent  et je reboite de l'autre côté, c'est renversant, et pour une droitière ché pas le pied !!!

    Alles bisous et bonne nuit les éclopées !

    26
    Vendredi 22 Avril 2011 à 22:28
    Marine D

    Difficile de faire confiance et pourtant il y a des fois où l'on n'a pas le choix...
    les instituteurs et les curés étaient souvent dans le coup, d'après les souvenirs dont on a entendu parler à l'époque... 

    Bisous Zaza, et j'espère que tu passeras de bonne fêtes en famille

    25
    Vendredi 22 Avril 2011 à 21:19
    mel-and-tof

    Bonsoir ma Zaza chérie

    Bon attendons demain pour connaître la suite

    C'est passionnant

    Je te souhaite ma douce une bonne soirée

    Gros bisous

    Méline      

    24
    Vendredi 22 Avril 2011 à 21:01
    tiot

    salut

    c'est vrai que parfois on s'attache à des choses qu'on ne le soupconne pas

    bonne soirée

    23
    Vendredi 22 Avril 2011 à 20:35
    FRANCOISE

    En venant mettre mon comm, je viens de lire tes réponses, tu souffres toujours ?

    J'espère que tu vas bien en profiter dans ton île avec tous les tiens. Gros bisous et Joyeuses fêtes. FRANCOISE

    22
    Vendredi 22 Avril 2011 à 19:29
    nettoue

    Quelle terrible exode, ma Zaza. Ton père est officier, tu en sais quelque chose, les guerres sont des choses horribles !

     

    Je ne me félicitais pas de mes résultats hier ma belle, mais je râlais après OB, qui s'était planté d'au moins 7 points dans le BR

    Bisousss ma douce

    21
    Vendredi 22 Avril 2011 à 19:26
    peintrefiguratif (ra

    ah cet alcool fait faire bien des bétises mais malhereusement il est souvent là pour abrutir les hommes

    bisous bonnes paques

    20
    Vendredi 22 Avril 2011 à 19:14
    moqueplet

    drôle de vie que cette vie de marin......passe une agréable soirée

    19
    Vendredi 22 Avril 2011 à 18:35
    fanfan

    ça se complique ,on dirait! La malchance les poursuit ! Vont-ils arriver un jour en Angleterre?

    En attendant je te souhaite de bonnes fêtes de Pâques; bisous

    18
    Vendredi 22 Avril 2011 à 18:26
    justine

    Encore un beau récit ce jour, Zaza...
    Cette ambiance de mer avec le Saint-Yves... j'aurais bien peur de m'embarqu dans un si petit bateau... Les cartes postales, tu les achètes ou sont-elles familiales ?

    En tout cas de superbes vues.
    Prends soin de ton bras et profite de tes enfants et petits enfants..

    Belle soirée.

    17
    Vendredi 22 Avril 2011 à 18:07
    dalila

    slt zaza

    merci pour se super partage

    gros bizzzzou**

    16
    Vendredi 22 Avril 2011 à 17:55
    michaeline

    bonne aprem

    15
    Vendredi 22 Avril 2011 à 16:02
    robert

    Ne savais-tu pas qu'un tabouret, une chaise, une échelle sont bien plus dangereux qu'une falaise équipée ? Humour à part, ce n'est pas agréable ce qui t'arrive. Je te souhaite un bon week-end de Pâques et entraîne-toi déjà pour ramasser les oeufs ...de la main droite. Bisous et bon week-end.

    PS: Poux ronchon : quel drôle de nom pour un bateau

     

    14
    Vendredi 22 Avril 2011 à 14:09
    Anne Bilou

    bonjour zaza

    oui triste à la base mais la joie par après

    puisque cette île est plus que chére à ton coeur

    et à celui de ta maman

    tout tout gros bisous ma zaza

     

    13
    Vendredi 22 Avril 2011 à 13:43
    Douar_Nevez

    J'aime ces maisons bordées de granit !!

    Bisous ZAZA, j'espère que tu vas bien.

    Bonne journée.

    12
    Vendredi 22 Avril 2011 à 13:13
    Yvon

    magnifique récit que je suis avec beaucoup de passion

    vivement demain pour la suite

    bises et $$$, Zaza

    11
    Vendredi 22 Avril 2011 à 12:05
    Patrick-l'autunois

    Tu arrêtes bien le récit, tu sais fait monter la pression. En lisant l'article, je me disais que c'est beau la jeunesse. Passes une bonne journée et @+ Amicalement. Patrick.

    10
    Vendredi 22 Avril 2011 à 11:48
    robert

    J'avais lu que tu étais partie te reposer mais au travers des coms je lis que tu as été blessée ? Accident ? Escalade ? En tous cas je te souhaite d'aller mieux car ce genre de problème est pénible.

    9
    Vendredi 22 Avril 2011 à 11:24
    au rythme des maux

    Joyeuses pâqueeeeeesss, j'écris un commentaire qui a disparu ?!!

    Bises

    Pierre

    8
    Vendredi 22 Avril 2011 à 11:22
    au rythme des maux

    Je passe te lire et profiter de ce moment de pause pour te souhaiter un bon week end pascale..

    Bises ma chère ZAZA

    Pierre

    7
    Vendredi 22 Avril 2011 à 10:06
    Marine D

    Et ta santé ma belle ?

    @+++++

    6
    Vendredi 22 Avril 2011 à 10:05
    Marine D

    Il faut que je parte, je reviendrai lire la suite, je me suis arrêtée au milieu et c'est bien intéressant, des gens adorables, il s'en trouve les plus simples souvent, le maire stupide et détestable, ne peux-ton reconnaître un français d'un allemand et de plus un breton je suppose ? C'est renversant de connerie... Ah certains se couvraient à donf à l'époque !

    Bisous Zaza

    5
    Vendredi 22 Avril 2011 à 09:02
    Mounette

    Je croise les doigts pour que ces jeunes gens courageux réussissent dans leur projet et pour que tu ailles voir ta maman demain.

    Bisous Zaza

    Mounette

    4
    Vendredi 22 Avril 2011 à 08:41
    simon mum

    tes articles sont toujours interessants, plein de bises et de bonnes fêtes de pâques

    simon mum

    3
    Vendredi 22 Avril 2011 à 07:06
    Douar_Nevez

    J'espère que tout va bien pour toi ma petite ZAZA.

    Bisous et bonne journée.

    2
    Emy
    Vendredi 22 Avril 2011 à 06:47
    Emy

    Je viens te souhaiter un très bon vendredi, profites bien.**

    1
    FLB
    Vendredi 22 Avril 2011 à 06:19
    FLB

    La peur de perdre un bien, d'un coté, et la peur du départ vers l'inconnu, de l'autre, cela explique peut être l'abus d'alcool ?

    Très belles cartes postales, elles sont à toi ?

    Bon week end Pascal... heu, zaza, pardon

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :