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    La princesse du Palais enchanté (suite 1)

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    Selaouit, mar hoc’h eur c’hoant,
    Setu aman eur gaozic koant,
    Ha na euz en-hi netra gaou,
    Mès, marteze, eur gir pe daou.

    Ecoutez, si vous voulez,
    Voici, un joli petit conte,
    Dans lequel il n’y a pas de mensonge,
    Si ce n’est, peut-être, un mot ou deux.


     

     

    Quand Efflam fut parvenu à l’âge de quatorze ans, son père lui remit un jour l’anneau de son parrain et lui dit de se rendre à Paris, de demander à voir le roi de France et de lui montrer l’anneau.

     

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    Le jeune garçon demanda qu’on lui donnât quelqu’un pour l’accompagner, dans un si long voyage.

     

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    On lui permit d’emmener avec lui un jeune pâtre teigneux, laid et méchant, qui était dans la maison.

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    On leur donna aussi deux vieux chevaux, poussifs et fourbus, et ils se mirent en route.

     

    Le temps était beau, la chaleur était grande et, vers l’heure de midi, ils descendirent de leurs montures pour boire dans un cours d'eau, au bord du chemin.

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    Pendant qu’Efflam buvait dans le creux de sa main, penché sur la rive du cours d'eau, son compagnon lui donna un coup d’épaule et le fit tomber dans l’eau.

    Puis, il lui enleva son anneau, monta sur le meilleur des deux chevaux et partit au galop.

    Suivons-le, nous reviendrons plus tard à l’infortuné Efflam.

    En arrivant à Paris, il se rendit tout droit au palais du roi et salua ainsi le vieux monarque :


    Bonjour, mon parrain ! Je suis venu vous voir, comme vous l’aviez recommandé .J'ai quatorze ans accomplis, depuis quelques jours.
    Moi, ton parrain !… dit le roi, surpris de s’entendre donner ce nom par un pareil avorton.
    Oui, reprit le drôle, je suis le fils du bûcheron, qui naquit la nuit [oh vous avez reçu l’hospitalité dans sa hutte, au milieu de la forêt où vous vous étiez égaré ; ne vous le rappelez-vous donc pas ?
    Oui, oui… je me rappelle, répondit le roi en le regardant avec compassion, tant il était mal tourné… ; tu es bien le fils de ce brave homme ?…
    Certainement ; tenez, ne reconnaissez-vous pas ceci ?


    Et il lui présenta l’anneau.


    Oui vraiment, c’est bien l’anneau que j’avais laissé au père de mon filleul, qui devait me l’apporter, dit le roi, en examinant l’anneau.


    Le roi l’accueillit alors avec bonté, lui demanda des nouvelles de son père et de sa mère et le fit décrasser et habiller convenablement.

     

    Mais, on eut beau le laver, le savonner et le couvrir de beaux habits, il n’en avait guère moins mauvaise mine.

     

    Le roi, qui avait bon cœur, donna des ordres pour qu’on le traitât bien, qu’on lui donnât à manger et à boire comme il le désirerait et qu’on le laissât se promener où il voudrait, dans les jardins et dans le palais.


    Et l’avorton usa largement de la permission.


    Cependant, le pauvre Efflam, qui avait réussi à sortir de la fontaine, où l’autre croyait l’avoir noyé, arriva aussi à Paris, quelques jours plus tard.


    Il se rendit au palais du roi.


    Que voulez-vous, mon garçon ? lui demanda le portier.
    Je voudrais parler à mon parrain, répondit-il.
    Votre parrain ? Mais, qui est-ce donc, votre parrain ?
    C’est le roi de France.
    Il y a déjà plusieurs jours qu’il est arrivé, son filleul ; déguerpissez, au plus vite !


    Il partit.

    Mais, le lendemain, il revint à la charge, et, comme le roi se trouva justement à passer, en ce moment, il demanda ce que voulait ce jeune homme.


    Sire, répondit Efflam, qui, à la réponse du portier, la veille, avait bien compris que le teigneux avait pris sa place, je voudrais quelque petit emploi, dans votre palais, afin de pouvoir gagner honnêtement mon pain, en travaillant.

     

    Le roi le regarda, lui trouva l’air intelligent et dit au portier de le conduire au jardinier, qui trouverait à l’employer.

     

    Le jardinier l’employa à écheniller ses choux et à sarcler ses plates-bandes.


    Le roi venait souvent se promener dans ses jardins, et le faux filleul l’accompagnait parfois.

     

    Un jour, il dit en s’arrêtant devant un vieux puits :

     

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    Voilà un puits qui est si profond que personne n’en a jamais pu atteindre le fond ; je voudrais bien pourtant en connaître la profondeur et savoir ce qu’il y a dedans.


    Le faux filleul, qui avait reconnu Efflam, crut trouver là une occasion de se débarrasser de lui, et il dit au roi :


    Ce jeune jardinier que voilà, mon parrain, – et il désignait Efflam, – a dit qu’il n’a pas peur de descendre au fond du puits ; mettez-le en demeure de tenir sa parole.


    Le roi appela Efflam et lui dit :


    Vous avez dit, mon garçon, que vous descendriez volontiers jusqu’au fond du puits ?
    Jamais je n’ai dit pareille chose, sire, répondit Efflam.
    Tu mens ! s’écria le faux filleul ; tu me l’as dit à moi-même.
    Alors, il faut que vous y descendiez, reprit le roi.


    On apporta tout ce qu’on put trouver de cordes, dans les écuries, les étables et ailleurs, on les attacha bout à bout, puis Efflam entra dans un grand panier auquel on attacha la corde, et on le descendit dans le puits.

     

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    Il descendait, descendait, descendait toujours, dans une grande obscurité.


    Quand il eut ainsi descendu, pendant environ douze heures, il aperçut enfin une faible lumière, qui allait grandissant, à mesure qu’il descendait, et il finit par toucher terre et se trouva dans un beau jardin rempli de belles fleurs.

     

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    Non loin de là, il aperçut un beau palais, devant lequel se promenait, seul, un vieillard à barbe blanche. Le vieillard s’avança vers lui et lui parla ainsi :

     

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    Bonjour, mon fils. Je sais qui tu es et ce que tu viens chercher ici.

    Tu es le filleul du roi de France, et ton parrain t’envoie ici pour savoir ce qu’il y a au fond du puits par lequel tu es descendu.
    C’est vrai, grand-père, répondit Efflam, étonné.
    Je connais toute ton histoire, mon enfant, et je sais que le faux filleul du roi, qui a pris ta place à la cour, ne t’a fait descendre dans le puits que pour se débarrasser de toi, persuadé que tu n’en reviendrais pas. Mais, tu t’en retourneras, sain et sauf, et ses projets seront déjoués. Tu n’es pourtant pas encore au bout de tes peines et on t’imposera d’autres épreuves, toutes plus difficiles les unes que les autres. Prends ce sifflet (et il lui donna un petit sifflet d’argent), et, à chaque fois qu’on te commandera quelque travail difficile et au-dessus de tes forces, viens secrètement au puits, penche-toi sur l’ouverture et souffle dans ton sifflet, et aussitôt j’arriverai pour te tirer d’embarras, en te faisant connaître ce que tu devras faire. Quand tu retourneras là-haut, le roi te demandera ce que tu auras vu, au fond du puits ; tu lui répondras :


    « C’est si beau, sire, qu’il m’est impossible de vous en donner une idée. Du reste, allez-y voir vous-même. »


    Remonte, à présent. Fais comme je t’ai recommandé, aie confiance en moi et tu triompheras de tout le mauvais vouloir et des pièges de tes ennemis.


    Efflam remercia le bon vieillard et lui fit ses adieux.

     

    Puis, il entra dans le panier, souffla dans son sifflet, pour donner à entendre qu’il voulait remonter, et on le hissa en haut.

     

    A DEMAIN POUR LA SUITE


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