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Yann ha Yannig ... !!! (3ème partie)
Dans la série des contes
de basse-Bretagne
Yann ha Yannig
Troisième partie
Yann Kerbrinic et Yannig Kerboule’ch, mari et femme, faisaient le plus beau couple du monde, selon un vieux dicton (Jann ha Jannet, braoa daou den a vale).
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— « Yannig est certainement une fille d’esprit, auprès de celle-ci ! »
Un peu plus loin, comme il passait devant une maison de bonne apparence.
Il aperçut une jeune fille assise sur le sol, au seuil de la porte .
— « Voilà une bien jolie fille », se dit-il, « je vais lui demander mon chemin, pour la voir de près et causer un peu avec elle. »
A mesure qu’il approchait de la maison, il entendait un enfant crier, comme si on l’égorgeait.
— « Bonjour, mon joli cœur », dit-il à la jeune fille, en l’abordant.
— « Que voulez-vous ? » lui demanda-t-elle, d’un ton arrogant.
— « Est-il donc arrivé quelque malheur dans votre maison, pour que j’y entende crier de la sorte ? »
— « Qu’est-ce que cela vous fait ? Entrez, du reste, si vous voulez, et vous verrez. »
Et yann entra dans la maison. Il fut aussitôt saisi d’horreur et resta quelque temps immobile, comme un pieu de pierre (peulvan), au spectacle qui s’offrit à ses yeux.
Il vit là une mère, armée d’un couteau et s'apprêtant à tailler et enlever des morceaux de chair vive aux fesses d’un petit enfant de quatre ou cinq ans.
— « Que fais-tu, femme dénaturée, tison d’enfer ? » Ne put-il s’empêcher de s’écrier.
— « De quoi vous mêlez-vous, vous ? » lui répondit ce monstre. « Ne voyez-vous donc pas que le tailleur ayant fait trop étroit du derrière la culotte de cet enfant, il faut bien que je retranche à ses fesses ce qu’elles ont de trop, pour qu’il y puisse entrer ? Et comment feriez-vous autrement, vous, à ma place ? Et puis, comme je vous l’ai déjà dit, de quoi vous mêlez-vous ? Allez-vous-en, au plus vite, je vous prie, ou si je prends la cognée de mon mari, que voilà... »
Yann se précipita hors de la maison, en criant :
— « Mon Dieu ! Mon Dieu ! Où donc suis-je ici ? Ce n’est certainement pas parmi des chrétiens. »
Et il poursuivit sa route, tout attristé de ce qu’il voyait.
— « Je n’irai pas plus loin », dit-il, au bout de quelques pas. « Je retourne à la maison de Yannig, et je vais décidément la demander en mariage.
Elle n’est pas des plus fines, c’est vrai, ni riche, mais, depuis que je l’ai quittée, je n’ai pas trouvé qui valût mieux qu’elle, bien au contraire. Yannig m’aime, et un vieux proverbe dit :
Mieux vaut de l’amour une poignée,
Que de l’or et de l’argent plein un fourGuell eo carantez leiz ann dorn,
Vit aour hag arc’hant leiz ar forn.
Quand il arriva chez Yannig, il fut bien reçu et par la vieille et par la jeune. Les noces eurent lieu, tôt après, et les voilà ensemble en ménage.Yann était un travailleur infatigable, et sa conduite était exemplaire, sous tous les rapports. Il n’était ni buveur, ni joueur, ni coureur de pardons et de foires.
La bonne femme mourut, peu après, et le peu qu’elle possédait, c’est-à-dire : une chaumière, deux petits courtils, une vache, une chèvre blanche, quatre poules, un beau coq à crête rouge et un chat pour faire la chasse aux souris, échut en héritage à sa fille, puisqu’elle n’avait pas d’autre enfant.
La pauvre femme ne faisait aucun progrès du côté de l’intelligence, à mesure qu’elle avançait en âge, et Yann avait souvent lieu de la reprendre et de gronder. Il avait beau travailler et se donner du mal, il n’en devenait pas plus riche, bien au contraire... !!!
Au bout d’un an de mariage, la simplicité et les sottises de Yannig, et aussi son bon cœur, car elle était toujours prête à partager avec les autres, firent qu’ils commençaient à se trouver dans la gêne.
Un soir, après souper, ils étaient tous les deux à causer, tranquillement, auprès du feu, avant d’aller se coucher.
— « Nous avons encore trois bons morceaux de lard », dit Yann, en regardant le lard pendu dans la cheminée, pour fumer.
— « Oui », répondit Yannig, « nous avons encore trois bons morceaux. »
— « Un d’eux », reprit Yann, « sera pour Noël, un autre, pour le Carnaval, et le troisième, pour Pâques. »
— « Oui », répondit Yannig.
Le lendemain, pendant que Jean travaillait au champ, un mendiant se présenta à la porte de la chaumière.
— « Quel nom avez-vous ? » lui demanda Yannig.
— « Nédélec (Noël) », répondit le mendiant.
— « Nédélec ? C’est bien à vous, alors, que Yann destine notre premier morceau de lard : je vais vous le donner, puisque vous voilà. »
Et le mendiant aida Yannig à décrocher le lard, qui fumait dans la cheminée, puis il l’emporta, un peu étonné de tant de générosité.
Le lendemain, en l’absence de Yann, d’autres mendiants se présentèrent pour demander l’aumône.
— « Comment vous nommez-vous ? » leur demanda Yannig.
— « Carnaval et Pâques », répondirent-ils. Ils avaient été conseillés, sans doute, par le mendiant de la veille.
— « Carnaval et Pâques ? Alors, c’est à vous que Yann destine les deux morceaux de lard qui nous restent. »
Et Carnaval et Pâques emportèrent les deux morceaux de lard qui restaient.
Le soir, en se chauffant, avant d’aller se coucher, Yann leva encore les yeux vers les tranches de lard suspendues dans la cheminée, et, ne les voyant plus, il en fut bien surpris et demanda à Yannig :
— « Qu’est donc devenu le lard, que je ne le vois plus, dans la cheminée ? »
— « Le lard ? Mais Nédélec (Noël), Carnaval et Pâques, à qui vous le destiniez, l’ont emporté. »
— « Comment cela, que veux-tu dire, Yannig ? »
— « Ne m’aviez-vous pas dit, l’autre jour, qu’un des trois morceaux de lard serait pour Nédélec, un autre pour Carnaval, et le troisième pour Pâques ? Eh bien ! il est venu, hier et aujourd’hui, trois mendiants, qui m’ont dit avoir noms Nédélec, Carnaval et Pâques, et je leur ai donné le lard. »
— « Ce n’est pas possible, tu plaisantes, sans doute ? »
— « Je ne plaisante pas, et c’est comme je dis. »
— « Allons ! Allons ! Tu es bien la plus sotte femme qui soit sur terre, et nous ne pouvons qu’être pauvres, à la façon dont tu agis, en toutes choses ! »
Le pauvre Yann était désolé ; il voyait clairement qu’ils marchaient à la misère, et il ne put clore l’œil, de toute la nuit. Il se leva et refit ses comptes...!!!!!
Le lendemain matin il dit à Yannig :
— « Nous n’avons plus un morceau de lard à la maison ; l’argent, pour en avoir, nous manque également ; notre vache et son veau et la chèvre et les poules ont été vendus ou mangés ; notre maison et les deux courtils ne sont également plus à nous : il ne nous reste donc qu’à quitter le pays et à aller chercher du pain ailleurs. »
— « Oui », dit Yannig, « allons chercher du pain ailleurs. »
Fin de la troisième partie
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Commentaires
J'ai comme une idée que ce conte-là finira bien ! La générosité est toujours récompensée !
Enfin, presque toujours...
il aurait du rester célibataire le pauvre bougre bien loti avec une bécasse comme elle
bon je vais lire la suite et fin
Je suis sur que le vent va changer pour eux un de ses quatre.
Bisous ZAZA bonne fin de soirée
@Corinne : Merci ma belle... la fin de c conte demain. Il y en aura d'autres. Bises et bonne soirée
Vivement demain !J'adore et les illustrations sont très belles... Que j'aime cette histoire..
Bisous à demain
@geo : Tu peux.... sacré geo... et quand tu liras la fin, tu seras encore plus inquiet....Bises et bonne soirée.
@Aimé jc: Il l'aime bien tout de même sa Bécassine. Les illustrations apportent une valeur ajoutée pour les blogueurs qui n'aiment pas s'investir dans des lectures. Ici temps très mitigé, entre giboulées et éclaircies. Il faisait bon de rester devant la cheminée. Nous avons même grillé des châtaignes en laissant la porte de l'insert ouverte. Un bonne séance de rigolade quand le chien tressautait à chaque châtaigne qui pétait. Bises amicales et bonne soirée
tu me dis être bretonne
alors tu sais après
cette lecture je suis inquiet très inquiet!!
bisous
Pas de chance ce Yan, finalement !
En tout cas tes illustrations sont belles et bien adaptées aux textes...
Toujours bien plaisant à te lire mon amie Zaza. J'ai bien aimé l'ancienne et belle masure...
La suite devrait être pas mal également !
Avec une femme pareille ,le pauvre je ne sais pas comment il va s'en sortir!!
Très drôle la vidéo !!
Bises
Bonsoir Zaza. Le pauvre Yann. Il n'est vraiment pas gâté. J'attends la suite. Je pense que tu vas bien et je te remercie de la photo de tes magnfiques locomotives à vapeur. Celle de droite ressemble un peu à celle que j'ai photographiée. Je vais te souhaiter de passer une très bonne soirée. Amicalement Antoine.
@oursonne libre : Tu as raison il faut attendre la fin de ce conte. J'aime illustrer ces texte afin de leur donner plus de saveur. Bises et bonne soirée
elle est bien gentille mais peut etre un peu trop a mon gout mais c'est peut etre pour cela qu'il l'aime
j'attend la suite pour voir si ils arrivent a s'en sortir en allant chercher leur pain ailleurs jolies les illustrations et photos qui accompagnent le texte
amities
@anniclick et pépita : Merci ma belle. Le conte prend toujours plus de saveurs avec des illustrations appropriées. Bises
@papate61 : Alors ma Patoche, cela ne va pas mieux. Ici c'est cette toux qui me fatigue. Bises et bonne soirée
@fanfanchatblanc : Merci ma Fanfan. comme tu le dis, pas facile, car les est bonne cette yannig. Bises
Tailler les fesses pour les faire entrer dans un pantalon trop étroit, ça c'est original.
Dr WO
Passionnante lecture et toujours tellement bien illustrée. Un plaisir que de découvrir la suite de ces vies hors normes !
Gros bisous
kikou du dimanche
pas toujours facile tout ça ! j'espère que la suite finira bien... mais pas pour les grippes sous.... lol
bon dimanche
bisouxxx baveuxxxxPas facile de se heurter à la bêtise surtout lorsque la jeune femme est dans le même temps généreuse... ouille ouille ouille.. pour l'avenir.. j'attends la suite avec impatience. Encore bravo pour les illustrations de ce conte. Bizz et bon dimanche
@Patrick l'Autunois : Depuis le temps il va te falloir des vacances pour faire une bonne séance de rattrapage. Bises et bon dimanche
Waouh !!!!!!!!!! Toujours aussi dynamique !!!!!!! Que de chose à lire te à voir sur ton blog !!!!!!!!! Impressionnant !!!! BRAVO !!!!!!!!!! Passes un bon dimanche et @+ Amicalement. Patrick.
Outre cette très belle histoire; ce sont surtout les costumes des personnages qui m'intéressent...Bon dimanche
L'esprit ne lui est pas venu avec le mariage hein?! Comme on dit chez nous "elle est brave peuchère"!
Gros bisous Zaza!
@Loulou le filou : Tu as raison mon filou... mais de là ne plus rien avoir à manger. Bises et bon dimanche
Mais une question se pose : "est-ce que c'était du lard ou du cochon" ? là est la différence c'est mal barrée leur Histoire d'amourrrrrrrrrrrrrr !
Bises zaza, @++
bonjour, il y a beaucoup de chaises aux tuileries : des chaises classiques, des chaises "fauteuil" dont le dossier est incliné; comme il y en a énormément, il y en a toujours de libre, malgré la foule! et toujours un petit coin tranquille où se poser bon dimanche bisous
je trouve l'histoire touchante,
simplicité la clé du paradis
tu as du approcher de la misère
pour en parler si bien
Des fois le coeur s'endurcit
des fois il s'améliore
cette femme sera ss dte une bénédiction
pour ce foyer modeste
@Monica et la Mer : Elle est superbe cette plage du dossen, 14 km pratiquement. On voit très bien la maison de mes parents de cette plage après Perharidy. Ici le soleil se lève tout doucement. Bises et bon dimanche
@Quichottine : En effet, Yanning, toute bécassine qu'elle est, est certainement la moins sotte... Remarque, elle n'a pas braucoup de mal...!!!! Bises et bon dimanche
6Monica et la merDimanche 4 Novembre 2012 à 07:56hello me voila
parfois j ai du mal à entrer chez toi loll
et je voulais poursuivre ma lecture
je me régale de tes illustrations toujours bien choisies
bon dimanche hier j ai fait une balade sur la plage de santec
entre grele et soleil
photos suivront loll
bises Zaza
kénavo
Ou bien elles sont grippe-sous ou dépensière
Entre peste et choléra faut choisir
Biosus endimanchés
Ils sont pourtant bien gentils tous les deux... j'espère que l'histoire se terminera bien pour eux.
Ce serait dommage qu'il en soit autrement...
Bisous et doux dimanche Zaza.
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@Amande13 : Presque toujours en effet. Bises