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Un corsaire pas comme les autres (suite 4)
Après avoir donné des preuves évidentes de son habileté et de son audace, il ne fut pas difficile au capitaine portugais d’obtenir pour la course d’hiver, qui se préparait, un navire plus fort que celui sur lequel il avait si brillamment débuté dans la carrière de commandant.
L’hiver suivant nous le vîmes au mouillage de l’île de Batz, où nous l’avions rencontré la première fois, sur un beau lougre de Dieppe à bord duquel il se promettait bien, comme il disait, de faire des siennes aux dépens du commerce anglais.
Le lougre nouveau se nommait, autant que je puis me le rappeler, l’Embuscade.
Les noms de navires m’échappent assez volontiers, alors que les noms des hommes qui montent ces navires ont le privilège de frapper vivement mon imagination ou de préoccuper un peu fortement ma mémoire.
En se rendant de son port d’armement à l’île de Batz, BALIDAR avait donné à l’équipage de son lougre de nouveau une preuve assez singulière de son sang froid et de sa présence d’esprit.
Etant tombé de son bastingage à la mer, dans la baie de LANNION, au moment où, un petit porte-voix à la bouche, il donnait un ordre à ses gens.
On le vit, au milieu des lames, commander à son corsaire la manœuvre qu’il fallait qu’il fit pour le sauver, lui, le capitaine du navire.
C’est la première fois sans doute qu’un capitaine s’est avisé de donner en nageant, des ordres, au porte-voix, à son équipage ou à son officier de manœuvre.
Peu de jours après être arrivé au mouillage où il attendait, amarré auprès de nous, une brise favorable pour commencer sa course, BALIDAR apprit qu’un lougre de Jersey avait établi sa croisière au large de l’île de Batz, pour bloquer dans ce port les trois ou quatre corsaires qui s’y trouvaient en relâche.
L’occasion d’ouvrir sa campagne d’hiver, comme il avait clos sa campagne d’été lui parut belle.
Il n’avait à bord de l’Embuscade qu’une centaine d’hommes d’équipage.
Il se procura à terre, au moyen d’un millier de francs, le supplément de matelots qu’il jugeait nécessaire à l’exécution de son dessein, en prévenant toutefois les nouveaux engagés qu’il ne les louait, que pour le moment du coup de peigne.
Puis, toutes ces dispositions prises, il dit
« Ce grand coquin de Jersien vous bloque ici, je vais vous débloquer du Jersien »
Et cela annoncé, voilà l’Embuscade partie avec les première ombres de la nuit, pour aller donner une peignée (c’était alors le mot) avec le redoutable lougre Anglais, qui jusque-là avait insolemment défié tous les Corsaires mouillés dans le chenal de l’île de Batz.
Cette nuit fut terrible.
Deux heures après le départ de BALIDAR, l’horizon s’embrassa du feu que vomissaient à courts intervalles les canons et la mousqueterie des deux navires, en ébranlant l’air, au bruit de leurs volées et de leurs décharges d’un sourd reniement semblable au fracas lointain de la foudre.
Ce ne fut que vers le matin et avec les premières lueurs du jour que le combat cessa et que l’on vit l’Embuscade, à moitié démâtée, les voiles criblées et les pavois enlevés, regagner la passe qu’elle avait pris la veille pour joindre le lougre anglais.
A la rentrée de BALIDAR dans le Chenal de l’île de Batz, les premières embarcations, qui l’abordèrent pour lui porter secours revinrent à terre chargées de morts et de blessés et couvertes du sans qui ruisselait du pont du corsaire à la mer.
Trente hommes avaient péri dans l’abordage que l’Embuscade avait livré à l’ennemi.
Le lougre que le corsaire avait ainsi accosté dans la nuit était armé de deux cent hommes d’élite et de douze pièces de canon.
Les deux navires, après être restés crochés l’un à l’autre pendant trois heures, s’étaient séparés par l’effet de la lame et du vent.
BALIDAR, demeuré à bord de l’anglais, cependant que son lougre épuisé avait pris le large, s’était vu contrait de se jeter à la mer pour regagner à la nage son lougre épuisé et délabré.
Le grand lougre anglais, plus maltraité encore que son adversaire avait repris péniblement la bordée du nord pour éviter une nouvelle attaque que BALIDAR n’aurait pas manqué de lui livrer pour peu que le corsaire se fût trouvé en état de lui appuyer la chasse.
Mais, comme le capitaine portugais après avoir rejoint ses gens à la nage :
« Ce n’est pas le cœur qui nous manque, ce sont les jambes. Ce coquin de Jersien a encore de la toile, et nous plus que des mouchoirs de poche pour faire route avec le vent. Oh ! Si jamais le gueux retombe sous ma coupe !.... »
A DEMAIN POUR LA FIN
Tags : lougre, corsaire, navire, balidar, port
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Commentaires
Fabuleux et une fois de plus au risque de me répéter je constate que les illustrations sont magnifiques. Merci zaza. Bisous
bonjour zaza
un nom qui veut dire beaucoup "l'embuscade"
quand au capitaine téméraire il assuma jusqu'au bout
gros bisous passe une bonne après midi
c'était pas un marin d'eau douce ce capitaine !!
pas breton !! mais surement bien adopté par ceux ci
bisous @+
Belle histoire, Zaza. J'aime aussi les illustrations. Tombé à l'eau et sauvé sous ses instructions, c'est fantastique !
Douce nuit et gros bisous à vous deux
bon je vais mieux aujourd'hui j'ai lu pas la tête trop comme un ballon avec ma bronchite
tu as des belles illustrations pour cette article
bonne soirée bisous
tu as mis ton adresse blog, mais il y a une erreur j'ai du rechercher la bonne adresse bisous
Bonjour ma Zaza
Oui je l'ai admiré quand j'allais en classe
Je te souhaite ma douce amieune bonne journée
Gros bisous
Méline
Beau récit..bien raconté et superbement illustré..dommage que ce " pirate " ne soit pas Breton.. En tout cas très agréable à lire..merci à toi..j'aime beaucoup cet univers T'as vu..il a plu..mais un tout petit peu seulemnt .. Bisosu et bon jeudi++
Bonjour Zaza
Pirates... vous avez dit pirates...
Tu as l'art et la manière de superbement bien raconter...
De plus j'aime bien les combats entre navires d'antan... Tes images sont bien explicites, cela ne devait quand même pas évident d'aborder ainsi... De plus certains devaient tombé à la mer, ils était de fait pratiquement "foutu"...
Passe une douce journée mon amie, profites bien du vent marin...
le bouddhisme tibétain est passionnant à étudier mais il n'est plus possible d'aller au Tibet actuellement
bonne journée Zaza
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superbe ce récit et les photos saississantes qui illustrent trés bien l' ambiance
je m' arrete sur le capitaine à l eau , vu l 'état d e la mer un sang froid magnifique , il donne les ordres à son équipage je l 'entend bien , ( affaler la toile , mettre le bateau sous le vent , préparrer les grappins , mettre des filets sur la coque coté ou il montera à bord )
je pense qu il avait un bon segond ou un fin barreur ) .. j 'admire et j 'applaudit la manoeuvre )
tu sais Zaza un jour , en face de roscoff un coup de vent nous étions trois dont deux filles , je me suis assise sur la bome pour affalér la grande voile , j' osais mm pas regarder en dessous et la mer jusqu' à la taille oupssss
ton histoire est super pour moi qui aime ce genre de balades loll
et tu raconte super bien ( j ai lu pas mal d erécit mais celui là c est ce que j aimerais écrire loll je l ai fait et je trouve plus le manuscrit ) lolll
merci beaucoup
bises et kénavo et bravo
et un ptit salut à Balidar et à l' embuscade un bon bateau ..