Réalité, rêve ou cauchemar ?

Certains et certaines se demandent si je n'ai pas perdu le fil de cette nouvelle écrite il y a quelques années. Eh bien non, pas du tout ! L'histoire n'est pas banale et complètement surréaliste. Le nombre de personnages clef se multiplient et pourtant, quand vous arriverez au dernier chapitre, vous allez dire comme notre ami le commissaire Bourrel, "Bon dieu, mais c'est bien sûr ....!" 

- Troisième partie -

  ... En une fraction de seconde, je me retrouve donc à sillonner Galway en espérant retrouver John à l’angle de chaque rue.

Je me promène de bonne allure scrutant tantôt à gauche,

tantôt à droite

et je l’ai finalement retrouvé, tout naturellement, dans une agence de voyage.

Il consultait une brochure sur la France. Paris et la tour Eiffel, Nice et la côte d’Azur, la Normandie et le Mont Saint-Michel, tous ces lieux qui le faisaient rêver et que j’avais déjà vu plusieurs fois.

Moi, dorénavant, peu m’importe l’endroit où je me trouve du moment qu’il soit là. Cette fois-ci, c’est lui qui vint à ma rencontre.

- « Hello, ZAZA, je suis content que vous aillez pu venir. » me dit-il en me faisant quatre bises comme à une amie de longue date.

- « Ne vous l’avais-je pas promis hier ? » lui répondis-je le plus naturellement du monde.

- « Je n’étais pas certain que vous auriez eu envie de me revoir. »

- « J’étais sûr de vous retrouver ici, et j’aurais pu parier ce que vous voulez que vous auriez une brochure sur la France à la main. »

Il ferma la brochure qu’il tenait dans ses mains, sur la couverture, le mot « FRANCE » apparaissait en lettres capitales au trois couleurs de nos deux nations.

- « J’ai toujours été attiré par votre pays, voyez-vous, depuis que je suis tout petit j’ai l’intime conviction que j’irai en France un jour. »

- « Et ce jour-là c’est moi qui vous servirai de guide. »

- « Est-ce que vous avez déjà été à Paris, ZAZA ? »

- « Oui, mais je m’y suis souvent sentie bien seule. »

- « Paris doit être une ville magnifique pour un couple d’amoureux ? »

- « Magnifique en effet, elle n’a pas été surnommée la ville lumière par hasard.

Il faut vraiment que vous veniez la voir, surtout au moment des fêtes de fin d’année, c’est à cette période qu’elle porte le mieux son nom. Savez-vous que je suis originaire de Bretagne tout à l’ouest de la France, et bien une légende bretonne prétend que ce nom lui vient de la merveilleuse citée d’Ys dont elle ne serait que la copie.

La légende prétend en effet qu’à la suite de la disparition dans les flots de la citée mythique de la princesse Dahut, (reine bretonne, païenne et libertine), une autre ville magnifique sera construite à, l’identique, une ville pareille à Ys d’où son nom : Paris. »

- « Votre pays est vraiment merveilleux, plein de mystères et de beautés, comme j’aimerais y être. »

J’avais pris sa brochure dans mes mains et je lui parlais tout en tournant les pages à toute vitesse.

- « Rien de plus facile, on prend deux de ferry à Cork – Roscoff,

nous empruntons ma voiture et demain je vous fais découvrir la Tour Eiffel,

le Trocadéro,

les Champs-Élysées,

et après une nuit passée au Georges V,

jeudi je vous fais visiter le château de Versailles. »

 Je tournais les pages si vite que je me suis bêtement coupé le bout du doigt avec la tranche d’une feuille de papier.

- « Rien qu’en fermant les yeux, j’ai l’impression d’y être déjà. » dit-il, les yeux clos, la tête penchée en arrière.

Je lui prends légèrement la main tout en lui disant :

- « Venez, le guichet est juste là, une simple formalité et nous partons pour la France. »

Il me transperça gentiment de ce petit regard noisette qui me désarme à chaque fois.

- « Comment faites-vous ZAZA? Avec vous, la vie paraît si facile, vous semblez n’avoir aucune contrainte. Quand je vous écoute j’ai l’impression d’être dans un film, il ne peut rien m’arriver puisque le scénario est écrit à l’avance et que les héros ne peuvent pas mourir. Malheureusement, demain, il faut que je retourne à mon travail, et jeudi mon bureau sera bien trop petit pour pouvoir y faire rentrer le palais des glaces. »

- « Mais aujourd’hui vous ne travaillez pas, alors laissez-vous emporter par les courants de la Seine. Et si nous allions manger dans un restaurant français, en attendant de traverser la Manche. »

Il n’eut pas le temps de répondre, que nous étions déjà assis face à face le menu à la main.

- « Est-il vrai que tous les français raffolent des cuisses de grenouilles ? »

- « Aussi vrai que les irlandais aiment la Guiness. »

Il se mit à rire comme lorsqu’il avait vingt ans, je retrouvais en lui l’espace d’un instant la même insouciance.

- « Sérieusement ZAZA, est-ce que vous aimez ça ? »

- « Sérieusement ? » dis-je en baissant la voix, « J’y ai déjà goûté une fois et franchement je n’ai pas pu terminer mon assiette, par contre j’adore les escargots. »

- « Oh taisez-vous, c’est écœurant. »

- « Non, je vous assure vous devriez essayer. Tenez, je vais en commander une douzaine et je vous ferai goûter, vous verrez c’est délicieux vous en redemanderez. » ...

A demain pour la suite