Tugdual et Mylène

        Cinquième Partie

Tugdual avait oublié le poème pour le couple royal. Et je n’avais pas le cœur à aller voir un deuxième couple d’amoureux transits dans la même journée.

Ma longue nuit solitaire fut sans doute la plus triste de mon existence, mais ma tristesse n’était rien comparée à celle de mon jeune ami quand je le rencontrai au petit matin. 

Eliz Iza Alan Stivell

 - « Que t’arrive-t-il Tugdual lui demandai-je ? Ta belle est déjà parti ? »

- « Elle m’aime ZAZA! Elle m’aime ! » Me dit-il en pleurant.

 - « Mais c’est merveilleux Tugdual ! Pourquoi pleurer ? Ton cœur doit se remplir de joie ! »

- « Mais non ! Tu ne comprends pas ZAZA! C’est une catastrophe ! »

J’avoue que je n’ai jamais été très forte pour les questions amoureuses, mais là je ne comprenais rien à rien. Il me fallait plus d’explications.

- « Attends que je reprenne ! Tu l’aimes ! C’est la femme de ta vie ! »

 - « Oui ! »

- « Et la belle t’aime ! Il n’y a que toi qui compte pour elle ! »

- « Oui ! »

- « En somme, un vrai coup de foudre quoi ! »

- « Oui ! »

- « Donc c’est merveilleux ! »

- « Non ! Non ! Non ! C’est effroyable ZAZA ! »

- « Euh... Pourquoi ? »

- « Parce que Mylène... »

- « Ah ! Elle s’appelle Mylène ! »

- « Oui ! Mylène, c’est la future reine ! »

- « Ah ! C’est vrai que cela pose un petit problème ! »

- « C’est effroyable ! »

- « Oui ! Je comprends mieux maintenant ! Mais dis-moi je croyais que la princesse était folle amoureuse du roi Corion? »

- « Oui ! Mylène le croyait aussi ! Jusqu'à hier ! Jusqu'à ce que mes mots lui fassent comprendre que l’amour qu’elle avait pour le roi n’avait rien de comparable avec celui qui la poussait dans mes bras ! »

- « Ah ! Parce que l’amour l’a poussée dans tes bras ! »

- « Oui ! »

- « Ah ! Et l’amour l’aurait-elle poussée plus loin que dans tes bras ? »

- « Oui ! »

- « Ah ! C’est effroyable en effet ! »

- « Mais elle va tout dire au roi ! Elle va lui expliquer ! C’est un bon roi ! Il l’aime ! Il ne peut vouloir que son bonheur ! Il va comprendre ! »

- « Ah ! Et que va-t-elle dire au roi ? »

- « Qu’il faut annuler ce mariage ! Qu’elle l’aime certes ! Mais pas autant que moi ! Qu’elle l’aime bien, mais qu’il n’est pas son grand amour ! Qu’elle ne veut plus vivre avec lui mais avec moi ! »

- « Ah ! Et tu penses que le roi va écouter ça ! »

- « Il est bon ! Il comprendra ! »

Je n’eus pas le temps de prononcer ne serait-ce qu’un ah de plus. Les soldats du roi avaient fait irruption dans la taverne. Ils avaient enchaîné mon ami et il l’emmenait vers le château.

Bien évidemment Corion était très en colère.

Il pensait que la plus belle femme du monde l’aimait passionnément et elle venait de lui avouer son désir de passer le restant de sa vie dans les bras d’un autre.

Mylène pleurait en voyant Tugdual enchaîné et traité comme une bête.

Elle pleurait, pleurait, pleurait et pleurait encore. Les larmes coulaient tellement qu’une grande flaque recouvrit le sol de la grand salle du conseil.

Le roi demanda alors que l’on aille quérir Sarguenor, le sorcier du royaume.

C’est un des sorciers survivants des temps anciens, des temps qui précédaient ma naissance, des temps qui précédaient l’humanité.

Fin de la cinquième partie