• JOHNNIGED BRO ROSKO


    Les Johnnies de Roscoff et de sa région

    Vendeurs d’oignons rosés de Roscoff

    en Grande-Bretagne depuis 1828



    Je vous parle souvent de mon fief, l’île de Batz, mais ce qu’il faut que vous sachiez, c’est que l’origine de la branche paternelle était issue de Roscoff.


    Que ce soit du côté de ma grand mère paternelle ou de mon grand père paternel, ils étaient tous Johnnies de pères en fils.


    Les Johnnies et Roscoff

     

    Les oignons et les hommes ont longtemps été transportés Outre-Manche par des bateaux à voile : goélettes, dundees venant de la côte du TREGOR : Perros-Guirec, Pleubian. Cette marine à voile s'éteignit au moment de la 2ème guerre mondiale; les cargos l'avaient remplacée, impliquant concentration des marchandises exportées et recours aux services d'affréteurs et de courtiers.

     

    Les hommes voyageaient dès lors par fer et ferries. Il y eut des pertes d'hommes dans ces transports : 70 hommes périrent lors du naufrage du steamer HILDA en 1905.

     

    Les oignons et les hommes ont longtemps été transportés Outre-Manche par des bateaux à voile : goélettes, dundees venant de la côte du TREGOR : Perros-Guirec, Pleubian.

     

    Cette marine à voile s'éteignit au moment de la 2ème guerre mondiale; les cargos l'avaient remplacée, impliquant concentration des marchandises exportées et recours aux services d'affréteurs et de courtiers.

     

    Les hommes voyageaient dès lors par fer et ferries. Il y eut des pertes d'hommes dans ces transports : 70 hommes périrent lors du naufrage du steamer HILDA en 1905.

     

    Déjà au début du XXe siècle les hommes du pays de ROSCOFF :

    avaient couvert toute la GRANDE-BRETAGNE:

     

    en vendant leurs oignons de porte en porte

     

    Les Anglais émus par le jeune âge de beaucoup d'entre eux - 9, 10 ans - les appelèrent "JOHNNY" : "petit Jean" et les marchands d'oignons se sont appropriés le nom en s'appelant eux-mêmes: "AR JOHNNIGED" : les JOHNNIES.

    L'organisation de la vente


    Les oignons étaient tressés en "bottes de 1 ou 4 kgs enfilées sur un bâton porté à l'épaule.

     

    Les tresses étaient faites par des "botteleurs" dans un "magasin" servant à la fois d'entrepôt pour les oignons et de logement pour les botteleurs et vendeurs.

     

    L'ensemble de ces hommes constituait une "compagnie" dirigée par un "master" : le chef.

     

    Ces compagnies pouvaient avant la guerre de 1914 comporter jusqu'à 60 hommes. Après 1920, les compagnies se réduisirent à moins de 10 hommes et jeunes gens commençant à 12, puis 14 ans.

     

    La bicyclette qui se développa dans les années 30 libéra les épaules des Johnnies et popularisa leur image : béret, sourire et oignons ruisselant en chapelets sur les guidons qui portaient jusqu'à 150 kilos d'oignons.

     

    Des camions ou "lorries" facilitèrent plus tard cette vente "à la chine" directement auprès des ménagères britanniques qui acceptaient de payer plus cher cet oignon breton eu égard à sa qualité gustative et à sa bonne conservation.

    Les grandes époques


    Le métier de Johnny toujours cependant difficile et qui conduisait chaque année à une séparation des familles de 6 mois - de juillet à janvier - se justifiait dans les premiers temps par une nécessité de survie.

     

    Entre 1920 et 1930, on a pu cependant parler d'un "âge d'or" : 1929 aurait ainsi vu le plus grand nombre de Johnnies - environ 1400 - et les plus forts tonnages d'oignons expédiés en Grande-Bretagne - autour de 9000 tonnes.

     

    C'est dans cette décennie qu'on relève à ROSCOFF la plus forte construction de maisons et le plus fort achat de terrains agricoles par les Johnnies.

     

    Les gros tonnages nécessaires appelèrent une production d'oignons dans des communes plus éloignées PLOUESCAT, PLOUNEVEZ-LOCHRIST.

     

    Après la crise générale de 1929, une vague protectionniste en Grande-

    Bretagne et une forte dévaluation de la livre rendirent le marché moins favorable aux Johnnies.

     

    Au lendemain de la 2e guerre mondiale, les Anglais limitèrent les importations d'oignons et obligèrent les Johnnies à se constituer en société commerciale de producteurs-vendeurs : 1"'Association des Marchands d'oignons de ROSCOFF et de sa Région".

     

    Par ailleurs, les aléas du change, les restrictions à la vie familiale qu'accroissaient le non-bénéfice des régimes sociaux établis après guerre : allocations familiales parfois et retraites détournèrent les jeunes du métier de Johnny .

     

    En 1972, année de la mise en route à partir de ROSCOFF des Brittany Ferries les Johnnies étaient au nombre de 160.

     

    Aujourd'hui une vingtaine d'hommes se retrouvent encore en Angleterre pour des séjours de quelques semaines ou au contraire pour de longs séjours qui permettent une pleine scolarité des enfants dans les écoles anglaises.

    LE MONDE DES JOHNNIES - TUD AR JOHNNIGED


    Les différentes catégories sociales

     

    Le groupe des Johnnies lui-même se calque sur des catégories sociales qui existaient à ROSCOFF avant la Révolution. Disposant de moins de 3 hectares, le " laboureur ", petit fermier ou petit propriétaire devait chercher un revenu complémentaire pour nourrir sa famille - nombreuse jusqu'aux années 20.

     

    Ayant des oignons et pouvant "faire l'avance" d'un contingent supplémentaire auprès de producteurs sédentaires ce paysan-Johnny devenait en Angleterre patron de compagnie.

     

    II salariait en dehors de sa famille des vendeurs et botteleurs "journaliers" dans la région de ROSCOFF, c'est à dire louant leurs services dans les fermes "à la journée" ou employés plus avant dans le siècle comme ouvriers "emballeurs" chez les expéditeurs de légumes produits entre janvier et juillet. Certains d'entre eux après les années fastes 1920-1930 ont pu partir en Angleterre "à leur compte", constituant ainsi une forme d’ " artisans-Johnnies ".

     

    Les femmes et les enfants aussi



    Quelques femmes ont suivi leur mari Outre-Manche.

     

    La majorité, cependant, restait à ROSCOFF, tenue par les rythmes scolaires des enfants.

     

    Les femmes des paysans-Johnnies assuraient, en outre, la récolte d'oignons d'août.

     

    En septembre, elles faisaient sécher au soleil et au vent la graine d'oignon, puis elles effectuaient les achats d'oignons pour un deuxième ou troisième chargement.

     

    En avril, c'était aussi des escouades de femmes qui "repiquaient" les oignons dans les fermes : ar piketerezed.

     

    Et, après la récolte d'août, les enfants avaient pour tâche de glaner les petits oignons pour que leurs mères en fassent des "piglens", adaptation roscovite des "pickles", condiments au vinaigre des Anglais.

     

    Un milieu de convictions solides et en même temps ouvert. Des individus passionnés, autonomes.

     

    Le monde des Johnnies avait la langue - le breton - et les mœurs d'une société rurale bretonne marquée par de fortes convictions sur la vie, la mort et, en tant que léonarde, imprégnée de catholicisme.

     

    Ainsi les départs en Angleterre se faisaient traditionnellement après le 3e lundi de juillet, jour du pardon de Ste Barbe dont la chapelle domine le port de ROSCOFF.



    Cependant, la faible possession de biens, le brassage social, la participation à la vie du port : cafés, agences maritimes, bateaux en chargement, et enfin l'aventure et les contacts outre-Manche ont fait de ce monde des Johnnies des gens ouverts, déguisant en humour les risques encourus et les peines de leur vie.

     

    Autonomie des individus, égalité des sexes dans les décisions touchant aux biens et aux enfants, ouverture sur le monde, énergie à entreprendre : des valeurs ici de modernité.

     

    Avril 2000

    Une Appellation d'Origine Contrôlée est souhaitée pour l'oignon rosé de ROSCOFF

     

    Aujourd’hui j’ai 2 cousins au quatrième degré, qui ont fait souche en Angleterre.

     
    Toute cette branche d’anciens nous a quitté à l’heure actuelle, mais maîtrisait parfaitement français, breton léonard et anglais.
     
    La plupart des cousins de mon papa avait leurs entrepôts en île de White.
     
    Et la grande joie familiale était de recevoir les cousins germains de mon père à la maison, après la campagne.
    « Blagounettes salées du lundi....!!!!Thousand-Hand Guan Yin »

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  • Commentaires

    13
    mm le
    Dimanche 11 Mars 2012 à 22:48
    mm															le
    intéressant
    12
    angélina
    Dimanche 11 Mars 2012 à 22:48
    angélina
    Article retraçant le vie de la branche paternelle. C'est bien ma fille
    11
    hulu l
    Dimanche 11 Mars 2012 à 22:48
    hulu															l
    Exwcellent cet article, pépé nous en as parlé de ses cousins johnnies
    10
    marie
    Dimanche 11 Mars 2012 à 22:48
    marie

    bel article très instructif

    9
    Dimanche 13 Juin 2010 à 16:40
    petitechouette

    Encore une chose que j'apprend et j'ai l'impression qu'avec toi,je vais encore en apprendre beaucoup,cest magnifique cette façon que tu as de raconter d'expliquer.Quand je vais éplucher un oignon cette histoire va surement me revenir..............

    Doux bisous.

    8
    Vendredi 7 Mai 2010 à 10:48
    Siratus

    J'ai longtemps navigué sur les pages de ton blog ce matin, Zaza. Beaucoup de tendresse et de passion dans  tes récits sur ta famille... et toujours une documentation de fond très intéressante. Bravo ! Tes petits enfants sont bien beaux !

    Beaucoup d'humour encore... Oui, un certain vitrail est étonnant  ;)

    Avec toi, je suis partie aussi en pays Maya et sur les routes bretonnes des calvaires, écoutant contes et légendes... Je retrouve même, aujourd'hui, des souvenirs du temps où, adolescente, j'allais à pied en  pélérinage à Plougastel...

    Belle journée, Zaza. Le soleil brille, un peu plus chaud; il fait éclore des roses dans mon jardin. Virtuellement, je t'en envoie une grande brassée odorante.

    Très gros bisous

    7
    Mercredi 24 Mars 2010 à 18:36
    Christian lemenuisia
    C'est dommage qu'il me manque tu temps . Enfin bravo pour ton travail
    6
    Lundi 14 Septembre 2009 à 21:23
    Treewin
    Bravo Zaza pour cet article.
    Bizz
    5
    Lundi 14 Septembre 2009 à 18:28
    Nettoue
    A part ceux achetés sur le marché dans mon super-marché et ceux de mes pieds je me rends compte qu'arrivée à mon âge, je ne savais rien de l'histoire de l'oignon. Mis à part, mes caetes postales et images sont émouvantes ! merci Zaza, et bisous
    Nettoue
    4
    Lundi 14 Septembre 2009 à 14:38
    Pangloss
    Il y a longtemps, en Angleterre on m'a raconté l'histoire des Johnnies. Ceux qui m'en ont parlé en gardaient un souvenir ému.
    Salut
    3
    Lundi 14 Septembre 2009 à 13:03
    Renard
    Il est superbe cet article zaza, et tellement intéressant
    Tu m'as appris plein de choses d'un coup là, et je crois que je vais me renseigner d'avantage encore...
    Merci à toi pour ce moment de culture et bises du lundi 
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    2
    Lundi 14 Septembre 2009 à 11:06
    telle
    Sa a pas du etre facile pour eux à l'époque !!!
    J'aime bien les cartes postales !!!
    En plus je les mange crus moi les oignons avec du pain et du beurre ! si si je te jure j'adore sa !!!!!
    Ah homer va mieux , beaucoup mieux !!!
    bisous bisous
    1
    Lundi 14 Septembre 2009 à 08:46
    Mamy Ariane
    Et bien tu nous en apprends des chose, pour remonter ainsi dans le passé tu as dû sûrement consulter les archives, ou est-ce que ce sont tes sources personnelles ? En
    tous cas bravo ton article est intérèssant.
    Bonne journée. Mamy Ariane
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