• Flamberge au vent (suite 49)

     


    Un prix scolaire décerné à mon papa


    pour son certificat d’étude.


    Tellement lu et manipulé par des mains enfantines

    flamberge-au-vent 0932

     

     

    Chapitre IV (fin)

     

    Ou René et Jean prouvent une fois de plus

    Que bon sang ne peut mentir


    Une voix mâle domina l’horrible tumulte.


    C’était celle du prince de Nassau.


    -   Vive le roi ! Chargez, hardi, les enfants !

     

    Pendant ce temps, les chevaux galopaient toujours.


    Alors René oublia tout, les boulets, la mitraille, le danger.

     

    Il n’avait plus au cœur qu’un rage folle, un désir de frapper, un besoin de tuer, d’anéantir !


    Déjà, il levait son épée. Il n’était plus qu’à quelques toises des habits rouges.

     

    Tout à coup, les fusils s’abaissèrent et les balles fauchèrent la moitié de ceux que les boulets avaient épargnés.


    -   Vive le roi ! cria encore Nassau.

     

    Et, cette fois, les épées françaises entrèrent, frémissantes, dans les poitrines ennemies.


    Emporté par l’élan furieux de son cheval, René s’était trouvé au plus épais des masses anglaises.

     

    Mais que lui importait désormais !


    Il était heureux et n’aurait pas donné sa place pour un royaume, sa fine épée coupait, tranchait, trouait, et, insoucieux des balles, il continuait sa rouge moisson d’hommes, ivre de la terrible ivresse des batailles.


    Mais enfin , il ne vit plus autour de lui que des uniformes ennemis et, dans la fumée, il distingua un officier hanovrien qui lui criait en français :


    -   Rendez-vous ! rendez-vous !

    -   Jamais, répliqua René les dents serrées. Kertaillan ne se rend pas !

     

    Et, piquant son cheval, il se rua comme un furieux sur l’ennemi.


    Il fallait pourtant succomber.


    Par un bonheur incroyable, René n’avait pas encore été touché, mais son bras se lassait et ses yeux se voilaient de rouge.


    Il vit pourtant encore trois cuirassiers hollandais qui venaient sur lui. Il voulut se mettre en défense, mais son épée lui échappa de la main.


    La mort était là, désormais, inévitable, certaine.


    Déjà les sabres touchaient sa poitrine…

     

    Numeriser0060.jpg


    Mais voilà que l’un de ses adversaires tombe à la renverse, le front fracassé, un autre la gorge traversée se laisse aller sur m’arçon, le troisième veut fuir.


    Et, comme dans un rêve, René aperçoit son vieux Larseneur qui, bride aux dents, un pistolet fumant d’une main, son épée sanglante de l’autre, se jetait entre lui et les nouveaux assaillants.


    Il ne chercha pas à deviner comment le vieux serviteur se trouvait là, il haleta seulement :


    -   Voilà, Monsieur Le Marquis, riposta Larseneur en lui tendant la sienne.

     

    René s’en saisit avidement.


    Mais Larseneur était sans arme. Il eut bientôt fait d’en trouver une.


    Se penchant brusquement sur un grenadier anglais qui le tenait en joue, il lui arracha l’arme des mains, tandis que le coup partait en l’air.

     

    Alors saisissant son mousquet par le canon, il improvisa une terrible massue qui eut vite fait de déblayer la place.


    René combattait en désespéré de son côté.


    Les deux hommes semblaient invulnérables.


    Soudain, Kertaillan poussa un cri.

     

    -    Là ! là ! vois-tu Jonas, le drapeau de Royal-Normandie qu’on emporte ! Il faut le reprendre ou mourir !

    -    En avant ! dit Larseneur.

     

    Et tous deux se jetèrent encore plus avant dans les rangs ennemis.


    Nous allons expliquer comment Royal-Normandie se trouvait ainsi engagé en même temps que la cavalerie du prince de Nassau.


    Quand Maurice de Saxe était arrivé sur le lieu du combat, il avait vu l’affaire en si mauvais point qu’il voulu tenter immédiatement un effort désespéré afin de rétablir la bataille.


    Ayant réuni tout ce qu’il avait de cavalerie autour de lui, il l’avait lancé sur la terrible colonne anglaise.


    On se rappelle que Royal-Normandie l’accompagnait, et voilà comment le régiment de Vallarmis s’était trouvé à charger sur la flanc droit de l’ennemi, tandis que Nassau et ses escadrons attaquaient le flanc gauche.


    Cependant René et Larseneur avaient piqué droit devant eux, se dirigeant vers le drapeau de Royal-Normandie bien reconnaissable à sa bande azur, à un lion d’argent et qu’un groupe de grenadiers entraînait.


    -    Vite, vite Jonas, s’écria tout à coup René, j’au vu Vallarmis, il tient le drapeau, ils vont lui arracher.

     

    Comme deux lions, Larseneur et Kertaillan se ruèrent sur les grenadiers.


    Il était temps.


    Epuisé, Vallarmis allait lâcher le précieux haillon.

     

    Quand il vit ses amis, il repris courage et bientôt les trois hommes réunis firent face encore une fois aux assaillants.

     

    -    Ah ! René, tu me sauves plus que la vie, avait dit Jean en voyant son ami, tu me sauves l’honneur.

    -    Nous causerons demain, si vous voulez bien, dit Larseneur. En attendant, tâchons de nous tirer d’ici, car j’entends sonner la retraite.

    -    Reculer, jamais ! s’écria Kertaillan.

    -    Monsieur le marquis, il faut obéir d’abord. Et puis nous avons fait assez fait pour l’honneur. Ecoutez , c’est le général qui commande.

     

    Dans le lointain en effet, on entendait les trompettes françaises sonner le ralliement.

     

    René baissa la tête et mit son cheval à droite de Vallarmis dont Larseneur tenait la gauche, puis bien serrés les uns contre les autres, ils chargèrent en désespérés les rangs ennemis.


    Les Anglais, admirant tant de courage, leur firent place et bientôt nos trois amis furent hors de la fournaise.


    Aussitôt Vallarmi rallia les débris de son régiment qui combattait encore, enragés de la perte de leur drapeau.


    Quand ils le virent entre les mains de leur colonel, ce fut le délire.


    De vieux soldats pleuraient, les jeunes gens demandaient à Vallarmis de les conduire encore une fois à l’ennemi, jurant de vaincre ou de rester sur le champ.


    Mais les trompettes sonnaient toujours, impérieuses.


    Vallarmis donna des ordres, avec le sang-froid d’un vieux routier, et le Royal-Normandie, reformé, fit sa retraite en belle ordonnance.


    La bataille semblait perdue.


    Maurice de Saxe, au désespoir, faisait déjà assurer par vingt mille hommes de ses meilleures troupes, le passage de l’Escaut, que nous avions malheureusement à dos.

     

    Déjà les boulets écornaient le toit du moulin où se trouvait le roi, quand le duc de Richelieu eut une idée qui sauva tout.


    Il avait découvert derrière le moulin une importante réserve d’artillerie.


    Aussitôt, il courut au roi et lui demanda la permission de faire mettre en batterie ces pièces oubliées.


    Le roi y consentit.


    A l’instant, tout le monde se mit à l’œuvre.

     

    Gentilshommes, ducs et pairs, princes de sang, chacun se jeta sur les canons et les traînèrent devant l’ennemi.


    Camberland se croyait sûr désormais de la victoire.


    Il n’était plus qu’à quelques pas de Fontenoy, quand les canons crachèrent tous ensemble la mort dans les masses anglaises où ils firent d’horribles trouées.


    La colonne, divisée en tronçons, flotta un instant, incertaine maintenant de la victoire. Camberland perdait la tête, tout étourdi de l’aventure.


    Pour achever le désastre, le roi venait de lancer sa maison sur les Anglais.


    Tout le monde s’y précipita, tandis que Maurice de Saxe, ralliant tous ses régiments, jetait sa cavalerie sur la queue de la colonne qui tenait bon encore.


    Ce fut un horrible carnage et Royal-Normandie en prit sa part. René, Larseneur et Vallarmis ramenèrent même le fanion aux armes d’Angleterre qu’on portait à côté du duc de Camberland pour le faire reconnaître.


    Comme ils revenaient avec le régiment, ils rencontrèrent Maurice de Saxe toujours dans sa carriole d’osier.


    Ils reconnut les deux jeunes gens et leur fit signe d’approcher.


    -    Voilà une belle journée pour vous, jeunes gens, vous débuter par une belle victoire. Mais qu’est-ce que je vois-là, ajouta-t-il en désignant la fanion que tenait Laserneur.

     

    Modestement, en quelques mots, Vallarmis expliqua que c’était le guidon du duc de Camberland.


    -   Voilà qui tombe à merveille, poursuivit Maurice de Saxe. Sa Majesté vient justement par ici, vous allez lui offrir votre prise.

     

    En effet, Louis XV, accompagné d’une troupe brillante d’officiers et de gentilshommes s’avançait à la rencontre du duc de Courlande.


    Le visage du roi rayonnait et quand il fut près de la carriole, il embrassa Maurice de Saxe à deux reprises.


    Après les premiers compliments, Maurice, écartant les courtisans, fit approcher Vallarmis et Kertaillan.


    -    Voici deux jeunes gens, sire, qui veulent vous prier d’accepter quelque chose, dit le duc de Courlande.

    -    Et quoi donc ? demanda le roi.

    -    Oh ! oh ! fit le roi en prenant à son tour le guidon, voilà un cadeau qui me plait fort et que je garderai en souvenir de mon beau cousin le duc de Cumberland. Vos noms messieurs ?

    -    Je sais ce que vos pères ont fait autrefois pour le roi et pour la France, messieurs je ne suis pas étonné des prouesses des fils. Bon sang ne peut mentir. Soyez sûr que je ne vous oublierais pas.

     

    En faisant un amical signe de tête aux deux jeunes gens, il mit son cheval à côté de la litière de Maurice de Saxe pour lui faire ses adieux.


    René et Jean ivres d’orgueil auraient voulu avoir encore trois armées d’Anglais à combattre.


    Le bon Larseneur pleurait de joie.


    -   Ah ! monsieur René ! ah ! monsieur Jean ! disait-il, vous m’avez fait bien peur toute la journée, mais je ne regrette rien après ce que je viens d’entendre ! Et puis la bataille est terminée, je ne suis tranquille maintenant, vous ne ferez plus de folies.

    -    Qui sait ? dit Vallarmis avec un sourire.

    -    Hein ? s’écria Larseneur. Vous n’en avez pas encore assez !

    -    Peut-être !

    -    Mais il n’y a plus un Anglais à combattre !

    -    Il faut voir.

     

    A DEMAIN POUR LA SUITE


     
    « Un peu de légèreté...!!!Initiation à l’art du contrepet. »

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    18
    Vendredi 7 Janvier 2011 à 19:37
    Anne d'Amico

    Youpi!! on a gangé!! bravo aux 3 braves!! faut pas oublier que l'Anglais est l'ennemi héréditaire!! non mais!!

    Gros bisous Zaza!!

    17
    Vendredi 7 Janvier 2011 à 06:40
    Philippe

    J'ai oublié !!!! Bonne année  2011 !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    Philippe

    16
    Vendredi 7 Janvier 2011 à 06:39
    Philippe

    c'est toujours super de retrouver des vieux livres surtout ceux de nos ainsés, cela nous transporte aussi dans leur univers

    15
    Vendredi 7 Janvier 2011 à 05:11

    Coucou rapide : papounet hospitalisé ...
    Bonne fin de semaine ! Bisoux +++




    14
    Vendredi 7 Janvier 2011 à 00:40
    FRANCOISE

    Et bien, bataille mémorable ! a demain pour la suite. Bises. FRANCOISE

    13
    Jeudi 6 Janvier 2011 à 20:53
    Aimé jc

    Bonjour Zaza

    Que de poussière dis moi, la femme de ménage va avoir du boulot ! Rire ...

    Je n'ai pas encore abordé le sujet, mais effectivement tu dois bien t'amuser à retranscrire le texte, en tout cas merci beaucoup !

    A bientôt mon amie Zaza

    12
    Jeudi 6 Janvier 2011 à 20:46
    HOUBa

    bien commencé la nouvelle année? bonne semaine

    11
    Jeudi 6 Janvier 2011 à 19:29
    madame x

    c'était aussi violent dans le temps, mais d'une autre manière, maintenat ils tuent pour rien...regarde ce pauvre DJ...qui venait arrondir ces fins de mois dificiles je pense...bisous et

    10
    Jeudi 6 Janvier 2011 à 19:24
    SAILLY     DANY

    MOI QUI AI DU MAL A RESPIRER!!!!    les coups pleuvent à nouveau  ,  ils aimaient vraiment se battre  ces MOSSIEURS hihihihii

    <input name="coord" src="http://cadre-texte.cadriz.com/tmp/cadre-texte/4d2608d1a82a2-text.jpg?1294338267" width="350" height="350" type="image">

    9
    Jeudi 6 Janvier 2011 à 18:56
    sucre d'orge

    P'tit coucou du jour...Bisous...

    8
    Jeudi 6 Janvier 2011 à 17:34
    moqueplet

    que de mauvais coups ils se donnent.....je te dis quand même à demain.......belle soirée

    7
    Jeudi 6 Janvier 2011 à 16:53
    noel

    Un tres beau roman et un grand travail de reécriture ,bravo

    noel

    6
    Jeudi 6 Janvier 2011 à 15:57
    francine94@hotmail.f

    bonjour,l'ordinateur est réparé; l'épaule, ça va couci couça, demain journée à la clinique, j'en saurai plus!
    bonne journée bisous

    5
    Jeudi 6 Janvier 2011 à 14:09
    4
    Jeudi 6 Janvier 2011 à 11:13
    Louly cot cot cot

    Bon jeudi sous la pluie ! bises *

    3
    Jeudi 6 Janvier 2011 à 09:31
    Mounette

    Bon je vous laisse entre bretonnant car si ma grand mère le parlait moi la parisienne ne l'approche que du coeur.

    Diantre ces jeunes fens si fougueux m'ont donné des émotions je file faire mes courses

    Bisous

    Mounette

    2
    Jeudi 6 Janvier 2011 à 08:10
    Douar_Nevez

    Un récit épique qui tient en haleine! Ouf René est sauf .

     

    La grammaire française n'est pas mal non plus. Il n'y a qu'à travailler .

    Pokoù bras deoc'h ha ken ar c'hentañ.

    1
    FLB
    Jeudi 6 Janvier 2011 à 07:18
    FLB

    Une belle boucherie que cette bataille, comme quoi, d'époque en époque, une guerre n'est jamais "propre" !

    Bises la Zaza !

     

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :