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Flamberge au vent (suite 17)
Un prix scolaire décerné à mon papa
pour son certificat d’étude.
Tellement lu et manipulé par des mains enfantines
Chapitre IV
Ou l’on traite de plusieurs sujets
Nécessaires à l’intelligence
De cette merveilleuse et véridique histoire
C’est là que Moréna chantait et dansait en s’accompagnant d’un tambour de basque avec les femmes de la tribu de Bohême au milieu de laquelle elle vivait.
Elle se rappelait vaguement que les Bohémiens lui donnaient autrefois un autre nom, mais elle l’avait oublié.
Une vieille femme qui avait une grande influence sur les Gitanes s’occupait spécialement d’elle et lui avait appris à lire dans les lignes de la main.
Sa science était devenue très grande et elle gagnait beaucoup d’argent pour la troupe.
Elle n’était ni heureuse, ni malheureuse, elle vivait à la façon des bêtes et se laissait aller à tous les instincts.
Pourtant, il lui restait au fond du cœur un sentiment de fierté étrange chez cette coureuse de grand’routes et une indomptable volonté qui ne pliait ni devant la menace, ni devant les coups.
Puis, un soir, il allait y avoir trois mois de cela, Thoumès, l’un des chefs de la troupe, un grand vieillard au nez crochu et aux yeux louches, l’emmena avec lui sans lui dire où ils allaient.
Longtemps, ils marchèrent.
Enfin, un matin, ils virent devant eux, se dresser de hautes montagnes.
C’était les Pyrénées.
Le soir, les deux voyageurs couchèrent dans une mauvaise auberge d’Irun.
Le lendemain, il étaient en France.
Ils continuèrent leur route jusqu’à Pau.
Là, Mistouflet rencontra Thoutmès et lui compta de l’argent, puis le vieux Gitan lui dit : « Suis cet homme, » et partit reprenant ainsi, la route d’Espagne.
Elle avait fait le reste du voyage par le coche, en compagnie du bel Hippolyte et était arrivée à Paris où on l’avait jetée dans l’étrange caveau où nous l’avons rencontrée.
Tandis que Morena rêvait, Pfiffer d’Altishoffen se plaignait dans son lourd sommeil. Enfin, il rouvrit péniblement les yeux qu’il roula, effarés, autour de lui, voulut faire un mouvement et s’arrêta net en proférant un abominable juron.
Puis, il aperçut la petite fille.
- Gu’est-ce que du vais là ? demanda-t-il.
Morena ne répondit pas. Elle était bien loin, elle était sur quelques chemin poudreux de Catalogne dansant et chantant en agitant son tambour.
- Allons, tonne-moi à poire, reprit-il.
Morena ne bougea point, peut-être rêvait-elle à ces douces nuits d’Andalousie, où la brise passe comme une caresse parfumée sous le ciel criblé d’étoiles.
Pfyffer d’Altishoffen enrageait.
Mais il ne pouvait pas bouger.
Il demanda à boire, en allemand, en français et en polonais... jura de la plus terrible façon, roula des yeux épouvantables, mais rien n’y fit : la jeune fille, emportée par son rêve, continuait à ne pas répondre.
Alors, Pfyffer d’Altishoffen se mit à pleurer.
Chose étrange, au bruit des sanglots du soudard, Morena tourna la tête.
Alors Pfyffer d’Altishoffen joignit les mains et balbutia :
- Tonnez moi à poire, ma bedite temoizelle, che fous en brie.
Morena fronça le sourcil.
- Tu souffres beaucoup, n’est-ce pas ? demanda-t-elle.
- Horriplement, ma ponne bedite. Z ‘est l’enver gue ch’ai tans le gorps.
- Eh bien ! souffre ! Je souffre bien, moi.
Là-dessus Morena se leva et se dirigea vers le coin qu’elle avait choisi pour sa retraite.
Pfyffer d’Altishoffen poussa un beuglement.
- Ne m’apandonne pas, anche di ziel ! soupira-t-il avec une indicible expression de terreur.
Morena continua de s’éloigner.
- Ah ! dit le gros homme en retombant sur son grabat, le bedit René, il aurait mieux vait te me duer dout à vait !
A ce nom de René, la jeune fille s’arrêta
- Tu as parlé de René ? interrogea-t-elle.
- Oui ma ponne bedite temoizelle.
- Est-e celui que vous vouliez faire disparaîre ?
- Chustement.
- Que lui est-il arrivé ?
- Il ne lui est rien arrifé tu dout. Z’est à moi qu’il est arrifé guelgue chose.
- Enfin, tu l’as vu ce René ?
- Barfaidement, buisgue z’est lui gui m’a tonné ce crand goup d’ébée tont je fais mourir.
Les beaux yeux de Morena s’étincelèrent.
- Alors il est brave ? dit-elle avec un sourire presque cruel
- Gomme un tiaple, ma mignonne, gomme le crang Roland, gomme le chéant Pri… ouf ? che n’en buis blus . Tonne-moi à poire ! che prule !
- Je veux bien te donner à boire, mais à une conditions.
- Laguelle ?
- Tu me parleras de René.
- Dant gue zela de verras blaisir.
- Alors tenez.
Et avec un geste adorable, Morena souleva la lourde cruche qu’ont avait laissée à quelques pas du blessé et la lui tendit.
Le soudard appliqua avidement le goulot à ses lèvres et but longtemps.
Enfin, il rendit la cruche à Morena en disant :
- Che n’aurais jamais gru gue l’eau elle me baraîdrait si ponne.
- Maintenant, reprit Morena, dis-moi comment est René.
- Il est peau gomme les amours.
- Quel âge a-t-il !
- Bas encore fingt ans.
- Des yeux ?
- Noirs gomme la nuit.
- Des cheveux ?
- On tirait te l’or et zi longs, et zi soyeux !
- Bien merci, dit Morena, quand tu auras soif, tu me demanderas à boire, et quand tu auras bu tu me parleras de René.
Pfyffer d’Altishoffen ne répondit pas.
Il s’était rendormi.
Quant à Morena, accroupie sur ses coussins, elle rêvait de ce jeune homme inconnu qui de sa fine épée, jetait bas les plus vieux spadassins de France et d’Allemagne.
En sortant du caveau, Rosencœur, Hippolyte et la Colombe étaient montés chez Galaxaure.
La vieille sorcière buvait, à petits coups, un grand verre de genièvre.
- Ah ! vous voilà, dit-elle en apercevant les trois hommes, ce n’est pas malheureux.
A DEMAIN POUR LA SUITE
Tags : , morena, moi, pfyffer, d’altishoffen
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Commentaires
t'es sure que tout ça c'est vrai....? punaise! je suis passée quand même, mais j'ai les yeux qui clignottent...et suis pas prête de me coucher....bonne nuit...bisous.
J'aime le langage... c'est drôle...po vrai ma Zaza... quel courage tu as à tout recopié pour nous...merci bisous
Il est très bien illustrè ton livre ! Passes une bonne soirée ainsi qu'une excellente semaine. @+ Amicalement. Patrick.
Une ancêtre d'Esméralda, fasse à un soudard assoiffé, je n'aimerais pas qu'une fois guéri il ne lui fasse du mal !
Bisousssss ma Zaza
Bonjour Zaza,
Toujours très agréable de te lire ... on attend donc la suite avec cette impatience qui me caractérise maintenant: une addiction à ton oeuvre!
Amitiés
Bonjour ma Zaza chérie
Bon je pense que c'est la petite soeur de René
Mais je vais attendre demain pour avoir la suiteJe te souhaite ma douce un excellent dimanche
Gros bisous Méline
Comme je suis très en retard dans mes visites, je te fais un com groupé! Cette histoire est palpitante!! Ah! on savait récompenser les bons élèves à l'époque!!
J'espère que la neige va arrêter de tomber chez vous et que le temps va être un peu plus clément!
Gros bisous ma Zaza!
La belle demoiselle va retrouver son beau René, ils vont se marier et avoir beaucoup d'enfants !!! Je me trompe ? Il y a un hic à quelque part ? Bises. FRANCOISE
Y a un truc qui me chiffonne, pourquoi "acheter" cette fille pour la mettre dans ce sombre caveau à longueur de journée ?
L'explication est sans doute dans la suite de cette histoire
Vive le Bretagne, qui a les plus belles (une en particulier) filles de France !
Bises et bon dimanche
La jeune fille retrouvera-t-elle le beau René !!!
Bon dimanche Zaza
L'épisode neige semble pour nous terminé le vent fait tomber des paquets de neige des grands arbres et la pluie arrive !!!
Bisous
Mounette
pas facile à lire, mais tu as dû avoir du mal pour taper ce texte.....passe une belle journée et à demain
C'est toujours aussi passionnant de te lire ...bises et bonne journée
Temps sec ici ce matin
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À demain pour la suite, Bisous ZAZA bye