• Outre les rebondissements de l’affaire Jérôme Cahuzac, les suspicions Médipart sur un compte ouvert en Suisse par Jean-Marie Le Penn (affaire à suivre…)  et de l’évasion fiscale en Europe, un phénomène quasi mondial bien plus inquiétant menace directement l’Europe.

    Les trous noirs de la finance (offshore leaks)

    (La quasi-intégralité des articles publiés dans la presse internationale est disponible en anglais sur le site de ICIJ). Pas un pays n’est épargné. Une véritable industrie autour de ces paradis fiscaux.

    Pour mieux comprendre le mécanisme, prenons l’exemple publié par Le Huffington Post d’un document de BNP Paribas Wealth management (gestion de fortune) en Suisse réalisé pour l’information de ses clients. Tout le jeu consiste à masquer la véritable identité du bénéficiaire.

    L’exemple pris est celui d’une grande fortune ukrainienne. Selon les recommandations de la banque, ce client crée d’abord un trust dans les îles Vierges britanniques, et ce trust investit dans une société maltaise.

    Triste monde … !!!

    Et hier après midi, on apprenait, au moment où les révélations de l’Offshore Leaks mettent en lumière l’ampleur des méfaits des paradis fiscaux, ce nouvel épisode autour du Printemps qui illustre combien l’évasion fiscale est devenue une pratique courante dans nombre de grands groupes.

    La folie du gain, la cupidité ambiante ne paraît pas s’arrêter là : le PDG du Printemps, Paolo De Cesare, apparaît lui aussi concerné. (http://www.mediapart.fr/journal/economie/020413/printemps-les-millions-de-commissions-promis-par-le-qatar)

    La cerise sur le gâteau,

    l’Europe est au cœur des paradis fiscaux.

    Pas moins de trois pays européens, membres de la zone euro, participent à ce montage et il semblerait qu’il pourrait y en avoir plus.

    Entre l’Irlande, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, l’Autriche, le Luxembourg, Malte, la Lettonie, la Lituanie, Chypre, l’espace européen est affecté lourdement par ces phénomènes financiers.

    L’Europe a fermé les yeux sur le paradis fiscal chypriote et pourtant les membres de l'U.E. connaissaient parfaitement la situation de Chypre, quant au blanchiment d'argent sale. Pour rappel Chypre (une île divisée en deux)

    Triste monde … !!!

    est entrée au sein de l’UE le 1er mai 2004 et a été accepté dans la zone euro le 1er janvier 2008.

    La tempête provoquée par ces différentes révélations oblige les différents responsables de pays à réagir.

    La commission européenne s’est émue lundi dernier de la résistance de l’Autriche à lever son secret bancaire (http://www.mediapart.fr/journal/international/080413/la-lutte-contre-levasion-fiscale-en-europe-bute-sur-lunanimite)

    Cela sent très mauvais ... !!!

    Le ministre luxembourgeois des finances, Luc Frieden a déclaré que le grand-duché étudiait une levée au moins partielle du secret bancaire. (http://online.wsj.com/article/SB10001424127887323550604578408721050676326.htm)

    De son côté, le ministre allemand des finances, Wolfang Schäube dénonce une « coopération internationale laborieuse » (http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0202685958842-paradis-fiscaux-schauble-denonce-une-cooperation-internationale-laborieuse-555572.php) pour venir à bout des paradis fiscaux et promet même de renforcer les règles allemandes (http://www.spiegel.de/international/germany/offshore-leaks-german-offenders-face-tough-road-ahead-a-892728.html) en attendant de mettre à nouveau la question à l’agenda européen.  

    Sous la pression des pouvoirs publics et de Berlin, le Crédit suisse a annoncé un durcissement de ses règles, au moins à l’égard de l’Allemagne. 

    A l’avenir, a-t-il prévenu, il n’accepterait plus les clients allemands qui ne prouveraient pas qu’ils sont en parfaite conformité avec le fisc de leur pays.

    Le gouvernement britannique se retrouve aussi sur la sellette. Le Guardian, dans un de ses articles (http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2013/apr/05/offshore-industry-britain?INTCMP=SRCH) pointait la responsabilité écrasante de la Grande-Bretagne dans les processus d’évasion fiscale : les îles Vierges britanniques sont sous la responsabilité de la couronne. Il pressait le gouvernement d’agir pour en finir avec ce scandale.

    Pour la première fois, le premier ministre britannique, David Cameron, interrogé par Le Monde et d’autres journaux européens a dû répondre sur cette question : « Nous estimons qu'il y a une série de principes de transparence, d'échange d'informations que nous pouvons promouvoir au niveau du G8 comme du G20 tout en encourageant nos territoires d'outre-mer et d'autres, dont nous avons la responsabilité, de s'y joindre aussi. C'est un bon agenda », a-t-il répondu. Autant dire que le gouvernement britannique n’est pas pressé d’agir.

    La seule question qui compte, après les révélations de l’offshore leaks.

    Au-delà des déclarations offusquées de certains, y a-t-il cette fois une vraie volonté politique de s’attaquer à ces trous noirs de la finance, qui sont devenus des cancers pour les pays ?

    (Sources Médiapart, Le Monde, Les Echos, Le Spiegel, Le Guardian)  

     


    28 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique