• "Le bien d'autrui tu ne prendras, ni retiendras injustement"

    Le septième commandement (3ème partie)

         Troisième partie

    Poulpiquet et ses trois compères se glissèrent en riant dans la vielle souche de bois par laquelle ils étaient arrivés.

    Le septième commandement (3ème partie)

    Une fois le nuage dissipé, Erwann se prit la tête entre les mains. Le paysage avait repris son aspect initial. Tout le travail effectué venait d’être effacé d’un seul claquement de doigt.

    Le septième commandement (3ème partie)

    Il rentra chez lui, en compagnie de ses deux fils, et s’endormit dans son lit encore plus exténué par ce qu’il avait vu que par la fatigue de la journée.

    Le lendemain matin, à son réveil, il se persuada que ce qu’il avait vu la veille ne pouvait être qu’un cauchemar.

    Certes, il ne remettait pas en cause l’existence des Korrigans, mais quand même, démolir tout son travail d’un claquement de doigt, nul ne peut en ce monde faire cela.

    Le septième commandement (3ème partie)

    Pourtant, une fois sorti de sa maison, Erwann dut se rendre à l’évidence, le talus avait bel et bien disparu.

    - « Qu’à cela ne tienne ! » Cria-t-il, « Diable de Poulpiquet, tu te lasseras avant moi ! »

    Et il se remit au travail. 

    Le septième commandement (3ème partie)

    Trois jours durant ils recommençèrent trois nuits durant.

    Poulpiquet vint pendant son sommeil tout effacer d’un claquement de doigt.

    Les gens ne riaient plus dans le bourg de Plovan.

    Tous les volets des maisons se fermaient à double tour bien avant la tombée de la nuit.

    Chacun savait qu’il y avait dans ces disparitions de talus un maléfice qui ne pouvait être l’œuvre que d’esprits malins.

    Il valait mieux éviter de trop s’approcher d’Erwann pour ne pas avoir à risquer de goûter aussi de son malheur.

    Même Brewal et Jakez firent leur baluchon et partirent s’engager dans la Royale (marine nationale)  pour fuir leur père poursuivi par la guigne.

    Erwann resta seul, mais le bougre est plus têtu que son âne boiteux.

    Le septième commandement (3ème partie)

    Ce jour-là, au-lieu de travailler, il alla se coucher, dormit toute la journée, et, à la nuit tombée s’assit devant la souche

    Le septième commandement (3ème partie)

    de l’arbre pour attendre la venue de Poulpiquet.

    Seulement Poulpiquet ne vint pas, pourquoi serait-il venu ? Il n’y avait rien à défaire.

    Poulpiquet n’est certes pas venu, mais ce n’est pas pour autant qu’Erwann n’eut pas de la visite.

    Vers minuit, un bien triste personnage, entièrement revêtu d’une longue cape, s’approcha d’Erwann en marchant à pas feutrés.

    Le septième commandement (3ème partie)

    Oh ! Celui-là je le connais bien ! Il m’a même volé mon nom lors d’une de nos nombreuses rencontres, mais ceci, ceci est aussi une autre histoire que je vous conterai peut-être un autre jour.

    Le Malin, puisqu’il faut bien l’appeler par ce nom, vint donc trouver notre pauvre Erwan et lui tint ce langage.

    -  « Que t’arrive-t-il Erwann Kerzauzon ? Aurais-tu des soucis avec ces petits sacripants des bois ? Je ne les aime pas beaucoup moi non plus, ce sont de mauvais drôles ! Sais-tu qu’il leur arrive aussi de contrarier mes plans parfois ?»

    - « Ce coquin de Poulpiquet ne perd rien pour attendre, qu’il se montre un peu ! » Cria Erwann dans la nuit en brandissant sa pioche au-dessus de sa tête.

    - « Je peux peut-être t’aider ? »

    Erwann resta pétrifié un long moment. Désespéré comme il l’était cela ne lui coûtait rien de parler avec le diable. Mais, de là à accepter son aide… méfiance !

    Qu’est-ce que le cornu pourrait bien lui demander en échange ? Erwann se risqua à prolonger cette conversation.

    - « Malgré tous tes pouvoirs, sombre personnage, je ne vois pas bien comment tu pourrais m’aider ? »

    - « Je pourrais demander à mes démons

    Le septième commandement (3ème partie)

    de te construire ton talus et ta route cette nuit et y ajouter une bonne dose de maléfice qui empêcherait Korian de le détruire ! »

    Erwann réfléchissait.

    La proposition du diable était bien tentante. Son talus et son chemin construits en une seule nuit, Poulpiquet

    Le septième commandement (3ème partie)

    empêché de nuire, c’était plus qu’il ne pouvait en rêver. Seulement voilà, habituellement le diable n’est pas du genre généreux.

    - « Je dois avouer que ta proposition est tentante, mais ? Que me demandes-tu en retour ? Veux-tu que je te vende mon âme ? »

    - « Oh non Erwann ! Tu songes t’enrichir sur le compte des amis et des familles des morts, avec de telles pensées, tu peux être assuré que ton âme m’appartient déjà ! Ta place en enfer t’est déjà réservée !»

    Le septième commandement (3ème partie)

    - « Alors que veux-tu ? »

    Le diable ouvrit sa cape et tendit à Erwann un panier en osier dans lequel il avait disposé douze bolées.

    Le septième commandement (3ème partie)

    - « Prends ces bolées, après chaque enterrement, quand les villageois viendront boire chez toi au retour du cimetière, tu leur serviras le cidre dans ces bolées ! Je pense que les douze ne seront pas de trop ! Une fois que tu te seras servi des douze, tu pourras te servir des tiennes !»

    - « C’est tout ? »

    - « C’est tout ! »

    - « Mais… ? Qu’ont-elles de spéciales ces bolées ? »

    - « L’âme de celui ou de celle qui boira dans la dernière me reviendra à son trépas ! »

    - « Une âme à chaque enterrement ! Tu n’y perds pas au change ! »

    - « Tous ces gens se moquent de toi depuis que tu as eu l’idée de construire ce talus ! Que t’importe leurs âmes ! »

    - « Et je dois impérativement me servir des douze bolées ! »

    - « A chaque enterrement, sans faute, si tu acceptes de faire cela, je te construis route et talus cette nuit ! »

    - « Et bien c’est d’accord ! Au diable tous ces idiots !»

    - « Mais n’oublie pas, si jamais tu oublies de servir une bolée je viendrai détruire route et talus et te prendre ton âme sur le champ ! »

    Le lendemain ne fut pas jour facile, Erwann dut expliquer à tous les villageois comment il avait pu réussir tout seul ce tour de passe passe en construisant le talus et le chemin en une seule nuit.

    Le septième commandement (3ème partie)

    Il leur expliqua que les fées, les elfes et les korrigans avaient eu pitié de son mauvais sort et étaient venus toute la nuit construire le talus pour lui.

    Le septième commandement (3ème partie)

     

     

    Fin de la troisième partie

     


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