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    Le Château De Cristal


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    Kement-man oa d’ann amzer
    Ma ho devoa dennt ar ier.


    Ceci se passait du temps
    Où les poules avaient des dents.


    Il y avait une fois deux pauvres gens, mari et femme, qui avaient sept enfants, six garçons et une fille.


    Le plus jeune des garçons, Yvon, et la fille Yvonne, étaient un peu pauvres d’esprit, ou du moins le paraissaient, et leurs frères leur faisaient toutes sortes de misères.


    La pauvre Yvonne en était toute triste, et ne riait presque jamais.


    Tous les matins, ses frères l’envoyaient garder les vaches et les moutons, sur une grande lande, avec un morceau de pain d’orge ou une galette de blé noir pour toute pitance, et elle ne revenait que le soir, au coucher du soleil.


    Un matin que, selon son habitude, elle conduisait ses vaches et ses moutons au pâturage, elle rencontra en son chemin un jeune homme si beau et si brillant qu’elle crut voir le soleil en personne.


    Et le jeune homme s’avança vers elle et lui demanda :
    — « Voudriez-vous vous marier avec moi, jeune fille ? »


    Voilà Yvonne bien étonnée et bien embarrassée de savoir que répondre.
    — « Je ne sais pas », dit-elle, en baissant les yeux. « On me fait assez mauvaise vie, à la maison. »
    — « Eh bien ! Réfléchissez-y, et demain matin, à la même heure, je me retrouverai ici, quand vous passerez, pour avoir votre réponse. »


    Et le beau jeune homme disparut, alors.


    Toute la journée, la jeune fille ne fit que rêver de lui.


    Au coucher du soleil, elle revint à la maison, chassant devant elle son troupeau et chantant gaîment.


    Tout le monde en fut étonné, et l’on se demandait :
    — « Qu’est-il donc arrivé à Yvonne, pour chanter de la sorte ? »


    Quand elle eut rentré ses vaches et ses moutons à l’étable, elle se rendit auprès de sa mère, et lui conta son aventure et demanda ce qu’elle devait répondre, le lendemain.
    — « Pauvre sotte ! » Lui dit sa mère,
    « quel conte me faites-vous là ? Et puis, pourquoi songer à vous marier, pour être malheureuse ? »
    — « Je ne le serai jamais plus qu’à présent, ma mère. »


    Sa mère haussa les épaules, et lui tourna le dos.


    Le lendemain matin, aussitôt le soleil levé, Yvonne se rendit, comme à l’ordinaire, à la grand’lande, avec ses vaches et ses moutons.


    Elle rencontra, au même endroit que la veille, le beau jeune homme, qui lui demanda encore :
    — « Eh bien ! Mon enfant, voulez-vous être ma femme ? »
    — « Je le veux bien », répondit-elle, en rougissant.
    — « Alors, je vais vous accompagner jusque chez vos parents, pour demander leur consentement. »


    Et il alla avec elle chez ses parents.


    Le père et la mère et les frères aussi furent étonnés de voir un si beau prince, et si richement paré, vouloir épouser la pauvre bergère, et personne ne songea à dire non.
    — « Mais, qui êtes-vous aussi ? » demanda pourtant la mère.
    — « Vous le saurez, le jour du mariage », répondit le prince.


    On fixa un jour pour la cérémonie et le prince partit, alors, laissant tout le monde dans le plus grand étonnement, et l’on s’occupa des préparatifs de la noce.


    Au jour convenu, le prince vint, avec un garçon d’honneur presque aussi beau que lui.


    Ils étaient montés sur un beau char doré, attelé de quatre magnifiques chevaux blancs.

     

    Ils étaient si parés et si brillants, eux, leur char et leurs chevaux, qu’ils éclairaient tout, sur leur passage, comme le soleil.


    Les noces furent célébrées en grande pompe et
    avec beaucoup de solennité.

     

    En se levant de table, le prince dit à la nouvelle mariée de monter sur son char, pour qu’il la conduisît à son palais.


    Yvonne demanda un peu de répit, afin d’emporter quelques vêtements.
    — « C’est inutile », lui dit le prince, « vous en trouverez à discrétion, dans mon palais. »


    Et elle monta sur le char, à côté de son mari. Au moment de partir, ses frères demandèrent :
    — « Quand nous voudrons faire visite à notre sœur, où pourrons-nous la voir ? »
    —  « Au Château de Cristal, de l’autre côté de la Mer Noire », répondit le prince.


    Et il partit aussitôt.


    A DEMAIN POUR LA SUITE

     


     

     


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