Défi des croqueurs de mots N°160 ... !!!

Lenaïg Boudig est à la barre des Croqueurs de mots ICI

Son thème: " Un personnage sort du livre ! "
 

J’ai donc choisi de faire sortir le Chat Botté, héros du conte de Charles Perrault.

Je vous propose un dialogue entre ce chat

et son auteur !

- Bonsoir Charles.
- Bonsoir Maître Chat. Mais que faites-vous ici, vous êtes sorti du conte que j’écrivis à la fin du XVII ème siècle ?
- Je suis venu rouspéter cher auteur. Et oui, depuis tout ce temps, vous m’avez collé sur le dos une étiquette des plus détestable !
- Comment, comment, Maître Chat ? Vous devriez être heureux d’avoir aidé le plus jeune des fils de ce meunier. Vous étiez son unique héritage.
- Parlons-en ! Il voulait me bouffer.

 - Mais votre persuasion l’a transformé en Marquis de Carabas.
- Oui, mais à quel prix ! Il a fallu que je chasse,

et que je redouble d’imagination pour amadouer ce roi vaniteux et intéressé, en lui apportant le gibier que j’avais capturé.

J’ai dû inventer des histoires à dormir debout pour rendre mon jeune et pauvre maître, honorable, respectable et riche...

 - Certes !
- Ne me coupez pas la parole Charles ! Avez-vous oublié les risques que vous m’avez fait prendre quand j’ai rencontré l’ogre ?

 - Vous exagérez Maître Chat.
- Comment ? J’exagère ! C’est la meilleure ! Il a fallu que j’use de subterfuges pour le faire changer de forme. Quand il s’est mué en lion,

avec ces bottes grotesques dont vous m’avez affublé, j’ai failli me tuer en grimpant sur le toit !
- Oui, d’accord, mais ensuite vous avez su le mettre au défi de le faire se transformer en souris et vous l’avez croquée.
- Bien sûr ! Mais est-ce vous, depuis ce temps, qui faites de l’aérophagie ?
- Allez Maître Chat ! Arrêter de ronchonner et reconnaissez que votre jeune Maître a tiré le bon numéro en héritant de votre petite personne !
- Vous trouvez, vous ? Moi, le chat de ce moulin si paisible  assurant son travail de chasseur de rat et de souris, car un chat, c’est fait pour cela, n’est-ce pas ! Vous m'avez rendu menteur, manipulateur, matois, machiavélique ! Vous avez ruiné ma réputation et celles de certains de mes congénères !
- Mais grâce à vous, votre jeune maître a épousé la fille du roi !

 - Cette bécasse naïve à souhait, ce laideron, alors que mon maître, si jeune, si beau aurait pu prétendre à une jeune fille plus élégante. Même sans le sou et bien accompagné, il aurait été heureux. Il aurait travaillé de ses pognes, plutôt qu’endosser un rôle et des habits qui n’étaient pas taillés pour lui.
- Mais il a été heureux avec la fille du roi !
- Si c’est cela que vous appelez le bonheur, Charles, vous vous trompez lourdement. Il a toujours regretté la simplicité de sa vie d’antan. Les fêtes, le pouvoir, les richesses le fatiguaient et pesaient sur son moral. Il s’est consumé doucement dans ce milieu qui n’était pas le sien. Il a fini par dépérir et mourir sans laisser d’héritier. Voyez Charles, outre avoir ruiné ma réputation de chat, vous m’avez rendu orphelin. Depuis, j’erre dans cette éternité que vous m’avez réservée. A chaque fois que votre conte est lu, car il se lit encore au XXI ème siècle,

j’éprouve tant de souffrances !