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Flamberge au vent (suite 31)

 

Un prix scolaire décerné à mon papa


pour son certificat d’étude.


Tellement lu et manipulé par des mains enfantines

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Chapitre premier (fin)

 

Comment Anaxibie, la bonne jument de M. des Haudriettes

Eut des tranchées dont elle pensa mourir

 


Au même moment M. des Haudriettes et M. de Pimprenelle, ce dernier monté sur un bidet d’assez bonne apparence, firent leur entrée en saluant à droite et à gauche avec beaucoup de courtoisie.


Mais le bidet de M. de Pimprenelle manifestait des inquiétudes, il ne pouvait rester en place, sa croupe s’agitait d’une façon désordonnée.


Le précepteur de Jean, tout à fait inquiet de ces dispositions auxquelles il n’était pas accoutumé, chercha au moyen de quelques bonnes paroles à calmer son cheval.


-   Allons, Pégase, disait-il, méritez votre nom glorieux. Je ne suis pas Apollon, au contraire, néanmoins les Muses veulent bien parfois me sourire ! Allons, Pégase, allons, noble coursier, calmez votre généreuse ardeur.


Mais Pégase ne voulait décidément rien entendre.


Après avoir encore remué quelques instants, il sembla tout à coup se décider, et se lança à fond de train en direction de la forêt.


Toute la chasse vit passez comme un boulet M. de Pimprenelle qui, blême et tremblant, se cramponnait eu pommeau en hurlant d’épouvante.

 

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Deux minutes après, il avait disparu dans la profondeur des futaies.


Quand les assistants ne purent plus voir M. de Pimprenelle et sa monture enragée, les regards se portèrent sur M. des Haudriettes et sur sa jument qui formaient à eux deux, l’un des plus étranges spectacles qui pût se voir.


Anaxibie, raide, comme si elle eût été en bois, tournait vers son maître sa longue tête osseuse et le considérait d’un œil bizarre qui semblait implorer.


Très ennuyé d’être le point de mire de toute l’assistance, M. des Haudiettes fit sentir l’éperon à sa monture.


Aussitôt Anaxibie commença une série de contorsions anormales.


Un moment, elle eut les jambes de devant et celle de derrière absolument croisées. Et puis toujours ce cou, cette tête et cet œil qui suppliaient.

 

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Les rires commencèrent à se faire entendre.


M. des Haudriettes n’hésita plus. Il leva sa houssine et frappa Anaxibie.


Alors on vit une chose étrange : Anaxibie se mit à danser, remuant toujours son cou de girafe et sa tête extraordinaire.

 

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Cette fois, personne n’y tint plus.

 

Chacun se tenait les côtes et roulait sur sa selle.


M. des Haudriettes absolument affolée se mit à rouer de coups sa monture.

 

L’effet fut immédiat.


Sous cette correction, Anaxibie gambada furieusement, rua, se cabra puis alors éclata une pétarade effrayante, épouvantable, interrompue.

 

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C’était un vacarme assourdissant. On se serait cru à quelque bataille, au plus fort de la mousquetade.


Les assistants n’en pouvaient plus, rire inextinguible les secouait sans relâche, les chevaux se cabraient, les chiens donnaient de la voix à pleine gorge, les piqueux juraient comme des templiers.


-   C’est une honte, vertuchoux ! une ignominie, harnibieu ! clamait dans le bruit la comtesse Ernestine Le Hault de Rabacourt, dont le front s’empourprait de colère.


M. des Haudriettes, dont le visage avait exactement de la couleur de l’aubergine, fit un suprême effort.


Il enfonça jusqu’aux talons ses éperons dans le ventre de la pauvre Anaxibie qui fit un bond prodigieux et disparut à son tour dans la direction de la forêt.

 

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Quand le bruit de ma mousquetade se fut éteint dans l’éloignement, la comtesse douairière reprit toute sa dignité.


-   En chasse, messieurs, mes amis, dit-elle, suivons la route du Plaisir en invoquant le nom de Diane. En chasse, puisque ce malpropre nous a enfin quitté. Mort de ma vie, quelle canonnade !


Tout le brillant escadron s’ébranla au milieu des fanfares et des hourras.


Quelques minutes après, il ne restait plus dans la cour que notre ami Félicien Mirabiche.

 

Il s’était laissé aller par terre et pleurait à chaudes larmes, à force de rire.


Il était vengé.


La préparation purgative avait produit son effet.


A DEMAIN POUR LA SUITE

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F
j'ai bien rigolé ! Bises. FRANCOISE
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Q
Les dessins illustrent avec beaucoup d'humour l'épisode, j'adore !!!   Pauvre cheval !   Passe une bonne semaine, Zaza. Bisous.
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C
:-)) Les illustrations sont magnifiques. Bisous ZAZA bye
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F
Tout ça pour un pet ? Bises tardives une fois de plus, WE chargé !
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J
Bonjour, Je trouve cette " Tartarinade" impayable. Je découvre cette prose si drôle, les dessins uniques et d'une expression sans pareille, bref, j'adore. J'ai en ma possession aussi un prix d'excellence de mon Tonton Léon datant de 1924 le titre " "Le ROBINSON SUISSE" est une suite d'aventures rocambolesques moins drôle que celle de Monsieur Des Haudriettes, et le livre aussi est en meilleur état. Cordialement JG.
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