Réalité, rêve ou cauchemar ?
Certains et certaines se demandent si je n'ai pas perdu le fil de cette nouvelle écrite il y a quelques années. Eh bien non, pas du tout ! L'histoire n'est pas banale et complètement surréaliste. Le nombre de personnages clef se multiplient et pourtant, quand vous arriverez au dernier chapitre, vous allez dire comme notre ami le commissaire Bourrel, "Bon dieu, mais c'est bien sûr ....!"
- Deuxième partie -
... Je suis en Irlande,
et je me promène dans les rues de Galway, quand, devant une boutique de prêt à porter,
je remarque un jeune homme d’une bonne trentaine d’années.
Oh, j’aurais pu regarder tout autre chose à ce moment-là, mais vous savez une fois endormie les choses se passent parfois très bizarrement.
Je n’ai pas vu son visage tout de suite, en fait mon attention fut accrochée par le timbre de sa voix. Et c’est comme si le son de cette voix alla chercher au plus profond de ma mémoire le souvenir du visage et du sourire de John.
Moi qui suis d’ordinaire plutôt timide, je me suis risquée à lui adresser la parole, quand on rêve tout paraît si simple même pour le plus timide des femmes, il n’y a plus de barrières. Je l’ai abordé le plus simplement du monde, juste en prononçant son prénom :
- « John ? »
Il se retourna l’air assez surpris.
- « Oui ? »
- « Tu ne te rappelles sans doute pas de moi. »
- « Excusez-moi, mais je n’ai pas l’impression de vous connaître. »
- « Tu es venu en France, à l’île de Batz, il y a plus d’une quinzaine d’années dans le cadre d’un échange culturel, j’étais dans la même promotion que ta correspondante. »
- « Excusez-moi, mais vous devez faire erreur, je n’ai jamais mis les pieds en France. »
- « Vous vous appelez bien John ? »
- « Oui en effet, mais je vous assure que je suis jamais venu en France quand j’étais étudiant, cela fait bien longtemps que je rêve de visiter ce si beau pays, malheureusement, je n’y suis jamais allé. »
- « C’est incroyable, vous ressemblez étrangement à un jeune homme que j’ai connu quand j’étais adolescente, vous avez la même intonation de voix, le même accent. Sa meilleure amie s’appelait Angie. »
- « J’ai eu une amie de classe qui se prénommait Angelina et qu’on appelait plus communément Angie,
cependant je peux vous assurer que ni elle ni moi n’avons fait de voyage en France à cette époque. »
- « C’est vraiment curieux, est-ce que je peux vous inviter à prendre un verre à la terrasse d’un café ? Ne refusez pas, je vous en prie. »
- « Pourquoi pas, je n’ai rien de spécial à faire cet après-midi et je vous avoue que » ...
... Le téléphone sonna, je me suis réveillé en sursaut ne sachant plus très bien où j’étais.
Je mentirais si je prétendais n’avoir jamais rêvé auparavant, cependant ce rêve-là me paraissait si différent, si réel, j’en étais déboussolée.
J’étais tellement obnubilée par ce songe que j’ai oublié de décrocher le téléphone et le répondeur se mit en route tout naturellement, le correspondant avait raccroché, je crois bien que je n’ai jamais su qui avait appelé.
Je ne sais pas si cela vous fait aussi cet effet-là, généralement quand je rêve, son contenu est toujours bien présent dans ma mémoire à l’instant où je me réveille, à peine suis-je arrivée devant mon petit déjeuner qu’il s’est envolé. Pas moyen de m’en souvenir, et j’ai beau le savoir, j’ai beau me répéter à chaque réveil qu’il faut à tout prix que je m’en souvienne, mon esprit finit par tout effacer.
Et bien cette fois-ci ce fut le contraire, impossible de m’en détacher de toute la journée, le visage de John restait présent en moi, le son de sa voix résonnait dans ma tête comme le refrain d’une chanson qu’on entend à la radio au petit matin et dont on arrive plus à se débarrasser de toute la journée.
Et franchement, c’était très bien ainsi car je n’avais nullement envie de m’en débarrasser. Je planais, c’était comme si le rêve se répétait à l’infini, je dormais éveillée, j’étais enveloppée dans un cocon protecteur d’une douceur insoupçonnée et qui me coupait du monde extérieur.
Il fallait reprendre la vedette,
et filer au journal sur Morlaix où je louais un petit appartement.
Autant vous dire que je ne fus pas très productive au journal ce jour-là, j’étais à peine réceptive aux blagues de Yannick, mon collègue de travail, il en arriva même à me chambrer :
- « Que t’arrive-t-il, ZAZA, tu planes aujourd’hui, t’es amoureuse ou quoi ? »
Amoureuse ? Oui je crois bien que je l’étais, amoureuse d’une image sortie tout droit d’un rêve, amoureuse comme on peut l’être à quinze ans, libre et insouciante, sans foi ni loi, sans chaînes, sans contraintes, sans peurs, sans inquiétudes.
Non, pas vraiment sans peurs, une peur me vint à l’esprit et me réveilla pour la deuxième fois de la journée, et si je ne rêvais plus de John, si le charme ne s’opérait pas la nuit prochaine, si je ne l’avais retrouvé que pour mieux la perdre dans l’instant suivant.
Cette nuit-là, au deuxième jour de ma vraie vie, comme je l’appellerai plus tard, j’ai eu du mal à trouver le sommeil, je m’étais couchée de bonne heure, partagée entre crainte et espoir, mais la fatigue aidant, le sommeil m’emporta et par bonheur je tombais, non pas dans les bras de Morphée mais dans ceux de John
et croyez-moi si vous le voulez, mais il n’y avait rien de plus agréable ...
A demain pour la suite