Réalité, rêve ou cauchemar ?
- Première partie -
Permettez-moi de vous souhaiter le bonjour, ou plutôt une bonne nuit si vous lisez ces lignes avant de vous endormir, je m’appelle ZAZA la conteuse et je pense que certains d’entre vous me connaissent.
Cependant, vous m’avez peut-être déjà croisée sans le savoir, mais je suis bien sûre que vous ferez un peu plus attention à moi quand vous aurez lu mon histoire.
Dans cette nouvelle vie, et notamment depuis 1991, j’habite actuellement une petite île
dans le Finistère où je suis journaliste pour un quotidien régional qui retrace les faits divers de mon île et des communes avoisinantes tels le bal de l’amicale laïque, les pardons, les tempêtes sur notre littoral ou les kermesses des écoles.
Mon travail n’est pas des plus glorieux et des plus intéressants, mais grâce à lui, je peux vivre dans ce département.
Pour ceux qui ont suivi mes aventures au fil de mes multiples vies, je suis née, il y a des lustres, et je suis immortelle.
Comme beaucoup de personnes de la région, j’ai toujours été aimantée par ce lieu depuis toujours et je ne saurais trop vous dire pourquoi, mais c’est ainsi.
C’est dans cette île que j’ai vécu mes plus grandes joies et c’est dans ce bourg que j’ai vécu mes plus grandes peines.
C’est surtout sur cette pointe de terre que j’ai rencontré pour la première fois John,
c’était le 15 juin 1974.
John, dans le cadre d’un échange d’étudiants, est né 20 ans plus tôt en Irlande. Bizarrement, je ne suis pas tombée amoureuse de lui à cette époque.
Eh oui, même les immortels peuvent tomber amoureux !
C’était un jeune homme sympathique, assez quelconque. Je ne l’avais remarqué que parce qu’il était le meilleur ami de la belle Angie. Les étudiants bafouillaient devant Angie.
Que peut-on être bête à cet âge-là, ah ! Si je pouvais remonter le temps, je changerais bien des choses et la vie me semblerait sans doute plus normale à présent.
Angie et John ne sont restés en France qu’une petite semaine et furent bien vite oubliés, enfouis sous des tonnes de souvenirs au plus profond de ma mémoire, à vingt ans les amours changent aussi souvent que la direction du vent, comme si Eole et Cupidon travaillaient de concert.
Je poursuivis ma petite vie d’amourette en amourette sans rencontrer celui qui me ferait chavirer le cœur; puis j’ai finalement décroché ce boulot qui me permettait de vivre dans ce département que je ne voulais pas quitter.
Comme vous pouvez le constater j’ai eu une existence des plus banales, et ce jusqu’au 26 juillet 1991. Ce jour-là, ma vie a basculé.
C’était le jour du pardon de la sainte Anne sur les dunes à l’est de mon île. Je devais y faire un article avec photos pour l’édition du lendemain.
La journée était très ensoleillée et comme le thermomètre ne cessait de grimper depuis le début de la semaine je commençais à ressembler à un homard plongé dans de l’eau de cuisson bouillante.
Il faisait tellement bon que j’ai passé le restant de la journée à gambader dans l’île à la recherche d’un scoop.
La vie me paraissait si simple et si agréable que je ne voyais pas les heures filer. Le soir arriva bien vite, et je finis la journée au bar central de l’île, le Kastell Gwenn
où il y a toujours beaucoup d'ambiance grâce à l'ami Yanou.
J’avoue que je me suis laissée aller à boire quelques « Hermines blanches » (bière de froment bretonnes),
si bien qu’une fois chez moi, au Radeneyer,
vers les 2 heures du matin, il ne fallut pas me bercer pour m’endormir. Cette nuit-là, allez donc savoir pourquoi, j’ai rêvé de John...
A demain pour la suite