New-Orléans en Louisiane
Deuxième partie
- « Le médecin légiste nous dira si la gamine a eu un rapport sexuel avant de se faire dessiner un nouveau sourire. Cependant, je serais prêt à parier un billet de dix dollars que oui. Apparemment le type qui l’a tuée a piqué tout l’argent liquide. Sans doute une rencontre d’un soir avec un gars un peu déjanté qui avait besoin de fric pour se payer de la came. »
- « Si le mec avait besoin de fric, il n’avait pas besoin de la tuer pour autant. » répondit Harold.
- « Tu sais, de nos jours on tue pour un rien. Tiens, pas plus tard que la semaine dernière, il y a une petite vieille d’Island Avenue qui s’est fait alignée par son voisin de palier par ce qu’il ne supportait plus l’odeur qu’elle dégageait dans l’ascenseur. »
- « Bizarre, tout de même. » dis-je.
- « Quoi, que quelqu’un soit dérangé par une odeur ? » me demanda Harold en me souriant d’une façon que je ne connaissais que trop bien.
- « Non, sombre idiot. Mais ??????, je ne vois pas les vêtements de la petite. Que le gars ait eu besoin de pèse ok, mais pourquoi est-il parti avec les vêtements de la fille ? Elle n’est pas venue jusqu’ici à poil quand même ? »
Nous étions sans un mot entrain de fixer le corps dénudé de la victime quand Paul fit irruption dans la chambre accompagné d(une magnifique jeune femme.
- « Quand vous aurez fini de reluquer cette pauvre victime, l’un de vous aura peut-être l’idée de déposer un drap sur cette pauvre fille. » nous lança-t-il.
- « Ce n’est pas ce que tu penses Paul ! C’est suite à une réflexion de l'inspecteur Emily qui nous laisse perplexe. » lui répondit Matt.
- « Et quelle bonne idée a encore eu la p'tiote ce soir ? » me demanda-t-il.
- « Je me demandais juste où sont passés les vêtements de la victime. »
Paul ne répondit pas. J’en ai profité pour engager la conversation avec la superbe jeune femme qui se trouvait juste derrière lui.
- « Ne regardez pas mademoiselle, ce qui s’est passé ici n’est vraiment pas joli joli et ne convient nullement à votre doux regard azuré. Nous n’avons pas été présentés, il me semble. Je suis l’inspecteur Emily, Emily Anderson. »
Mais elle ne répondit pas. La vue du corps l’avait visiblement rendue aphone. C’est Paul qui prit la parole à sa place.
- « Je te présente Miss Sonya Carson, Emily. Miss Carson est la gérante de cet établissement. C’est aussi elle qui se trouvait à la réception ce soir. »
- « Excusez-moi » dit-elle en retournant dehors.
Sa voix était encore plus douce que son regard de ciel d’été. Je ne pouvais pas la laisser seule, la pauvrette, solidarité féminine oblige ! Je laissai mes compagnons sur place pour la rejoindre sur le palier de la chambre 28.
On accédait à chaque chambre par des escaliers extérieurs. Nous étions au 2ème étage et je peux vous assurer qu’une fois le soleil couché dans la deuxième quinzaine du mois d’août, il fait plutôt froid.
J’ôtai maladroitement ma veste pour la poser sur les frêles épaules de la jolie Sonya.
- « Merci. » me dit-elle le plus simplement du monde.
- « Je vous en prie…….. mademoiselle. Puis-je vous poser une ou deux questions ? »
- « Avec plaisir inspecteur, mais si nous retournions à la réception, vous êtes en bras de chemises et vous risquer d’attraper froid à ma place. »
Elle semblait charmante. Je me demande bien pourquoi je ne viens pas plus souvent dans le quartier sud de la ville. Les gens y sont agréables.
Je la suivais dans une semi obscurité. Et dire que cette fille a peine plus âgée que la victime dirigeait un Motel de cette taille. J’en restais baba. Une chose est sûre cependant, il faisait nettement meilleur à la réception.
- « Je vous écoute, inspecteur …..???? Anderson, c’est bien cela n’est ce pas. »
- « Tout à fait mademoiselle Carson, mais vous pouvez m’appeler Emily. »
- « Ah ?????, je croyais que dans l’exercice de vos fonctions un certain, comment dire ?, formalisme était de règle. Bon alors soit … Emily, mais à une condition cependant. »
- « Oui. »
- « Appelez-moi Sonya. » me chuchota-t-elle, « je n’aime pas tellement les "mademoiselle Carson". Cela me donne la mauvaise impression que je suis toujours à l’internat du collège. Je vous écoute insp…., Emily »
- « C’est donc vous qui étiez à la réception quand la victime est arrivée. »
- « Je suppose, oui. »
- « Vous supposez ? »
- « Oui, je me suis juste absentée une demi-heure pour dîner. »
- « Je vois. Vers quelle heure est-elle arrivée ? »
- « Je ne saurais vous répondre inspecteur, euh … pardon, Emily. »
- « Je ne comprends pas, vous ne l’avez pas vu ? »
- « Non. »
- « Mais ?????, mais alors vous avez vu la personne qui l’accompagnait. »
- « Non plus. »
- « Je ne comprends décidément plus rien. Qui vous a remplacé pendant votre pause repas ? »
- « Personne. »
- « Personne ? Le client ne prend pas sa clef tout seul quand même ? »
- « Vous ne fréquentez pas souvent ce genre d’établissement in…, Emily ? » me demanda-t-elle.
- « Franchement, non. »
- « Notre établissement fonctionne 24h/24h avec un système de distributeur de code par carte bancaire. Les gens réservent à l’avance en fournissant le numéro de leur carte ainsi que sa date de validité. Quand il viennent, il retirent directement leur code d’accès pour la chambre par le distributeur situé à l’extérieur. »
- « Ils ne sont donc pas obligés de passer à la réception. »
- « Vous avez tout compris inspecteur. »
- « C’est ingénieux. »
- « Certes, et surtout plus discret pour une clientèle de gens assez jeunes ou de couples plus ou moins légitimes. » me dit-elle avec un large sourire qui a lui seul était tout un poème. « La plupart de nos ... habitués si je puis dire, ne réservent plus que de cette façon. »
- « Vous ne savez donc pas comment était habillée la victime ce soir ? »
- « ??????, euh … non » me dit-elle sans trop comprendre le but de ma question.
- « Vous ne savez donc pas non plus si elle venait régulièrement. »
- « Oh si, rien de plus facile. » Elle se mit à son ordinateur. Ces petits doigts pianotaient avec une dextérité remarquable. « Il me suffit de faire une recherche par son numéro de carte bancaire. Nous disions donc chambre 28, le 18 août. Voilà, j’ai son numéro. Oh !!!!!!!! »
- « Qu’y a-t-il ? »
- « J’ai sans doute perdu ce soir une de mes meilleures clientes. Elle a réservé une chambre chez nous tous les mardis et tous les vendredis depuis le 14 mai de cette année. Cela fait…. un peu plus de trois mois. »
Je distinguai par la vitre de la réception la voiture du capitaine qui venait d’arriver. Je pris congé de cette ravissante hôtesse pour aller retrouver le plus crieur des capitaines. La belle m’avait rendu ma veste.
Le boss parlait si fort que je pouvais me laisser guider par le son de sa voix jusqu'à la chambre 28. La charmante mélodie s’entendait parfaitement depuis la réception.
- « Comment cela vous ne la connaissez pas. Marylin De Soto bon Dieu, De Soto, ce nom là ne vous dit rien ? C’est la fille de Thomas De Soto, le propriétaire de « La Voix du Sud ».
Chacun de nous savait très bien qui était Thomas De Soto, mais personne n’aurait osé avouer au capitaine que la « Voix du Sud » n’était qu’une feuille de choux qui se contentait de rapporter les ragots locaux.
Et pour cause, le big boss passait la première heure de la journée à décortiquer son journal adoré. Je crois bien qu’en fait la « Voix du Sud » représentait l’unique source de lecture de notre chef vénéré. Ce dernier ne décolérait pas.
- « Quelqu’un peut-il me faire un compte rendu succinct de la situation ou dois-je faire l’examen des lieux moi-même ? »
Fin de la deuxième partie