Kement-man oa d’ann amzer
Ma ho devoa dennt ar ier.
Ceci se passait du temps
Où les poules avaient des dents
Il va tout droit au palais royal et remet sa lettre à la reine.
Celle-ci l’accueille on ne peut mieux, le fait manger à sa table et l’emmène avec elle et la princesse, sa fille, dans ses visites et ses promenades.
Le roi revint au bout d’un mois, et son étonnement fut grand et grande aussi sa colère de retrouver Charles dans la société de sa femme et de sa fille.
— « Comment ! » dit-il à la reine, « vous n’avez donc pas fait ce que je vous recommandais, dans ma lettre ? »
— « Vraiment, si », répondit-elle ; « voici votre lettre ; relisez-la ».
Le roi lut la lettre que lui présenta la reine, et vit clairement qu’il avait été trahi, mais il ignorait par qui.
Charles fut alors envoyé à l’armée, comme simple soldat.
C’était un soldat exemplaire. Il devint promptement officier, et, comme il se comportait vaillamment, dans toutes les rencontres, et contribuait plus que nul autre à la victoire, il parvint vite
aux plus hauts grades, et on ne parlait que de lui, à l’armée et à la ville.
La princesse s’éprit d’amour pour lui, et demanda à son père de le lui laisser épouser.
— « Jamais ! » répondit le roi.
Survint une grande guerre, et le roi de France était sur le point de perdre une bataille décisive, quand arriva Charles avec ses soldats.
Aussitôt les choses changèrent de tournure, et les Français remportèrent une grande victoire, au lieu de la défaite désastreuse dont ils étaient menacés.
La princesse demanda de nouveau à son père de lui permettre d’épouser le jeune héros.
— « Je le veux bien, répondit-il, cette fois, mais, à la condition qu’il m’apportera trois poils de la barbe d’or du Diable »
— « Et où irai-je chercher le Diable ? » demanda Charles.
— « En Enfer, parbleu ! » Lui répondit la princesse.
— « C’est facile à dire ; mais, par où aller en Enfer ? »
Il se mit tout de même en route, à la grâce de Dieu.
Après avoir marché longtemps et traversé bien des pays, il arriva au pied d’une haute montagne, où il vit une vieille femme qui venait de puiser de l’eau à la fontaine, dans une barrique défoncée
qu’elle portait sur la tête.
— « Où allez-vous ainsi, l’homme ? » Lui demanda la vieille ; « ici, il ne vient pas de gens en vie. Je suis la mère du Diable. »
— « Eh bien, c’est alors votre fils que je cherche ; conduisez-moi jusqu’à lui, je vous prie. »
— « Mais, mon pauvre enfant, il te tuera ou t’avalera vivant, quand il te verra. »
— « Peut-être. Faites que je lui parle, et nous verrons après. »
— « Tu n’es pas peureux, à ce qu’il paraît ; mais, dis-moi ce que tu as à faire avec mon fils. »
— « Le roi de France m’a promis de me donner la main de sa fille, si je lui apporte trois poils de la barbe d’or du Diable, et je pense, grand’mère, que vous ne voudrez pas me faire manquer
un si beau mariage pour trois poils de barbe. »
— « Eh bien, suis-moi, et nous verrons ; ta mine me plaît. »
A DEMAIN POUR LA SUITE