Lorsque Jean atteignit l’âge de se marier, sa mère, qui était alors très vieille,
songea à l’établir, afin de laisser après elle quelqu’un pour veiller sur lui.
La bonne femme jeta les regards sur une jeune fille du village, douce, bonne, pieuse, mais si pauvre qu’elle était dans la misère la plus profonde.
Elle était couturière de son état et n’avait que son travail pour faire vivre ses vieux parents.
Comme la mère de Jean possédait outre la maison qu’elle habitait, de beaux biens au soleil,
elle pensa, avec juste raison, que pour sortir de la situation difficile dans laquelle elle se trouvait, Jelotte (Julienne) — c’était le nom de la jeune fille — consentirait peut-être à épouser son innocent.
En effet, les avances que fit la mère de Jean furent agréées de la couturière et de sa famille qui espérèrent ainsi voir bientôt la misère quitter leur foyer,
où elle était assise depuis si longtemps.
Jean dut donc aller faire la cour à sa future.
— « Comment vas-tu te présenter ? » lui dit sa mère.
— « Dame ! Quand j’entrerai ».
— « Bonjour, diront-y. »
— « Bonjour, dirai ma; viens senti sava si fille à vous sera femme à ma ? (viens flairer savoir si fille à vous sera femme à moi ?) »
— « Ben d’l’honneur nous faire, diront-y. »
— « L’honneur est devers ma, dirai ma, etc. etc. »
Lorsqu’il eut bien répété sa leçon, Jean le Diot se rendit dans la famille de Jelotte où les choses se passèrent selon ses désirs, paraît-il, puisque quelque temps après la noce eut lieu.
Les années s’écoulèrent, et le ménage ne sembla pas trop malheureux.
L’existence de la jeune mariée était cependant assez triste.
Elle soignait sa mère et sa belle-mère,
surveillait son mari,
ne se plaignant jamais, acceptant son sort en femme vraiment vertueuse.
Fin de la deuxième partie