Baz’ a zo brema pell-amzer,
D’ar c’houlz m’ho defoa dennt ar ier.
Il y a de cela bien longtemps,
Quand les poules avaient des dents
Quand le moment
en fut venu, on se mit à table.
La princesse, belle et parée magnifiquement, était entre son père et son fiancé. Vers la fin du repas, on chanta et on fit des récits plaisants, selon l’habitude.
La princesse fut priée par son futur beau-père de dire aussi quelque chose, et elle parla de la sorte :
— « Monseigneur, donnez-moi votre avis, je vous prie, sur le cas que voici : J’avais un gentil petit coffret avec une charmante clef d’or. Mais, je vins à perdre la clef de mon coffret, et
je la regrettai beaucoup. Alors, j’en fis faire une nouvelle. Mais, quand la nouvelle clef fut prête, je retrouvai l’ancienne, de sorte que j’ai aujourd’hui deux clefs, au lieu d’une. Cela
m’embarrasse un peu. Je connais l’ancienne clef, elle était bonne et je l’aimais, et je ne sais pas ce que sera la nouvelle, dont je ne me suis jamais servie encore. Dites-moi, je vous prie,
laquelle des deux clefs je dois garder, l’ancienne ou la nouvelle ? »
— « Gardez votre ancienne clef, ma fille, puisqu’elle est bonne : pourtant, si vous me faisiez voir les deux clefs ? » répondit le vieillard.
— « C’est juste, » dit la princesse; attendez un instant, et vous allez les voir. »
Et elle se leva de table, se rendit à sa chambre et revint un instant après, tenant par la main Iouenn Kerménou, et parla de la sorte :
— « Voilà la clef nouvelle! Et elle montrait du doigt le ministre qui devait l’épouser »
— « Et voici l’ancienne, que je viens de retrouver ! Elle est bien un peu rouillée, parce qu’elle a été longtemps perdue ; mais, je la rendrai, sans tarder, aussi belle qu’elle le fut
jamais. Cet homme est Iouenn Kerménou, mon premier mari, et le dernier aussi, car je n’en aurai jamais d’autre que lui ! »
Voilà tout le monde ébahi d’étonnement, en entendant ces paroles, et le ministre devint pâle comme la nappe qui était devant lui.
La princesse prit encore la parole et conta tout au long les aventures de Iouenn Kerménou.
Le vieux roi, furieux, se leva alors, et, s’adressant aux valets, il dit :
— « Faites chauffer le four, sur-le-champ, et qu’on y jette cet homme ! »
Et il désignait du doigt son premier ministre. On exécuta son ordre et le ministre fut jeté dans une fournaise ardente.
A DEMAIN POUR LA FIN