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Flamberge au vent (suite 48)

Un prix scolaire décerné à mon papa


pour son certificat d’étude.


Tellement lu et manipulé par des mains enfantines

flamberge-au-vent 0932

Chapitre IV (suite)


 

Ou René et Jean prouvent une fois de plus

Que bon sang ne peut mentir


C’était ses lieutenants qui avaient choisi le champ de bataille.


-   Oui, Monseigneur.

-   J’espère que vous allez gagner dignement vos éperons ?

-   J’y tâcherai, Monseigneur.

-   Bien, bien. Et celui-ci, qui est-il ?

 

« Celui-ci », c’était René.


-   Mon ami, la marquis de Kertaillan, qui combat en volontaire.

-   Il n’a pas encore été au feu ?

-   Non, Monseigneur.

-   Eh bien ! laissez-le-moi. J’aurai peut-être besoin de lui.

 

En tous cas, je lui montrerai une rude bataille.


Vallarmis hésitait.


René, très bravement, prit la parole.

 

-   Et vous en avez raison, mon enfant, ajouta Maurice de Saxe. Mais je vais arranger tout cela. Je vous emmène tous deux et comme le colonel ne s’en va pas sans son régiment, j’emmène aussi le régiment. Nous en aurons besoin tout à l’heure. En route, messieurs.

 

René, rouge de plaisir, rangea son cheval derrière la voiture, tandis que Jean surveillait le départ de ses hommes.


Un cavalier venait d’arriver à fond de train et avait arrêté sa monture blanche d’écume à la portière de la voiture où se reposait Maurice de Saxe.


A la vue du nouveau venu, le général se souleva un peu.

 

Le duc de Biron, un beau gentilhomme de fière mine, répondit très vite :


-   L’attaque a commencé. L’ennemi cherche à nous couper.

-   Quel point menace-t-il ?

-   La coulée entre Fontenay et Barry. Il y a une demi-lieue sans un homme.

-   Par la Mordieu ! Vous vous trompez, Monsieur Biron, s’écria Maurice de Saxe avec fureur .

-   Je dis ce que j’ai vu, Monseigneur.

-   Qui a donc donné l’ordre de bataille ?

-   M. de Coigny.

-   Un sot ! murmura Maurice de Saxe.

 

Puis il ajouta :


-   Il n’y a pas une minute à perdre. La partie est compromise.

 

Et, attirant à lui ses tablettes, il se mit à écrire avec une prodigieuse rapidité.


-   Vous, Biron, portez cela à Coigny. Vous Mornas, allez dire au marquis d’Hautefort de tenir fermes avec ses chevaux-légers. Cet ordre à Gouffier… Dites à Balleroy qu’il jette son infanterie en seconde ligne afin de préserver le roi qui peut être exposé si l’affaire tourne mal.

 

Chacun des officiers s’inclinait,  prenait le pli et partait à fond de train.


-   Ah j’oublias, continua Maurice de Saxe, il y a derrière Barry une réserve de cavalerie qui peut donner.

 

Il écrivit aussitôt quelques mots, plia le papier, puis chercha des yeux autour de lui.


Il aperçu René.


-   Prenez cet ordre, monsieur de Kertaillan, et portez-le au prince de Nassau qui est à Barry et qui a sous le main cinq régiments : Colonel Général, les dragons d’Orléans, Royal-Nassau, Royal-Cravattes et les cuirassiers du roi. Allez, monsieur.

 

René salua Maurice de Saxe, jeta un adieu à Jean et à Jonas et s’élança de toute la vitesse de son cheval.


-   Me permettez vous de la suivre ? demanda Larseneur à Vallarmis.

-   Mais va donc ! s’écria le jeune homme, et ramène-le-moi sain et sauf.

 

René sentait son cœur battre violemment, mais il n’avait pas peur.


La canonnade se rapprochait. Bientôt, il entendit le ronflement des boulets autour de lui.


L’un d’eux vint s’enfoncer à deux mètres de son cheval, qui se cabra tandis que lui-même était couvert de terre.


Il reprit sa bête en main et continua sa course d’un train endiablé.


Des régiments, des escadrons, des canons passaient près de lui ayant l’air de tous s’enfoncer dans un tourbillon de fumée qui s’élevait entre Fontenoy et Barry.


Un moment, à sa droite, René vit une élévation couronnée par un moulin que surmontait le drapeau royal.


Tout autour, des étendards, des brillants uniformes.


C’était là que se trouvait le roi avec toute sa maison.


René vit tout cela très vite, et pressa son cheval qui marchait pourtant à une rude allure.


Enfin, il aperçut les premières chaumières de Barry et alla donner un dans un groupe de cavalier qui l’arrêtèrent.

 

-   Où allez-vous ? demanda un officier.

-   Où est le prince de Nassau ? répliqua René.

-   A deux pas d’ici. Que lui voulez-vous ?

-   Ordre de monseigneur Maurice de Saxe.

-   C’est bon, venez, je vais vous conduire.

 

Une minute après, Kertaillan se trouvait en présence d’un grand homme sec et jaune.


C’était Son Altesse le prince de Nassau.


René, chapeau bas, lui remit l’ordre de Maurice de Saxe.


Le prince le parcourut rapidement.


-   Bien, dit-il après l’avoir lu. Tout va être fait dans l’instant. Messieurs de la Tremoille, de Balincourt, de Tessé, de Chamborant, continua-t-il, prenez la tête de vos régiments, nous allons charger.

 

Les gentilshommes, qui étaient autour de lui, s’inclinèrent et mirent leurs chevaux au galop pour aller rejoindre les différents corps qu’ils commandaient.


-   Monsieur de Chambry, repris le prince, veuillez former Royal-Nassau, je prendrai le commandement quand tout sera prêt.

 

L’officier salua et s’éloigna à son tour.


-   Je ne vous retiens plus, monsieur, dit alors M. de Nassau s’adressant à René. Je donnerai à monseigneur Maurice de Saxe de votre diligence.

-   Pardon, j’aurai une grâce à demander à Votre Altesse.

-   Parlez.

-   Je voudrai charger avec Royal-Nassau.

-   N’avez-vous donc pas un régiments ?

-   Je sers comme volontaire. C’est la première fois que je vois le feu et je serai fier de faire ma première charge aux côtés d’un gentilhomme tel que vous

.

Le prince de Nassau eut un pâle sourire.


-   La grâce est accordée, monsieur ; dit-il. Votre impatience, d’ailleurs va se contenter. Voici M. de Chambry qui vient une prévenir que tout est en ordre, n’est-ce pas, Chambry ?

-   Oui monseigneur.

-   Eh ! bien venez, Monsieur.

 

René, au comble de ses vœux, mit son cheval au pas derrière celui du prince.


Dés qu’ils furent dans la plaine, le Marquis ne peut retenir un cris d’admiration.


Rangés dans un ordre parfait, cinq régiments de cavalerie attendaient le signal de leur chef.


Il y avait là les dragons d’Orléans avec l’habit vert au retroussis et dont les casques flamboyaient au soleil.


Il y avait aussi les cuirassiers du roi avec l’habit en forme de buffle de drap chamois bordé de rouge et le grand chapeau galonné d’argent.


Il y avait enfin le Royal-Cravattes, bleu et rouge, et Colonel Général, bleu et feu, tous deux avec des culottes chamois et de hautes bottes noires.


Il y avait enfin Royal-Nassau avec la pelisse et la veste de drap vert et la culotte rouge. Le shako d’astrakan noir, doublé de soie couleur aurore.


Ce fut à la tête de ce régiment que vint se placer le prince de Nassau accompagné de René.


Après avoir jeté un regard sur tous les soldats, il tira son épée et commanda d’une voix sonore.


-   En avant !

 

Tous les cavaliers s’ébranlèrent au trot.


Les cuirassiers du roi et Royal-Cravattes à l’extrême droite de la ligne, Royal-Nassau au milieu, les dragons d’Orléans et Colonel-Général à gauche.


La bataille était engagée depuis deux heures et, il faut bien le dire, mal engagée  pour nous.


Les Anglais, les Hollandais et Hanovriens, formés en une énorme colonne et munis d’artillerie légère, eurent bientôt dépassé les redoutes élevées en avant de Fontenoy, malgré le feu terrible de nos canons.


Nos troupes sans ordre, sans direction générale, chargeaient à l’aventure et inutilement cette énorme masse de fer et de feu que rien ne pouvait entamer.


Encore un effort des coalisés et l’armée française était coupée en deux.


Déjà la tête de la colonne ennemie atteignait Fontenoy.

 

C’est à ce moment que la cavalerie du prince de Nassau sortant brusquement d’un petit bois fit halte pour reformer avant la charge.


Les Anglais, en apercevant cette masse imposante, avaient fait halte aussi.


-   Messieurs, disait alors Nassau de sa voix sèche et métallique, je n’ai pas d’ordre à vous donner autre que celui : il faut passer à travers tout cela.

 

Et son épée désignait la colonne anglaise. Mille hourras lui répondirent et tous, partirent au galop, courant à la mort.


Un  grand silence s’était fait. On n’entendait plus que le bruit sourd des trois mille chevaux galopant dans la plaine.


On n’était plus qu’à cinq cent pas de l’ennemi.


Déjà, l’on pouvait entendre les ordres donnés par les officiers, distinguer jusqu’au détails de l’uniforme des soldats…


Soudain, les rangs anglais s’ouvrirent, démasquant des gueules de canons menaçantes.


On ne vit cela qu’un instant. Un horrible vacarme se fit entendre presque aussitôt.

 

Numeriser0058-copie-1.jpg

Des hurlement d’agonie y répondirent. Une rafale de boulets venait de s’abattre sur nos cavaliers.

 

Numeriser0059.jpg

 


René, sous cette bourrasque de fer, baissa la tête instinctivement, mais se redressa aussitôt, honteux de ce court moment de faiblesse.


Autour de lui, des hommes tombaient, des chevaux se renversaient.

 

Il eut même le visage tout éclaboussé de sang.


A DEMAIN POUR LA SUITE

 

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D
Très bonne soirée, grosses bises
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A
J'aime beaucoup la fin de ton billet, on y perdrait son chat ! Je rigole bien sûr, pauvre chat, il y a suffisament de chevaux comme cela: c'est nous qui faisons la guerres mais ... A bientôt Zaza
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F
Terrible cette bataille !!!!!!!!!!!!! Et tellement bien racontée, qu'on s'y croirait !  
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A
Quel suspense!! Gros bisous Zaza!
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M
Et les fzemmes à l'arrière couraient à l'église prier pour que soient épargnés leurs soldats si courageux. Seront-elles entendues !!! A demain Bisous Zaza Mounette
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