A la mémoire de mes deux grands pères
et de tant d’autres……!
On manque d’eau, de pain, de communication, de soins. Le typhus et la gangrène se développent.
En fait, ce débarquement s’est effectué dans une énorme confusion au plan logistique.
Contrairement à la préparation des conflits contemporains, on compte moins sur le matériel que sur les hommes, leur élan, leur enthousiasme.
L’intendance doit suivre.
Grave erreur.
De surcroît, au bout de quelques jours, le commandement anglais décide de rapatrier sur la rive européenne les Français qui
s’était rendus maîtres du fort de Koum Kaleh sur la rive asiatique : ils estiment que la «diversion» a assez duré et qu’il faut concentrer les forces sur l’assaut de la rive
européenne.
Erreur supplémentaire.
Car, outre l’effet démoralisateur pour les Français, l’abandon de cette
position permet aux Turcs de la réoccuper sans combat.
Ceux-ci ne craignent donc désormais plus un nouvel assaut à cet endroit.
Leurs canons situés sur la rive asiatique
peuvent alors pilonner tranquillement la rive européenne sans risque d’être attaqué de revers: des canons par ailleurs totalement à l’abri de l’artillerie des forces marines alliées qui, elle,
n’a pas leur portée !
Les Turcs canardent donc les navires britanniques en toute impunité.
Vous l’aurez compris, l’offensive des Dardanelles est un rare
exemple d’incurie stratégique, tactique, logistique et technique.
Pourtant, à l’arrière, les «stratèges» sont bien décidés à… poursuivre l’offensive.
L’objectif est maintenant de lancer un assaut d’envergure, grâce à des troupes fraîches, vers le plateau de l’Achi Baba à travers le terrain
pentu qui y conduit puis de prendre le contrôle de ce point dominant.
L’offensive a lieu les 6 et 7 mai et le cours d’eau Kerevés Déré est franchi
avec succès mais, au final, et au prix de pertes élevées, un seul petit kilomètre a été gagné.
On n’avance pas.
Le 14 mai 1915, le général Gouraud prend le commandement du corps expéditionnaire français, réorganise les positions et fait reprendre l'offensive le 1er juin.
Sans succès, les assauts successifs ne parviennent pas à percer les lignes turques.
La nuit, les soldats alliés subissent même les contre-attaques de commandos
turcs qui les attaquent silencieusement pour égorger les guetteurs dans les tranchées.
Les côtes de la péninsule de Gallipoli sont un gigantesque cimetière où des
milliers de corps pourrissent sous un soleil torride.
Et les Turcs résistent toujours.
Les Alliés vont-ils emporter une victoire décisive ?
Ils sont bien près de le croire : le 30 juin, les forces anglaises, néo-zélandaises, australiennes et françaises combinées enlèvent l’important ouvrage turc dit du « quadrilatère » tandis que Gouraud est grièvement blessé.
Mais pendant les jours suivants, attaques et contre-attaques meurtrières se
succèdent.
Sans résultat.
Fondamentalement, 85 % de la péninsule sont toujours contrôlés par les Turcs qui ne cessent d’y acheminer de
nouveaux renforts.
En deux mois, les Alliés, malgré le
débarquement de troupes fraîches destinées à relever les hommes durement éprouvés, n’ont, eux, progressé que de 5 kilomètres.
La suite
demain….
Bonne lecture