Réalité, rêve ou cauchemar ?
Certains et certaines se demandent si je n'ai pas perdu le fil de cette nouvelle écrite il y a quelques années. Eh bien non, pas du tout ! L'histoire n'est pas banale et complètement surréaliste. Le nombre de personnages clef se multiplient et pourtant, quand vous arriverez au dernier chapitre, vous allez dire comme notre ami le commissaire Bourrel, "Bon dieu, mais c'est bien sûr ....!"
- Quatrième partie -
... Malheureusement, je ne sus jamais ce qu’il pensa de nos fameux gastéropodes,
quant à moi, il vaut mieux que je ne vous dise pas ce que je pense de mon radioréveil, je ferais passer le capitaine Haddock
pour le mousse d’un marin d’eau douce.
Je ne sais pas si c’est pour tout le monde pareil, mais, chez moi, plus le rêve est agréable, plus le réveil est difficile.
Mais chut, ne me répondez pas, pour l’instant, laissez-moi encore profiter de cette douce fraction de seconde de brouillard, ce dernier moment de bonheur ou l’on flotte encore entre rêve et réalité, j’ai même l’impression d’avoir mal au bout du majeur de la main droite, je le regarde, il est intact, la coupure qui n’a jamais existé c’est définitivement refermée, cette fois c’est certain je suis bien réveillée.
John avait raison, dans la vie tout n’est pas si facile, à commencer par la cafetière qui est vide, j’ai horreur d’une cafetière vide,
çà a l’air bête une cafetière vide, surtout un mardi à 6h00 du matin. Il y a des jours où rien ne marche comme prévu.
Nos bureaux sont situés 23, rue Anatole Le braz à Morlaix.
Je ne suis pas très sportive, cependant quand le temps le permet j’aime bien m’y rendre à pied même si je dois marcher pendant une bonne heure. J’adore me promener dans la ville au petit matin, une atmosphère indescriptible règne dans les rues, une ambiance que je n’ai jamais pu retrouver à aucun autre moment de la journée.
En arrivant entre la Place du Général De Gaulle et la Place Cornic,
je remarquai pour la première fois la vitrine d’une agence de voyage. Je m’y suis attardée un instant, une affiche publicitaire faisant la promotion d’un aller-retour Roscoff/Cork sur la compagnie du Brittany ferries.
Je me rendis compte qu’il me faudrait malheureusement quelques piges avant de pouvoir épargner suffisamment pour pouvoir le revoir pour de vrai.
Pourtant il le fallait, je devais le rejoindre, maintenant j’en suis sûre, John
est l’homme de ma vie, celui pour qui mon cœur ne cessera de battre jusqu'à la fin de son existence.
Je ne sais pas pourquoi j’ai cette conviction, mais ce qui est certain, une chose qui ne m’avait jamais traversée l’esprit il y a encore deux jours, m’apparaissait soudain comme une évidence.
Je n’avais jamais eu ce sentiment auparavant, il n’existe pas de mot dans la langue française pour le définir, voyons, comment vous l’expliquez, c’est comme si je venais tout juste de prendre conscience de ce que je sais depuis toujours.
C’est encore plus intense qu’un coup de foudre, c’est..., c’est une révélation.
Je franchis machinalement la porte du journal et me rendis directement à mon bureau.
Yannick était déjà arrivé, c’est quelqu’un de très attachant, il a quelque chose de surprenant, une sorte de don : il est toujours d’humeur constante.
Je me suis souvent demandée comment il faisait, le temps et les événements non pas de prises sur lui, quoi qu’il arrive il est continuellement souriant, blagueur et sympathique.
Je ne l’ai jamais vu se mettre en colère, je ne l’ai jamais vu pousser un grognement ou un juron, je ne l’ai jamais vu triste, il a toujours le moral, et quand vous n’êtes pas dans votre assiette, je peux vous dire que ça fait du bien d’avoir un collègue comme lui.
Après déjeuner, je me suis rendue au CHU des Pays de Morlaix,
pour y faire un article sur l’acquisition d’un tout nouveau scanner.
Et c’est toujours la même chose, depuis que je suis gamine, je fais une allergie aux noms scientifiques, si bien que dans les hôpitaux je me perds toujours.
J’ai beau demander mon chemin à telle infirmière ou à telle aide-soignante, je ne me rends jamais dans le bon service. J’étais totalement perdue, je me suis risquée à questionner pour la énième fois une infirmière qui sortait d’une chambre au milieu du couloir.
- « Bonjour, mademoiselle, excusez-moi mais je suis complètement perdu, je suis journaliste et je dois faire un article sur le nouveau scanner de l’hôpital. »
- « Vous y êtes presque, ici vous êtes au service des profonds traumatismes neurologiques vous devez prendre sur votre droite au fond de ce couloir ci, puis continuer tout du long du couloir suivant et aller jusqu’au bureau du Professeur Le Dantec sur la gauche. »
Nous nous trouvions devant la chambre dont elle avait ouvert la porte. Derrière son épaule, je distinguais un homme entrain de dormir paisiblement.
L’infirmière remarqua que je ne l’écoutais que d’une oreille distraite.
- « Vous allez encore vous perdre. » me dit-elle.
- « Non, non, excusez-moi, Le bureau du professeur Le Dantec disiez-vous ? » répondis-je tout en continuant de fixer le vieil homme.
- « Vous connaissez Monsieur Caroff ? » me demanda-t-elle.
- « Qui ça ? »
- « Monsieur Caroff, la personne que vous êtes en train de regarder l’air absent. »
- « Non je ne l’ai jamais vu auparavant, ainsi il s’appelle Caroff ? »
-« Oui, Loïc Caroff. »
- « Il dort si paisiblement, je l’envie. ».
- « Ne croyez pas cela, monsieur Caroff a eu un très grave accident de voiture et depuis il est dans le coma. Cela va bientôt faire neuf ans qu’il dort ainsi, vous voyez vous n’avez vraiment rien à lui envier. C’est peut-être le plus malheureux des hommes. »
- « De nous trois c’est peut-être lui le plus heureux. »
L’infirmière ne compris pas ma dernière phrase, mais ce n’était pas bien grave, nous sommes partis chacun de notre côté.
Il me fallut encore quelques minutes avant de trouver le bureau du professeur Le Dantec. Le professeur était sûrement un homme de goût à en juger par la classe de sa secrétaire.
- « Bonjour mademoiselle, je m’appelle ZAZA, je suis journaliste. », je lui présentais en même temps ma carte de presse.
- « Oui ? » me répondit la jeune femme brune.
- « Je désirerais avoir un entretien avec le professeur Le Dantec pour faire un article sur le tout nouveau scanner. »
- « Malheureusement mademoiselle, le professeur est absent cet après-midi, il ne sera pas là avant demain matin. »
- « Est-ce que vous pensez que je pourrai le voir demain matin ? »
- « Je ne pense pas, voyez-vous le professeur à un emploi du temps bien chargé. »
- « C’est vraiment ennuyeux, est-ce que je pourrais avoir un rendez-vous assez rapidement s’il vous plaît ? »
- « Si vous voulez prendre rendez-vous il y a un mois et demi d’attente, je ne vous le conseille pas. »
- « S’il vous plaît ! Vous ne pouvez vraiment pas m’arranger une rencontre demain, je n’en aurai pas pour très longtemps. »
- « Il y aurait bien une possibilité, mais je ne sais pas si... »
- « Dites toujours. »
- « Essayez de passer vers 9h00 demain matin, il aura peut-être 5 à 10 minutes de libre, mais je vous préviens ce sera selon son bon vouloir. »
- « Oh ! Vous êtes adorable, merci beaucoup, à demain. »
A demain pour la suite