New-Orléans en Louisiane
Première partie
J’adore La Nouvelle-Orléans en Louisiane, pas vous ???
Pour ceux qui ne me connaissent pas encore, je m’appelle Emily Anderson, je suis inspectrice de police, à la Nouvelle-Orléans.
Pour les autres je suis tour à tour, la gamine, le bébé de l'équipe mais aussi la fliquette qui se prend pour un mec.
Bon cœur, bonne copine et bonne collègue, mais certainement pas la nana à draguer dans le boulot, je ne l'aurais pas toléré.
Mon équipe m’appelle généralement inspecteur, mis à part le capitaine qui m’a surnommé « la p’tiote » et mon coéquipier Harold, qui pour moi est la référence.
Pour les autres membres de la brigade c’est suivant l’humeur.
Cela fait plusieurs années que je fais équipe avec Mac'Dowel, Harold Mac’Dowel de son nom complet, écossais de souche, de racines, de feuilles, de sève et de tout ce que l’on peut vouloir.
En un mot ou plutôt en deux : L’Ecossais.
Cette nuit là Harold et moi étions de service et généralement quand quelque chose d’un peu spécial se passe dans cette ville c’est toujours quand notre binôme qui se trouve de service.
Nous étions le 18 août 2001. Et pour tout vous avouer, la nuit du 18 au 19 août 2001 fut conforme à la règle. Le bureau reçu un appel vers les 22h30.
Il émanait d’un sombre Motel à la sortie sud de la ville.
Franchement le gars qui s’était implanté là avait fait une erreur de 200 mètres à peine. 200 mètres de plus et nous n’étions plus dans notre juridiction.
Mais il était dit que nous n’allions pas y échapper cette fois-ci encore !
Les histoires les plus tordues, c’est toujours pour nous.
L’appel fut immédiatement répercuté dans notre véhicule déclenchant comme de coutume sirène et lumière rouge.
Le périmètre était bouclé, comme on dit dans la police, chez les malfrats la même phrase se prononce : ça grouille de keufs.
Une quinzaine de collègues en uniforme se chargeaient de faire circuler les quelques personnes que les gyrophares avaient attirées tels les lampions scotchent les moustiques les soirs de fête foraine.
Le bandeau jaune qui délimitait le périmètre de sécurité
indiquait avec précision la présence toute proche de la mort et ce, bien que la voiture du coroner ne soit pas encore arrivée.
L’un des agents de ville nous accompagna jusqu’à la chambre 28, la porte était entrouverte et à peine l’avais-je franchie que je fus persuadée que personne n’avait touché au corps de la victime.
Une jeune fille d’une vingtaine d’année gisait entièrement nue sur le lit. Elle était allongée de travers par rapport à la couche, sa tête et ses épaules pendaient dans le vide. Les bras en croix n’auraient pas pu être plus écartés tout comme ses jambes qui l’étaient également.
Le tableau aurait pu être des plus plaisant à regarder si la belle enfant n’avait pas eu la gorge tranchée d’une oreille à l’autre. Elle s’était vidée de son sang sur le tapis de mauvais goût en forme de peau de tigre qui tenait lieu de descente de lit.
Matt Johnson, un des collègues de la brigade, taillé comme un footballeur américain, se trouvait déjà sur les lieux et inspectait la salle de bain de la triste chambre.
Comme ma main s’efforçait avec la grâce issue d’une longue expérience de maintenir ma bouche fermée pour m’éviter de saloper le parquet, c’est Harold qui lui adressa le premier la parole.
- « Salut Matt, déjà là ? »
- « J’étais entrain de bouffer avec Paul au drive-burger du coin de la rue quand on a entendu l’appel dans la voiture. »
- « Paul n’est pas avec toi ? »
- « Il est parti dire deux mots au réceptionniste du Motel. T’as commencé tes interrogatoires ? Je suis le suspect numéro 1 ? »
- « Désolé Matt, la journée a été longue et quand la nuit commence de cette façon je ne suis pas souvent de bonne humeur. »
- « Pas grave vieux. » reprit l’armoire à glace afro-américaine.
- « Si tu me permets une dernière question, ça donne quoi pour l’instant ? »
- « Elle s’appelle ou plutôt s’appelait Marylin De Soto, dix-neuf ans depuis le mois dernier, domiciliée chez ses parents, 125 White Harte Lane, étudiante ici même à la Nouvelle-Orléans en philosophie. Une fille sans histoire, si je puis tenter un mauvais jeu de mots, plutôt bonne élève et plutôt jolie par la même occasion ce qui faut l’avouer est déjà plus rare mais au combien agréable. Son sac à main a été vidé dans le lavabo de la salle de bain, son porte-monnaie est vide, sa carte bancaire et son chéquier sont toujours là. »
J’avais repris mes esprits et des couleurs par la même occasion.
- « Jolie môme, la vie est dégueulasse. Cette fille ne méritait pas de finir comme cela. » dis-je le plus calmement du monde.
- « Personne ne mérite de finir assassiner… » rétorqua Harold «… mis à part ces cochons d’Irlandais bien sûr. » reprit-il avec son sourire en coin si caractéristique.
Impassible, Matt continua son exposé sans se soucier de nos déclarations.
Fin de la première partie