Tugdual et Mylène
Deuxième partie
Il voulait écrire sur tout ce qui lui plaisait, tout ce qu’il trouvait de beau, beau à entendre, beau à voir, beau à penser, beau à aimer.
Et il n’eut pas besoin de chercher beaucoup. La nature lui offrait tout ce dont il avait besoin pour faire danser sa plume au son craquant du papier que l’on teinte d’amour pour l’éternité.
Tugdual avait visité de nombreuses contrés, il avait croisé la route de beaucoup de gens d’origines diverses et variées.
Il avait rencontré différentes cultures, différentes croyances. Il avait même vu des hommes à la peau aussi noire que la nuit.
Mais ce qu’il affectionnait par-dessus tout, c’était de dormir à la belle étoile au cœur même de la forêt, en communion avec la nature.
Un matin cependant, alors qu’il se trouvait assoupi dans une forêt du nom de Brocéliande, il fut réveillé par une douce musique courant sur la lande environnante.
Le chant d’un violon parcourait la brume au petit matin.
Tugdual fut intrigué par cette lancinante musique qui venait jusqu'à lui portée par la brise du matin.
Qui pouvait jouer ainsi au lever du jour ?
Oh ! Il avait bien entendu les villageois de la région lui parler de petits lutins qu’ils appellent korrigans et qui viennent la nuit chanter et danser dans la lande !
Mais ce n’était là que des contes pour enfants.
Il se leva donc, et commença à suivre le son de la douce musique.
Tugdual marchait depuis quelques minutes, le son s’amplifiait graduellement.
Soudain, un second bruit se fit entendre dans la forêt, venant dans son dos cette fois. C’était le son d’un accordéon.
Le jeune homme se retourna surpris.
Quand tout à coup, il entendit une autre musique, puis une autre, puis une autre, et encore une autre.
C’était comme si la forêt tout entière respirait au son de multiples musiques, comme si la forêt était enchantée.
Tugdual avait l’impression que les branches des arbres sonnaient et résonnaient de concert.
Seulement tous ces sons qui provenaient des quatre coins de la forêt jouaient leur propre mélopée, si bien que cela ressemblait plus à une cacophonie abrutissante qu’à autre chose.
De ces sons, certains un peu plus criards semblaient venir de tout proche.
Tugdual scruta le bois et aperçu un jeune garçon et une jeune fille qui jouaient de la musique avec de drôles d’instruments, tout en marchant.
Il s’approcha d’eux et leur adressa la parole. Les deux jeunes gens s’arrêtèrent de jouer.
- « Bonjour madame, monsieur les musiciens! Qui êtes-vous ? Que se passe-t-il ? Pourquoi tout le monde joue-t-il de la musique ! Il y aurait-il une fête quelque part ? »
Les deux musiciens étaient vêtus de costumes locaux.
S’il l’un d’entre eux n’avait pas été de sexe différent, on aurait pu les croire jumeaux. Le plus petit des deux répondit à Tugdual.
- « Vous ne devez pas être de la région pour poser de telles questions ! Nous sommes les "Le Rohellec"! Et sans trop me vanter, je suis en mesure de vous dire que nous sommes réputés pour être l’un des meilleurs couples de sonneurs de tout le royaume ! »
- « Un couple de sonneurs ? Qu’est-ce que c’est ? »
- « Dans la région, les musiciens traditionnels vont par paire. Il y a le joueur de Biniou, c’est moi, Mirdren, pour vous servir ! Et le joueur de tambour, Soizig ma soeur! » Dit-il au jeune homme en montrant sa compagne.
- « Quels drôles d’instruments ! Je n’en avais encore jamais vu de semblables de par le monde ! »
- « Alors c’est que vous n’avez rien vu mon cher ! » Lui répondit Mirdren.
- « Pourtant j’ai beaucoup voyagé ! »
- « Vous êtes colporteur ? » Lui demanda le musicien.
- « Non ! Je suis... poète ! »
- « Vous êtes poète ! Mais c’est merveilleux ! Il faut vous joindre à nous ! Vous vous devez de nous accompagner ! »
FIN DE LA DEUXIEME PARTIE