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Flamberge au vent (suite 19)

 

Un prix scolaire décerné à mon papa


pour son certificat d’étude.


Tellement lu et manipulé par des mains enfantines

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Chapitre V

 

De l’édifiante conversation

Que Cantaloube dit la colombe eut

Avec l’ingénieux valet, Pepe Pippo

 


Il nous a fallu, jusqu’à ce moment, présenter successivement à nos lecteurs tous ceux qui doivent jouer un rôle dans ces étranges aventures, ce qui a, nécessairement retardé la narration.


Maintenant que nous sommes débarrassé de toutes les broussailles du début, les événements vont se précipiter, le drame va se dérouler sans interruption, le récit des faits extraordinaires et véridiques de cette incroyable histoire va devenir notre unique souci.


Nous avons laissé, à la fin du chapitre précédent, le séduisant Cantaloube, dit la Colombe, au moment où, sortant du Grand Triboulet, il venait de passer son bras sous celui de l’ingénieux valet Pepe Pippo.

 

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Leur conversation devant jeter une grande clarté sur les évènements qui vont suivre, nous allons l’écouter avec toute l’attention dont nous sommes capables.


-   Vois-tu Pepe, disait la Colombe, j’étais né pour faire de grandes choses.

-   Je n’en doute pas, Mousou Cantaloube, appuya poliment l’ingénieux valet.

-   Mon cerveau a des conceptions gigantesques et enfante des projets auprès desquels les travaux d’Hercule sont jeux d’enfants.

-   J’ai déjà pu juger de votre grand esprit, Mousou Cantaloube, je me rappelle l’expédition de Saint Denis, la bataille de la rue du Pot de fer, l’enlèvement de la femme du procureur, l’évasion du Grand Châtelet……

-  Bagatelles que tout cela, ami Pepe, bagatelles ! dit négligemment la Colombe, je rêve aujourd’hui quelque chose de grand, de gigantesque, d’énorme !

-   Parlez Monsieur Cantaloube.

-   Oui, je parlerai, car je te veux associer à mes projets. Seulement, il est bien entendu que si tu étais indiscret ou bavard, ou s’il te prenait fantaisie de travailler à ton compte au moyen de mes indications, tu ne devrais pas t’étonner en recevant un beau soir, au milieu de l’estomac, un coup de rapière qui t’enverrait immédiatement rejoindre tes grands aïeux romains : Numa Pompilius, Brutus, César et Auguste…

 

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-   C’est entendu, mousou Cantaloube.

-   Puisque nous sommes d’accord, écoute-moi donc.

-   Je suis tout oreille.

-   Tu m’as raconté que ton honorable maître, la baron César Hervier Lechat Poulain de la Poulinière avant de voir disparaître sont bien-aimé neveu sur la tête duquel il avait accumulé tant d’espérances, avait eu la douleur de perdre une nièce toute petite, ravie à son affection par une troupe de Bohémiens qu’il fut impossible de retrouver.

-   C’est vrai, soupira Ppep Pippo qui crut à propos d’essuyer une larme absente pour prouver au narrateur à quel point il était ému par ces touchants souvenirs.

 

La colombe poursuivit :


-   Cette nièce, pauvre agneau au milieu des loups ravisseurs, a, sans doute succombé sous les mauvais traitements des Gitanes. Mais quand bien même elle vivrait, cela importe peut à mon projet.

 

Ici l’ingénieux valet releva la tête. Il ne comprenait plus du tout où voulait en venir la Colombe.


-   D’ici peu de temps, par suite de circonstances que je prévois, le baron, ton maître, aura acquis la triste certitude que son neveu René, qu’il croyait seulement égaré, est malencontreusement décédé par la suite d’accidents que nul ne pouvait prévoir. Le cher homme pleurera cette mort ……

-   Il pleurera, c’est évident, interrompit sérieusement l’ingénieux valet.

-   Il pleurera donc, poursuivit Cantaloube, il paiera un juste tribu de larmes à cette jeune fleur, trop tôt fauchée par la Parque impitoyable, puis il se consolera en songeant que cette mort lui assure la possession d’une fortune princière, quelque chose comme sept à huit millions de livres.

 

Pepe ne cherchait plus à comrendre.


-  L’argent est belle chose, reprit sentencieusement Cantaloube, mais l’argent ne fait pas le bonheur. Au bout de quelques mois d’opulence sans remords, le baron se trouvera bien seul dans cette vallée de larmes qu’on appelle l’existence humaine. Il cherchera autour de lui quelqu’un sur qui s’appuyer, il demandera une jeune tête sur laquelle il pourra reposer ses regards. A ce moment, j’apparaîtrai comme des Deux ex machina et je lui dirai : « Baron, vous êtes sans famille, sans enfants, sans amour. Je viens vous rendre tout cela. » Là-dessus, ton maître me tendra les bras en m’appelant son sauveur. Je continuerai de la sorte : « Baron, vos millions vous pèsent, vous ne savez que faire de votre fortune, que donneriez-vous à l’homme qui vous procurerait la joie de serrer sur votre cœur cette chère enfant, cette douce Marie-Régine que vous croyiez à tout jamais disparue ?

-   Mais puisque vous ne savez pas où elle est … fit Pepe qui commençait à comprendre.

-   Monsieur Pippo, riposta sèchement la Colombe, je vous croyais homme d’esprit. Je sais fort bien que la jeune Marie-Régine est au diable et que la rechercher serait folie, mais je sais aussi que pour causer un pareil bonheur à un aussi honnête homme que le baron, on ne doit pas hésiter à fouler aux pieds quelques-uns de ces préjugés, dont la société mal faite au milieu de laquelle nous vivons est remplie, et à user d’une innocente supercherie pour adoucir les derniers jours d’un vieillard.

 

Cantaloube était ému, sa voix caressante avait des intonations qui auraient arraché des larmes au cœur le plus endurci.


Pepe Pippo qui était fort sensible, sanglotait.


L’ingénieux valet avait enfin compris.


La colombe poursuivit :


-  Et, d’ailleurs, n’aurais-je pu, au cours de mes nombreux voyages, rencontrer une troupe de Bohémiens, parmi ces Bohémiens une femme nommée Tahia n’aurait-elle pu se trouver. Quel empêchement vois-tu à ce que cette femme ait eu à côté d’elle une jeune fille qui fût justement cette nièce tant regrettée ?… Eh bien ! le hasard n’a pas voulu m’accorder cette bonne fortune; je corrige, le hasard, voilà tout.

 

A DEMAIN POUR LA SUITE

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F
Je sens que tout s'accélère ! la fin va être proche ? Bises Zaza, tu gardes contact de ton île, tu as fait suivre le portable ?  FRANCOISE
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A
Bonsoir Zaza Tu me fends le coeur ! Je rigole ! Mais, j'aime bien cette "calligraphie" représentant le personnage pourfendu, mort donc, montant au ciel ! Une belle image des dires de Cantaloupe ! A bientôt
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C
ZaZa fait concurrence à Gogol qui met 4 millions de bouquins en ligne !
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B
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M
hé bé...j'avais de la lecture...cool...seigneur, monter au ciel avec une épée dans le corps... il fait très froid ce soir...bonne soirée Zaza...
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