On accède à la pointe du C’Hleger, par le sentier littoral qui, à travers les pins et les arbustes longe le jardin en dégageant çà et là des vues sur le chenal et la côte sud de l’île.
Au sortir de ce chemin, légèrement creux, le contraste est saisissant.
Le sentier débouche sur un vaste plateau couvert d’une pelouse maritime au milieu de laquelle se dressent les vestiges de fortification du XVIIIème siècle (type Vauban), composés d’une batterie de côte et de sa poudrière.
Les vestiges de la batterie
Vestiges de la poudrière
Historique
Quelques recherches effectuées dans les archives du Génie au Fort de Vincennes permettent de dire que l’ouvrage fut décidé par Vauban avant la fin du XVIIème siècle.
Vers 1710, un corps de garde est édifié sur la hauteur, à une centaine de mètres du site. (ce qui servira de poudrière par la suite).
Un premier rapport datant de 1735, donne comme armement de la batterie du
C’Hleger, trois canons de 6 suffisants pour empêcher des chaloupes d’aborder la côte.
Le chiffre qui caractérise les canons correspond au poids en livres du boulet. Dans le cas des canons de 6, donc aux boulets de 6 livres, l’ouverture atteignait environ 9,8 cm. La livre utilisée à l’époque ne faisait que 492 grammes.
Sous Louis XIV, les canons pesaient environ 200 fois le poids de leur boulet.
Au début des hostilités avec l’Angleterre en 1742, le rapport de la Capitainerie de Saint-Pol, dont dépendaient les défenses de l’île, mentionne toujours le même armement mais prescrit d’y placer l’un des canons de 6 sur affût de campagne pour l’utiliser sur la côte Nord.
Ce même rapport est le premier à mentionner l’existence du magasin à
poudre garni de 2 quintaux de poudre.
En 1763, un état de Le Roy de Saint-Paulin recense pour la batterie Est, deux
pièces de 6 et une de 4, peut-être du système Vallières, de portée supérieure et plus légère que les anciens modèles.
Le rapport « de Charmont-d’Aboville » relatif aux défenses de Brest mentionne en 1791, pour cette même batterie, une pièce de 6 et deux de 12.
Il est intéressant de noter que les canons de 6 faisaient office de véritables pièces de musée pour l’époque.
Le rapport préconise l’installation d’un obusier de 6 pouces.
Les canons de 12 ayant un tir tendu, ils étaient placés « en barbette », la volée du canon passant au-dessus d’un merlon de protection.
Les obusiers étaient des armes à tir courbe qui s’accommodaient de la présence d’un masque en direction de leur cible.
Le chiffre qui caractérise les obusiers et les mortiers, correspond au diamètre de l’ouverture exprimé en pouce.
La Commission des Côtes, dans un rapport très intéressant datant de 1811,
signale un armement différent pour le site du C’Hleger avec un canon de 8 et un de 24.
Le premier était certainement orienté vers la rade pour empêcher le débarquement de chaloupes sur la plage de Pors an Iliz, le second pointait vers Roscoff, en croisant son feu avec la batterie du Bloscon, verrouillant ainsi le chenal.
A la fin de 1856, un rapport fait le point sur la situation des ouvrages de défenses.
La batterie du C’Hleger est armée de deux pièces de 8 sur affûts de côte, qui ont pour objet de battre sur les approches de la passe et défendre aussi les plages abordables.
Dans un rapport de la Commission de Défenses des Côtes, en date du 6 juin 1859, il est demandé la remise en état de l’épaulement de la batterie, la réparation de l’ancien corps de garde et du magasin à poudre.
L’ensemble de l’opération peut se faire dans le délai de deux mois, et une somme de 600F est réclamée pour l’ameublement.
En 1883, la batterie du C’Hleger est définitivement désarmée.