Les fées en Haute Bretagne
aùtt-Bertaèyn en gallo, Breizh-Uhel en breton
En Haute-Bretagne,
on parle très souvent des fées.
Outre les légendes nombreuses qu'on raconte à leur sujet, plusieurs proverbes où elles figurent sont restés dans la conversation courante, on dit :
- « Blanc comme le linge des fées » pour désigner du linge d'une blancheur éclatante.
- « Belle comme une fée » pour exprimer une beauté surhumaine.
Elles se nomment généralement Fées, parfois Fêtes, nom plus voisin que fée du latin fata.
On dit une Fête et un Fête ---> de Fête dérive vraisemblablement Fuito ou Faitaud, qui est le nom que portent les pères, les maris ou les enfants des fées (Saint-Cast).
Vers Saint-Briac (Ille-et-Vilaine),
on les appelle parfois des Fions. Ce terme, qui s'applique aux deux sexes, semble aussi désigner les lutins espiègles.
Vers le Mené, dans les cantons de Collinée et de Moncontour,
on les appelles des Margot la Fée, ou ma commère Margot, ou bien la bonne femme Margot.
Sur les côtes, on les désigne assez souvent sous le nom de bonnes dames ou de nos bonnes mères les fées.
En général on parle d'elles avec certains égards. Les fées étaient de belles personnes.
Il y en avait toutefois des vieilles qui paraissaient avoir plusieurs centaines d'années.
Quelques-unes avaient les dents longues comme la main,
ou leur dos était couvert de plantes marines, de moules ou de vignots. C'est une manière de désigner leur ancienneté.
A Saint-Cast,
on dit qu'elles étaient habillées de toile de bure,
sans que je puisse obtenir des détails plus précis. (si quel qu'un peut m'aider ???)
Dans l'intérieur du pays gallo, on est plus affirmatif, et voici la déposition textuelle qui m'a été faite, en 1880 :
« Elles étaient faites comme des créatures humaines. Leurs habits n'avaient point de coutures, et on ne savait lesquels étaient des hommes, lesquelles étaient des femmes.
Quand on les apercevait de loin, elles paraissaient vêtues des habits les plus beaux et les plus brillants.
Quand on s'approchait, ces belles couleurs disparaissaient. Mais il leur restait sur la tête une espèce de bonnet végétal en forme de couronne,
qui paraissait faire partie de leur personne. » (Conté par François Mallet du Gouray, laboureur)
Sur la côte, on prétend que les fées appartenaient à une race maudite, et qu'elles avaient été condamnées à rester sur la terre pendant un certain temps.
Vers le Mené, canton de Collinée, les anciens disaient que lors de la révolte des anges,
ceux qui étaient restés dans le paradis se divisèrent en deux : les uns prirent parti pour le bon Dieu ; les autres restèrent neutres. Ces derniers furent envoyés sur la terre pour un temps, et ce sont ces anges à moitié déchus qui étaient les fées.
Un conte recueilli à Saint-Suliac par Mme de Cerny raconte que la fée du Bec-du-Puy fut exorcisée par le curé de Saint-Suliac.
On ne vit rien, mais on entendit un cri de douleur (Saint-Suliac et ses légendes).
En général on croit que les fées ont existé, mais qu'elles ont disparu à des époques qui varient suivant les pays.
Dans l'intérieur, vers le Mené, d'après ce que j'ai entendu personnellement, depuis plus d'un siècle il n'en existerait plus.
Il en est de même aux environs d'Ercé-pres-Liffré (Ille-et-Vilaine).