Le Traitement
Une fois à l’air libre, la conservation des pièces en fonte, longtemps immergées, nécessite une longue mais indispensable phase de traitement réalisé par le laboratoire nantais Arc’Antique et grâce au mécénat de la Fondation EDF.
Fait exceptionnel, les canons sont traités directement sur l’île de Batz.
Ce traitement se déroule en trois étapes et doit durer environ 3 ans.
Le dégagement de la gangue.
Sous l’eau, les canons se sont recouverts de concrétion marine formant une carapace très dure de quelques centimètres d’épaisseur appelée la gangue.
La première étape du traitement consiste à dégagement grâce à un traitement électrolytique.
Des arrivées de courant sont mises en place sur les canons pour pouvoir les polariser en cathode en les branchant au pôle négatif d’une alimentation stabilisée.
Une cage en grillage en acier inoxydable est réalisée autour des canons.
Ce sera l’anode.
L’ensemble canon/cage est immergé dans une solution alcaline (potasse).
Un dégagement gazeux alors à l’interface avec la gangue.
L’immersion ramollit la gangue et le léger bullage à l’interface favorise son décollement.
Après 6 mois de traitement la gangue a été déposée. Une fois retirée les canons ont révélé leur état de surface.
Cette étape est très importante. Habituellement, des inscriptions permettent de dater les canons, de connaître leur origine, leur fabricant et parfois le nom du bateau, s’il y a eu naufrage.
Une seule inscription a été retrouvée sur les canons de l’île de Batz.
Une fois la gangue retirée, les canons doivent ensuite être déchlorurés pour être conservés sans danger à l’air ambiant.
Il s’agit d’extraire des espèces corrosives (chlorures) présentes dans les produits de corrosion des canons, pour éviter qu’elles n’entraînent la ruine de l’objet.
Un nouveau traitement électrochimique est réalisé dans cette deuxième phase.
Le montage et la solution alcaline sont identiques à l’étape de dégagement de la gangue, mais le potentiel qu’on impose aux canons est moins cathodique afin de limiter le bullage.
Le processus d’extraction est accéléré sur l’effet du champ électrique (un phénomène de migration se produit, en plus du phénomène de diffusion).
La durée de cette troisième phase est estimée à 2 ans, avec des changements réguliers de bain (il faudrait compter environ 10 ans pour un traitement chimique).
La phase de restauration et de protection
A l’issue du traitement électrolytique, la surface des canons bénéficiera d’un nettoyage mécanique et d’une consolidation si nécessaire.
Une couche de protection sera appliquée après la restauration pour permettre leur exposition en extérieur.
En parallèle à ce traitement, des échantillons de canons seront examinés au laboratoire EDF R&D Valectra
pour mieux connaître la nature de la fonte utilisée et les dégradations qu’elle a subies en restant si longtemps sous la mer.
Six mois après le début des opérations, les 2 canons ont subi un premier dégangage réalisé par le laboratoire Arc’Antique.
Les deux canons ont ensuite été redéposés dans les cuves munies d’électrolyse. L’ensemble des opérations est contrôlé par un ordinateur.
2009 – 28 septembre
Les canons sont immédiatement mis dans des cuves spécialement réalisées pour les accueillir. Cette première phase de traitement a lieu dans un local situé à proximité du jardin Georges Delasselle.
2010 – du 2 au 5 mars
Fin de la première étape de traitement.
L’équipe d’Arc’Antique procède au dégangage des deux canons.
Le premier canon est particulièrement dégradé. Sur le second, en meilleur état, l’équipe devine une inscription encore peu lisible, car recouverte de concrétions.
2010 - du 21 au 24 juin
L’équipe d’Arc’Antique procède à la seconde déchlorurassions et au carottage de l'âme des canons.
Des charges constituées de fragments de volet en chanvre et d’un boulet en fonte de fer ont été retirés du canon le moins dégradé. L’autre n’était pas chargé.
Les charges retirées lors d’un forage de l’un des deux canons, sont constituées de valet, sorte de pelote composée de fibre végétale (chanvre) qui permettait de dissocier le boulet de la poudre.
Au centre, le boulet (diamètre estimé à 6 cm), en fonte de fer, encore recouvert de concrétions marines.