Le secret de Koren
Première partie
Pendant longtemps, j’aurai laissé cette page vierge de mots et pourtant, ne croyez pas que l’envie d’écrire cette histoire me manquait, non, bien loin de moi cette idée-là.
Seulement, pendant fort longtemps même, j’ai hésité à prendre cette décision.
C’est qu’il est en ce monde d'immortels et de korrigans, des secrets qu’il vaudrait peut-être mieux ne jamais avoir à révéler.
Korrigans et farfadets
n’aiment guère que l’on parvienne à se jouer d’eux. Surtout quand une aventure ne tourne pas en leur avantage. Ils s’en viennent alors la nuit nous la voler pour la détruire à tout jamais.
Que voulez-vous, ces créatures ont beau être peuplées d'individus espiègles et farceurs, chacun à le droit à des petits défauts !
Nos petits amis sont donc parfois, sujet à de tristes mésaventures.
Mais alors, que va commencer la narration de cette aventure, n’oubliez surtout pas de bien garder à l’esprit que tous les korrigans, sans exception aucune, possèdent une mémoire "d'éléphant".
Ce qui pourrait passer à leurs yeux pour un crime de lèse majesté ne reste jamais bien longtemps impuni.
Mais chutttttttttt !
Je ne vous en dirai pas plus pour l’instant.
Alors ?
Etes-vous prêts à écouter ZAZA la conteuse ?
Etes-vous prêts à écouter l’incroyable histoire de Koren, le petit korrigan de Kerbézec, à côté de Saint-Guénolé Penmac'h, à Kérity ?
Si tel est le cas, ouvrez grands vos yeux et vos oreilles et surtout n’oubliez pas :
Vous ne devez sous aucun prétexte quitter ce récit avant son terme, car l’histoire mourra si on la quitte avant la fin…
…Au lieu-dit Kerbézec, non loin de la célèbre pointe de Penmarc’h, vous savez, celle où le roi Marc’h ?
… Pardon ! Vous n’avez jamais entendu parler du roi Marc’h, vous ne connaissez pas son histoire . Hum ... !!! Il faudra que je pense à vous la conter un jour prochain.
Mais, ce ne sera pas pour ce soir, car ce soir, le personnage qui nous intéresse s’appelle Karouant Quemeneur.
Il vit isolé dans son petit Penty en bordure de mer.
Karouant a trente ans et n’est pas très bien considéré dans le pays.
C’est un original qui passe ses journées à noircir d’encre des feuilles de papier.
En fait, Karouant rêve d’écrire et de publier des histoires que tous les gens du monde auraient envie de lire.
Oui ! Mais voilà ! Karouant a un gros problème. Il n'est pas capable d'écrire des histoires qui soient intéressantes et qui lui conviennent.
A ce jour, il n’a jamais réussi à en terminer une.
Si bien que les gens du pays l’ont surnommé « lezireg » (paresseux en breton), plus habile à se prélasser, à rêvasser, qu’à retourner la terre ou remonter les filets.
Aujourd’hui encore, la journée n’avait pas dérogé à la règle ! Karouant avait écrit sans s'arrêter depuis le matin au lever du soleil et à l’heure de souffler sur la bougie pour aller se coucher.
Il avait, après une dernière lecture qui ne l’avait guère satisfait, froissé toute sa production de la journée,
qu'il a jeté à même le sol de terre battue, dans un excès de rage et de colère.
Karouant était désespéré, épuisé, harassé de fatigue, il s’allongeât dans son lit clos sans même prendre le soin d’éteindre la bougie.
Il s’endormit comme une masse, aussitôt.
Certains diront que c’est la lueur de la bougie; d’autres penseront que ce sont les feuilles froissées; j’ai même entendu dire certains que c’étaient les ronflements de Karouant.... Toujours est-il que Koren, le petit korrigan, décida cette nuit-là de sortir de sa cachette.
Koren fait partie de la très grande famille des Teuz.
Ces derniers vivent dans les maisons ou très près des habitations.
Ils aiment énormément la compagnie des humains. Cette particularité les rend souvent bienveillants et sympathiques envers ces derniers quand il les rencontrent.
Toutefois, gardez bien à l’esprit qu’un korrigan n’en demeure pas moins un korrigan. Son coté farceur et espiègle demeure toujours présent qu’elle que soit la famille à laquelle il appartient.
Je connais bien Koren, pour avoir, à moult reprises, eu plusieurs fois l’occasion de discuter avec lui lors de longues veillées.
Croyez-moi, tout ami qu’il est, il ne s’est pas gêné pour me faire de nombreuses fois des farces.
Un soir de pleine lune,
il se confia à moi.
Il me raconta simplement tout ce qui se passa cette nuit-là. Et c’est de sa bouche que j’appris que tous les bruits qui avaient circulé contenaient en eux une part de vérité.
Il m’avoua que ce qui l’avait poussé à se montrer, c’était tout simplement la curiosité. Et la curiosité est un vilain défaut Koren !
Une fois Karouant endormi, le farfadet, avançant à pas feutrés, s’était glissé furtivement au centre de la pièce.
Demain pour la suite