Tugdual et Mylène
Quatrième partie
Soudain, au balcon d’une grande maison, nous vîmes une apparition enchanteresse. Son cœur se mit à battre plus vite qu’aucun tambour n’aurait pu taper sur son instrument, son sang coulait dans ses veines à la vitesse de l’archer sur les cordes du violon.
Tugdual contemplait la femme la plus belle qu’il lui ait été donné de rencontrer de toute son existence.
Parlez moi d'amour - Franck Pourcel et son orchestre
Il ne pouvait plus parler, il ne pouvait plus bouger, il n’osait pas cligner des yeux ne serait-ce qu’une seconde de peur de la perdre entre temps. Cette beauté l’envahissait, l’enveloppait d’un cocon de douceur.
La belle l’aperçut et, comble de bonheur, lui adressa la parole.
- « Jeune homme ! Qu’avez-vous ! Vous ne vous sentez pas bien ! On jurerait que vous allez défaillir ! »
- « Madame, les rayons ardents de votre beauté m’aveuglent ! Oui ! Je vais défaillir ! Mais seulement du manque de vous voir si vous décidez de quitter ce balcon ! Vous êtes la cascade de bonheur de mon amour naissant ! Vous êtes le rossignol qui chante dans mon cœur ! Toutes les mers du monde sont trop ternes comparées au bleu de vos yeux ! Tous les mots du monde sont trop petits au regard de votre grâce ! Il faudrait inventer une langue pour parler de votre beauté ! Il faudrait inventer des sons pour chanter votre légèreté ! Vous êtes douce comme la caresse du vent ! Vous êtes le gouffre sans fond dans lequel mon âme demande à se perdre ! »
- « Monsieur ! Monsieur ! Je vous en prie ! Comme vous y allez ! »
- « Les poètes sont ainsi fait ma douce qu’ils ne peuvent contrôler leurs sentiments ! Savez-vous madame que depuis de nombreuses années je recherche de par ce monde toutes les beautés qui s’y trouvent pour les décrire à travers mes vers ! Mais à quoi bon dorénavant continuer à parcourir le monde ! Sachez que ma quête s’arrêtera ici ! Car jamais je ne pourrais trouver de beauté plus grande que celle qu’il m’est donné de voir en ce moment ! »
La jeune fille ne put empêcher ses joues de se tinter de rose.
Un léger trouble s’empara de sa personne.
Que ce jeune homme parlait bien, que ses mots étaient doux à entendre. Ce n’est pas possible qu’elle, elle puisse être troublée par un petit poète.
Tugdual n’arrêtait pas. Ces mots se suivaient à la vitesse des battements de son cœur.
- « Madame ! Ne me faites point souffrir d’avantage ! Descendez jusqu'à moi que je puisse vous couvrir de la chaleur de mes vers ! Laissez-moi baiser votre main d’une bouche humectée de la tendresse du verbe AIMER! Laissez-moi vous emporter dans des champs de fleurs pour que leurs parfums s’évaporent au contact de votre arôme ! »
La belle ne pouvait en entendre plus. Elle semblait partagée, tiraillée entre la folle envie de rejoindre Tugdual et la raison qui la poussait à ne point écouter le poète amoureux.
La raison de la belle était très grande, mais les mots de Tugdual furent bien plus forts. La charmante demoiselle eu tôt fait de le rejoindre.
Croyez mesdames et messieurs que je comprenais bien le jeune homme.
Il est vrai que je n’avais jamais vu non plus pareille beauté.
Et comme la demoiselle descendit pour nous rejoindre, enfin, pour le rejoindre devrais-je plutôt dire, je vous assure que je pu me rendre compte de près de l’extraordinaire grâce de cette femme d’exception.
Je laissai là Tugdual et la belle inconnue.
Fin de la quatrième partie