Au travers les cartes postales anciennes
Je ne vais traiter que la cas de ma Bretagne,
qui a subi tellement de changement,
tout comme en France.
Sources : une Bretagne si étrange 1900-1920 de James Eveillard et Patrick Huchet
Des moyens naturels
pour se chauffer
Si le bois est bien entendu le combustible le fréquemment utilisé, on fait parfois appel à d’autres ressources.
Dans la plupart des îles bretonnes, le bois n’est pas suffisant pour chauffer.
A Groix comme à Bréhat, on découvre d’étonnantes cartes postales dévoilant des femmes occupées à préparer des galettes de bouse de vache, avant de les mettre à sécher contre les murs de la maison.
Île de Bréhat
Parées de leur belles capelines (coiffes particulière le d’île de Bréhat), ces Bréhatines étalent les galettes de bouse sur un muret de pierres
Photo.
Île de Groix
Le Croisic
Comme le souligne Henri-François Buffet dans son ouvrage en Bretagne morbihannaise: « Dans l’Arvor pendant longtemps, de Plomeur à Damgan, mais surtout dans les îles, on ne se servait pour la cuisine que des bouses de vache et des crottins de chevaux délayés dans l’eau et pétris an galettes qu’on appelait « Kampoeh Kaus Seud ».
Chaque galette portait la marque des cinq doigts qui l’avaient soigneusement appliqué contre un mur pour la faire sécher.
Ce combustible se consumait lentement en dégageant une odeur forte étrange que les étrangers supportaient mal…. »
Ah … ces délicats citadins… !!!
Saint-Joachim
Extraction de la tourbe : coupage
Incontestablement, ces hommes et femmes de Brière « posent » pour le photographe : tous les regards sont vers cet appareil magique, qui restitue votre image, figée pour l’éternité.
Cette carte postale est particulièrement intéressante pour son « décor » et ses outils de travail que l’on peut apercevoir.
Elle met en scène une activité pratiquée dans le marais briéron, depuis le XIIIème siècle : l’extraction de la tourbe.
Le Temps de la tourbe, excellente étude réalisée par la Fédération gallo et le parc naturel de la Brière, nous dévoile les diverses phases de la production :
« Au petit matin, toute la famille gagnait le marais et l’endroit choisi pour extraire la tourbe. Il fallait de nombreux bras car la période disponible pour l’extraction pendant les basses eaux était courte.
La première opération consistait pat le fauchage d’une surface suffisamment grande pour extraire et aménager un emplacement destiné au séchage des mottes.
Ensuite, le « paris », accumulation végétale récente, était retiré de la zone à tourber.
Après avoir délimité avec une « trace » ou un « trusquin » la taille des futures mottes, le Briéron prenait un outil large et très aiguisé, le « salais », pour faire des entailles parallèles jusqu’à des profondeurs de 1.50m, environ.
Il répétait l’opération en tournant la lame de son salais à 90°…
Alors les hommes poursuivaient la coupe, les femmes et les enfants venaient prendre les briquettes, les transportaient avec une brouette, le « charigot », et les étalaient sur zone fauchée.
Quelques jours plus tard, ces mottes étaient retournées sur le sol.
Lorsqu’elles étaient suffisamment solides pour ne pas s’écraser, on formait les premiers tas ou « chandeliers », sortes de pyramides à base ronde dans lesquelles l’air pouvait circuler entre les briquettes… »
Cette activité fut très importante et constitua une source de revenus non négligeable pour les Briérons, jusqu’à la fin du XIXème siècle.
L’arrivée du charbon, meilleur combustible que la tourbe, précipita le déclin de ce moyen de chauffage ancien.