Comorre, le Barbe-bleue breton (fin)
Variante au Guilvinec
On raconte ici que Comorre vécut dans le manoir de Kergoz avec son fils Trémeur et son épouse Triphine.
Manoir de Kergoz
Celle-ci, malheureuse, souffrait du comportement brutal de son mari.
Une sorte de malédiction voulait qu'elle pâtisse de la sorte tant que son époux n'aurait pas trouvé son
maître.
Trémeur décida donc de battre son père à la " soule ", un jeu de ballon.
"La soule est un jeu traditionnel breton, ancêtre du rugby, pratiqué les jours de fêtes.
La soule désigne aussi l’énorme ballon de cuir, rempli de son, que l’on jette en l’air, et que se
disputent ensuite les joueurs, partagés en deux camps opposés.
Il s’agissait d’un jeu particulièrement violent, où tous les moyens étaient bons pour conquérir et
conserver la soule, et tous les coups permis.
Une ordonnance de Charles V, datant de 1365, précise que la soule « ne peut figurer parmi les jeux
qui servent l’exercice du corps ».
En 1440 , une interdiction faite par l’évêque de Tréguier menace les joueurs d’excommunication. Il
fallait inspirer la peur, qui n’interrompit pas l’acharnement des souleurs.
Au XIXe siècle des soules se déroulèrent encore dans le Morbihan,
malgré les interdictions."

Trémeur y parvient si bien au cours d'une partie que le terrible seigneur s'effondra de fatigue.
Néanmoins, après avoir repris suffisamment de forces, il rattrapa Trémeur et, de rage, lui trancha la
tête.
Pas "démonté" pour autant, Trémeur ramassa sa tête et la glissa sous son bras.
C'est alors que Comorre rendit son âme au diable.
On dit que Trémeur continua à jouer à la soule et que, ces jours-là, il laissait sa tête au manoir pour être
plus libre de ses mouvements.
Une chapelle lui fut dédiée. On peut l'y voir représenté, tenant sa tête décapitée (d'après un extrait de la
Revue Dialogue n° 16 et n° 17).
On peut contempler également une belle statue de Trémeur portant sa tête décapitée sous le bras, dans une niche
du grand portail flamboyant de l'église de Carhaix-Plouguer (Finistère), dédiée également à Saint Trémeur, ainsi qu'un vitrail représentant la scene.
La chapelle Saint Trémeur au Guilvinec possède également une statue de Saint Trémeur, la tête sous le
bras.
La chapelle Sainte-Triphine, à Pontivy (Morbihan) rappelle aussi le martyre de cette sainte, au fil de neuf
tableaux peints sur les lambris.