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Chronique paternelle 1943 – 1945 (suite)

 

 

 

 

Chronique paternelle 1943 – 1945 (suite)

 

 

 

Les hommes de « LA SURPRISE » eurent le privilège d’être les témoins du départ de l’opération militaire la plus colossale de tous les temps. De très nombreux transports de troupes de tous les modèles se mirent en route et passèrent, à raser le bord de la frégate.

 

Dans ces bateaux, des milliers de soldats : G.I., Tommies, Canadiens. Tous ces braves jeunes gens sachant qu’ils se dirigeaient vers de grands dangers, ovationnèrent les trois couleurs hissées en tête de mât de l’un des rares navires français participant à

l’opération « OVERLORD »

Quelle émotion !!! et l’affaire ne faisait que commencer.

 

La nuit allait être longue. L’engagement qui paraissait probable se faisait attendre. Peut-être quelques rappels aux « Postes de combat » dont certains pour exercice……. Au lever du jour les côtes de Normandie étaient en vue.

 

Le spectacle était grandiose.


Mon grand étonnement vint du fait que le bateau, pourtant relativement proche des plages, ne semblait pas menacé par les réactions ennemies. Aucun avion allemand n’a été aperçu de toute la journée.

 

Le retour vers les côtes britanniques ramenait un peu de sérénité.

 

De nombreux voyages aller-retour vers la France furent effectués au cours d’escortes de convois. Rien de fâcheux ne se passa. Plusieurs échos A.S.D.I.C (échos radar) furent exploités sans résultat, sinon des pêches de poissons miraculeuses faisant suite aux grenadages.

Un jour, il nous sembla que les E. BOOTS (vedettes lance-torpilles allemandes) attaquaient.

 

"E.BOOTS"


 

La riposte était prête.

 

Manque de pot, les vedettes étaient américaines……

Le 19 juin, la « SURPRISE » fit escale à PLYMOUTH.

 

PLYMOUTH


Dans la matinée, le commis se rendit à terre pour les vivres. Il était accompagné, pour la première fois, par une délégation de l’équipage (responsable Quartier Maître BRENNEUR) chargé d’exprimer des souhaits pour les achats. Le choix se porta sur des fraises…. Les fameuses fraises......



Appareillage en soirée, c’était reparti pour un tour. La traversée s’effectue normalement. Le convoi arriva près de sa destination.

 

Une partie du Cotentin étant libérée, on parlait de descente à terre le soir même, à SAINT-VAAST-LA-HOUGUE. Les bénéficiaires de ce premier retour en France furent désignés....... et puis....... !!!!!!

 


- « Qu’est-ce qui a bien pu s’avoir passé ?» comme aurait dit le « bidel » (appellation populaire du capitaine).

 

Et voilà les soupapes de sûreté des chaudières qui crachaient de la vapeur.

 


Au moment de l’explosion ; je me trouvais, sans bouée, en veille, dans le « nid de pie » (observatoire au point le plus haut du mât de la frégate).

 

Nid de pie


Je me trouvais à 15 mètres au dessus de la passerelle. De la vapeur se dégageait abondamment, et je ne voyais plus la passerelle. Je tentais tout de même de descendre, mais je remontais aussi sec, la vapeur me brûlant les mollets.

 

Que faire pour se sortir de cette galère ? Pensant « jouer les Tarzan », j’essayais d’évaluer, au travers du nuage de vapeur, la distance qui me séparait des haubans.

 

Le bateau n’avait plus de gouvernail, nous nous trouvions par le travers, et, en sautant, j’avais une chance sur deux d’attraper un hauban. Si la frégate coulait, c’était mon seul salut .

 

Je pris un certain temps à la réflexion et bien m’en a pris. La vapeur se dissipait peu à peu et je commençais à distinguer des gens s’agitant sur la passerelle. Je décidais d’attendre que la vapeur se dissipe suffisamment pour redescendre de mon perchoir.

 

Sur la passerelle, on affirmait que c’était une mine qui avait « pété au cul » du bateau.

Mines marines

On envoya du monde partout pour évaluer les dégâts et les dangers. Il n’y avait pas de signes de panique. Surtout une forte émotion, sans aucun doute….et une peur rétroactive.

 

Les camarades rappelés aux postes de combat rapportèrent que les postes d’équipage avaient été mis sans dessus dessous et que les fraises achetées lors de l’escale à PLYMOUTH, maculaient les plafonds. Les premières investigations détectèrent qu’une hélice manquait à l’appel, qu’il y avait une voie d’eau sérieuse à l’arrière. Deux blessés légers étaient signalés :

 

- un matelot « GABIER » (homme d’équipage) qui a eu un œil « au beurre noir » contusionné par les jumelles fixes, au moyen desquelles il assurait la veille.

 

- moi même, RADARISTE, en veille dans « mon nid de pie » avec des brûlures légères aux mollets.

 

Des équipes se succédèrent aux pompes à bras (les engins électriques ne fonctionnaient plus). Les relèves furent fréquentes, la manœuvre des pompes étant épuisantes. On arrivait tout juste à « taler » la voie d’eau. Une ancre fut mouillée.

 

La situation n’évolua pas jusqu’au soir, sinon que la mer devint de plus en plus dure. A la tombée de la nuit, un remorqueur U.S. se présenta pour prendre en charge la frégate désemparée. L’ancre fut relevée à la main. (Presque tout l’équipage à courir vers l’arrière pour déhaler au palan).

 

La prise de remorque ne fut pas facile, mais le lendemain ce fut l’arrivée à PORTHMOUTH du bateau blessé qui avait un gîte important. L’attente pendant quelques jours au mouillage précéda l’entrée au bassin de renflouage où l’importance des dégâts fut confirmée.

 

Le mois de juillet arriva. Un chantier de réparation fut prévu.

 

Et ce fut PEMBROCKE-DOCKS au Pays de Galles.

 

PEMBROCKE

Le 14 juillet, le convoi se trouvait à la hauteur de LANDS END (pointe Sud Ouest de l’Angleterre). La Fête Nationale, fut célébrée notamment par un concours de tir au revolver sur la plage arrière. La cible fut très peu endommagée.

 

Après un court séjour à MILFORD HAVEN, la « SURPRISE » entre au chantier de réparation. Presque tout l’équipage fut débarqué pour être réaffecté sur la base de GREENOCK en Ecosse.

 

La frégate réparée reprendra du service. Après la Manche elle sera présente en Atlantique. Elle sera à nouveau en situation périlleuse lors des opérations de la poche de ROYAN. Le retour de la « SURPRISE » eut lieu à BREST en juin 1945

 

Plus tard, la « SURPRISE » devint propriété du Maroc et YACHT du ROI.

Quand je fus débarqué comme presque tous mes camarades sur la base de GREENOCK, en Ecosse, je fus réaffecté immédiatement sur la corvette « LA RENONCULE » comme radariste.

 

La "Renoncule"


Cette spécialité était prisée et demandée. Ce fut ma nouvelle mission jusqu’en Septembre 1945. Avec ce bâtiment, j’effectuai à nouveau des convois en accompagnant des transports de troupes.

 

Mes 3 ans d’engagement dans la Marine Nationale, étaient terminés, et je ne souhaitais pas rempiler. La France me manquait de trop, et lors d’une de mes permissions, je retrouvais mon frère, les connaissances de mon village qui avaient assisté aux derniers instants de ma mère en 1942.

 

Je retrouvais aussi Lina (Angélina), la cadette de la garde-barrière du passage à niveau de FOURQUEUX, celle qui nous lançaient des mottes de terre, à mon frère et moi même, lors de notre arrivée dans le village de FOURQUEUX en 1934.

 

Cette gamine était devenue une femme et je suis tombé sous ses charmes.

Il ne nous a pas fallu longtemps pour décider de notre destinée. Le 17 octobre 1945, j’étais dégagés de mes obligations militaires, le 17 novembre 1945, je convolais en juste noce avec ma Lina.

 

   

Si vous voulez connaître la suite de nos tribulations familiales, je sais que ma fille ZAZA (la cadette) a publié le plus gros de notre histoire familiale sous le titre 




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M
CETTE GUERE A TELLEMENT MARQUEE TON PERE
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P
Super le récit ! Les photos géniales !
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B
Un beau couple...
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M
Un article magnifique!!!!
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L
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