Celle que l’on dénomme la mort
Première partie
C’est encore moi, la vieille ZAZA la conteuse !
Ah certes ! Vieille c'est bien le mot qui convient pour me qualifier !
Il ne peut pas y avoir plus vieille sur cette terre, puisque je suis l’une des premières conteuses qui naquit en ce lieu. Et comme vous le savez déjà, je serais aussi la dernière, puisque je possède sur moi le moyen qui me permet de déjouer les plans de la mort.
Mais ceci, ceci, il me semble vous l’avoir déjà conter et si ce n’était pas encore le cas, ce n’est là que partie remise, car ce soir je ne suis pas venue pour vous parler de moi.
Oh que non Ce soir, oui, ce soir ... je suis venue vous parler d’elle, de ce personnage tellement craint par les humains et dénommée : La Mort.
Oh ! Qu'ai-je pu en entendre de choses à son sujet en des siècles et des siècles d’existence.
Je ne saurais compter le nombre de surnoms que les hommes lui ont donné comme la faucheuse,
le boulanger ou la boulangère,
la camarde,
Izanami,
Morrigan,
la grande valdingue,
Yama ou Mritya
..... Et bien d'autres appelations et représentations au travers le monde et la mythologie .....
Certes le plus marquant d’entre eux reste la grande faucheuse.
Pourtant si je vous disais que la mort n’a pas été toujours aussi froide et glaciale que l’on veut le dire, me croiriez-vous ?
Si je vous affirmais ici, séance tenante, que la mort peut avoir… du cœur, ne crieriez-vous pas au scandale ?
Me suivrez-vous encore si je vous certifiais que la mort peut… aimer.
Et bien, mesdames et messieurs, laissez-moi vous conter cette petite histoire, mais n’oubliez pas, vous devez lire l’histoire d’une traite, sans vous arrêter, car l’histoire meurt si vous la quittez avant la fin…
Notre histoire commence il y a fort longtemps, je ne saurais vous dire ni l’année, ni le siècle tellement cela remonte à loin.
La seule chose dont je me souvienne c’est que tout débuta la nuit de Noël à Crozon.
J’étais arrivée la veille dans le petit bourg et les gens du village m’avait si gentiment accueillit que j’avais choisi de passer la nuit sainte en leur douce compagnie. Et cela, bien qu’à cette époque, je ne sois pas vraiment certaine que cette nuit soit déjà sainte dans le sens où on l’entend aujourd’hui.
Il s’agissait encore alors d’une fête païenne où les druides avaient l’habitude de tenir conseil sous le gui.
Cette nuit-là une femme ressenti les contractions annonciatrices de la venue au monde de son enfant.
La pauvre malheureuse avait perdu son mari prénommé Fanch, le mois précédent. Ce dernier avait chuté du haut de la falaise par gros temps en tentant désespérément de récupérer un de ses moutons trop imprudent.
L’accouchement se passait mal !
L’enfant ne se présentait pas bien et les forces de la jeune femme diminuaient au fur et à mesure que la nuit avançait.
Comme tous les druides
étaient absents, on me demanda d’aider à l’enfantement.
Pour ces pauvres gens, qui avaient entendu conter les récits de mes nombreux voyages, j’étais la seule à pouvoir posséder la connaissance qui aurait sauvé la femme ou l’enfant.
Je voyais bien que la malheureuse femme perdait son sang et sa vitalité. J’aurais tant voulu faire pour la sauver.
Mais je sus en voyant la grande faucheuse
entrer dans la pièce que son dernier souffle était proche.
La mort jeta un coup d'œil glacial sur ma petite personne. Si j’ai la chance d'être la seule à pouvoir la voir, nos rapports n’en restent pas moins très conflictuels.
Je fini donc l’accouchement d’une main, ma main droite dans ma poche serrant fermement ma flûte magique
au cas où la diablesse ne tente de m’avoir par surprise.
A demain pour la suite