A la mémoire de mes deux grands pères et de tant d’autres……! (1)

A la mémoire de mes deux grands pères

et de tant d’autres……!

Retrouvons-nous donc, un certain 6 juin, il y a quelques dizaines d’années, sur une plage d’Europe…

Nul plaisir estival n’attend ceux qui y arrivent avec de l’eau jusqu’à la taille.
 

 

Non, sur cette plage, ce n’est pas le paradis qui attend tous les Anglais, Australiens et Néo-Zélandais sautant des barges, tandis que les bateaux de guerre, eux, pilonnent la côte sans relâche pour protéger le débarquement. 

C’est plutôt l’enfer. Des rafales de mitrailleuses, des tirs d’obus accueillent les soldats qui enjambent les débris de matériel, se courbent sous les balles, sont fauchés par les canons allemands.

A l’aide de ces indices, vous l’avez peut-être deviné……
Si, à l’issue d’une lecture rapide, vous avez conclu que cette chronique allait vous parler aujourd’hui du débarquement de juin 1944 en Normandie…

Et, précisément, pour mieux vous surprendre, j’ai entamé ce nouvel opus en des termes entretenant la confusion.

Je vous propose de faire aujourd’hui connaissance avec un épisode trop largement oublié du grand public et qui concerne non pas la Deuxième mais la… Première Guerre Mondiale.

Celle-ci prit, précisément, l’adjectif de «mondiale». Elle impliqua des combattants venus des cinq continents se battre sur des théâtres d’opérations situés dans plusieurs endroits du monde.

Or, qui se souvient aujourd’hui que, loin des brumes et de la boue de la Somme, de la Champagne et des Ardennes, l’on envoya des soldats de Métropole et des colonies débarquer sur une étroite langue de terre située aux confins de l’Europe, aux portes de la Turquie ?

Qui connaît, de mémoire, le nombre de victimes de cet étrange débarquement et comment il se termina?

Qui sait pourquoi on décida de cette opération et quels moyens on y affecta?

Qui situe le contexte turc de l’époque et fait le lien entre l’écroulement de l’empire ottoman, l’alliance avec l’Allemagne de Guillaume II et le génocide arménien ?

Bref, qui se souvient aujourd’hui, il y a plus de 90 ans, des Anglais, des Australiens, des Néo-Zélandais et des Français débarquant sur une plage afin de prendre le contrôle du «détroit des Dardanelles»?

A un moment où l’Europe se fait (ou plutôt: ne se fait pas!), à coups de traités et de referendums, à un moment où se posent à celle-ci pour sa construction des interrogations cruciales (et finalement jamais abordées réellement) telles que:

«pourquoi faire?», «comment?», «avec qui? », «jusqu’où?»,

il est intéressant de se rappeler une histoire pas si lointaine dans laquelle certaines des aspirations et des défiances d’aujourd’hui pourraient puiser assez largement leurs racines.

Pourquoi ce rappel d’histoire est destiné à la mémoire de mes deux grands pères ?

Mon grand père maternel, à la déclaration de guerre, fut affecté dans les zouaves.

 

Il participa aux combats et débarquement des Dardanelles.
Ayant été blessé, il revint en France. Une fois rétabli, il refusa de repartir là bas.
 

 

Sur son livret militaire, fut porté la mention « déserteur », et comme à cette époque là, on a besoin de bretons comme chair à canon, il ne fut pas fusillé, mais muté dans les chasseurs alpins, où il combattit dans les tranchées des Ardennes.

Pour mon grand père paternel, il effectuait un engagement dans la marine et était embarqué sur la première Jeanne d’Arc comme scaphandrier.

 

Il débarqua également aux Dardanelles et avec des collègues, effectua des plongées dans le détroit du Bosphore.

 

Triste spectacle…… Son copain le plus proche est devenu fou après avoir vu ce spectacle sous marin de milliers de corps (hommes, femmes, enfants), les pieds attachés à des gueuses, flottant entre deux eaux….. Une horreur…..

 

Mais cela fera l’objet d’une autre chronique concernant le génocide arménien en Turquie.

La suite demain….

Bonne lecture