• Un prix scolaire décerné à mon papa


    pour son certificat d’étude.


    Tellement lu et manipulé par des mains enfantines

    flamberge-au-vent 0932

     

    Chapitre III (suite)

     

    Dans lequel sont donnés et reçus 

    Quelques galants coups d’épée

     


    Quand il eut fini, il lui tendit la main.


    Jonas la serra respectueusement.


    René, brisé par l’émotion ressentie, ne semblait plus rien voir, ni entendre.


    -  Et, maintenant, monsieur le marquis, dit Vallarmis, permettez-moi de vous adresser toutes mes excuses pour mon emportement et ma grossièreté de tout à l’heure. Je me suis vraiment conduit comme un courtaud.

    -   Ah ! Cher enfant, dit avec effusion son gouverneur qui se leva à demi, cher élève, voilà qui est bien, qui est ……

    -   Taisez-vous, Pimprenelle ! interrompit sèchement le duc.

     

    Pimprenelle se rassit, résigné.


    Il devait sans doute essuyer souvent semblables rebuffades de la part de son noble élève.


    -   Ces excuses une fois faites, monsieur le marquis, continua Vallarmis, j’ose espérer que vous voudrez bien reprendre votre épée et me faire l’honneur de croiser le fer avec moi.

     

    Alors, après s’être salués, les deux jeunes gens tombèrent en garde et les deux épées se croisèrent.


    Aussitôt que les fers avaient été engagés, le vieux soldat n’avait plus pris la peine de cacher l’émotion que lui causait ce combat.


    C’était lui qui avait formé René au noble jeu des armes.


    Il était fort content de son élève, mais il redoutait pour lui ce premier duel qui pouvait dérouter le jeune homme et lui faire perdre une partie de ses moyens.


    Mais bientôt, il fut rassuré.

     

    René, froid et un peu pâle, tirait comme à la leçon. Jonas se félicita modestement d’avoir fait un tel élève.

     

    Et certes, il méritait ces félicitations.


    Le petit marquis joignait à une vivacité de main inouïe, ce calme et cet à-propos d’esprit qui ne livrent rien au hasard et savent tirer partie des moindres circonstances.

     

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    Le duc de Vallarmis était habitué des académies d’escrime.


    Aussi une demi-minute lui suffit-elle et au delà pour s’apercevoir de l’adresse réellement supérieure et redoutable de son adversaire.


    -  Ma foi ! marquis, dit-il en se jetant vivement en arrière pour éviter une riposte, qu’une feinte, suivie d’un dégagement paré par une simple opposition, devait lui amener. Ma foi, marquis, j’ ai plus la moindre envie de rallier vos bas chinés que je proclame désormais les plus galants du monde.

    -  Vous êtes en vérité trop bon monsieur le duc, et je crois que vous me ménagez.

    -  Vous ménager ! Vertuchoux ! Dites que je m’emploie au contraire et de toutes mes forces à vous toucher au bon endroit !

    -   Je vais tâcher d’en faire autant, dit modestement René.

    -   Il faudrait voir ……

    -   C’est tout vu, monsieur le duc.

     

    René trompant alors très habilement le fer de son adversaire se fendit sur lui avec une prodigieuse vivacité en tirant sur une feinte.


    Vallarmis laissa tomber son épée, puis, essuyant un sourire :


    -   Bien tiré, marquis, je crois que je vais vous aimer de tout mon cœur.

     

    Pendant ce temps, il mettait bas son habit, non sans que la douleur lui arrachât quelque juron.


    Pimprenelle s’était précipité vers son élève.


    Celui-ci l’arrêta d’un geste :

     

    -   Laissez-moi, Pimprenelle, dit-il, vous n’y connaissez rien. Appelez moi Bourguignon.

     

    Lestement, le précepteur s’esquiva.


    -   Voulez-vous me permettre, monseigneur, dit alors Jonas qui ne pouvait tout à fait dissimuler sont orgueilleuse joie, un vieux soldat se connaît en blessures et pourrai peut-être … …

    -    Merci, ce n’est rien, une piqûre à l’épaule. Je vais attendre mon valet.

     

    Mais le jeune homme pâlit : la tâche de sang qui trahissait sur sa chemise l’endroit touché par l’épée de Kertaillan, s’élargissait.


    René, si brave, si ferme durant le combat, eut envie de pleurer en voyant couler ce jeune sang vermeil.


    Tout cela avais mis Pfyffer d’Altishoffen dans un état de jubilation remarquable.

     

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    Il s’était levé et se tenait maintenant tout près du group formé par René, Jonas et le blessé.


    -   Foila se gue z’est mon bedit ami te se moquer tu monde, dit-il à Vallarmis d’un ton gouailleur.

    -   Quel est ce drôle ? demanda le duc avec hauteur.

    -  Ce trôle, hurla Pfyffer d’Altishoffen qui devint rouge de fureur, il fa de vrodder les oreilles !

     

    Vallarmis voulut se relever, mais retomba, prêt à s’évanouir.


    Jonas s’élança.


    Mais René, plus prompt, et qui tenait toujours son épée à la main, avait déjà fouetté du plat de son arme, l’énorme face du bandit qui rugit comme un démon en recevant cette correction méritée.


    Il dégaina aussitôt et se rua sur le jeune homme qui l’attendait de pied ferme.


    -   Monsieur René, dit Jonas qui avait aussi l’épée à la main, laissez-moi cet homme, je vous prie.

     

    Tous en s’escrimant l’Allemand eut une pensée qui traversa son épaisse cervelle.


    Cette dispute était une merveilleuse occasion pour gagner les pistoles promises et le bon Pfyffer d’Althishoffen voyait les piles d’or s’engouffrer dans ses vastes chausses.


    Pourtant, une chose le gênait, son adversaire se défendait bien et quoiqu’il poussât rudement, il le trouvait toujours prêt à la parade, prompt à la riposte.


    Exaspéré à la fin par cette résistance inouïe qu’il rencontrait, et désireux d’en finir, le coquin mit en jeu toutes ses ressources et se livra même plusieurs fois en risquant des coups d’une témérité et dont plusieurs faillirent réussir.


    Ce fut alors que Jonas lui dit d’une voix tranquille :


    -    Si tu fais la moindre égratignure à Monsieur René, bandit, je t’ouvrirai le ventre tout à l’heure.

     

    Pfyffer d’Altishoffen grogna et pensa :


    -   Il n’a bas l’air gommote, le fieux !

     

    Le combat continua quelque temps encore.


    L’allemand se fatiguait visiblement et commençait à rompre.


    Alors René, qui jusque là s’était ménagé, se mit à presser son adversaire.


    Le mandataire de la Colombe perdit la tête et se découvrit dans une fausse parade.


    Kertaillan se fendit à fond et par un foudroyant coup droit, l’atteignit en pleine poitrine.


    A DEMAIN POUR LA SUITE



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